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COMMUNICATION- PUBLICITE- ANEP-
FONCTIONNEMENT- RENCONTRE D’INFORMATION MAR. 25/8/2020
Le ministre de la Communication, porte-parole du
gouvernement, Ammar Belhimer, a souligné, mardi 25/8 à Alger, la poursuite de
la démarche du gouvernement visant l’assainissement du secteur publicitaire,
«afin de mettre un terme aux convoitises et aux pratiques contraires au
journalisme».
Intervenant,
à l’ouverture d’une rencontre d’information Anep-presse nationale, la première
du genre, A. Belhimer a longuement insisté sur la nécessité d’aller vers la
transparence dans la gestion des journaux, et affirmé que l’accès à la
publicité publique pour les supports de presse est désormais conditionné par 15
critères fixés par l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP).
L’objectif principal de cette décision vise à «assainir le secteur de la presse
des forces extraprofessionnelles qui ont longtemps eu la mainmise» sur ce
secteur jugé névralgique. «Le journalisme doit être exercé par les
journalistes. Nous devons nettoyer le secteur des intrus», a insisté le
ministre, pour qui ce n’est plus qu’une question de temps.
Ainsi, a-t-il poursuivi, les 15 critères à respecter pour accéder à la
publicité publique permettront d’éviter le trabendisme, les intrus et les
prête-noms.
«Fini le trabendisme
médiatique !»
«Ces nouvelles conditions s’appuient sur les éléments de droit, en l’occurrence
le Code de commerce, le Code civil et les lois qui régissent la presse et
viendront encadrer le cadre conventionnel qui permet aux éditeurs, quel que
soit le média, d’accéder à la publicité de l’État», a détaillé encore A.
Belhimer.
Cet effort s’inscrit dans le cadre de la liberté du contrat tant qu’elle (la
liberté) ne contredit pas les lois de la République, estimant que cette
démarche prend en considération trois principes, à savoir que «tout est
possible dans le cadre de la loi», du moment que l’article 59 du Code civil
stipule que le contrat est établi du fait d’une volonté compatible sans
préjudice aux dispositions légales, «l’exercice serein des libertés, grâce à la
reconsidération de la notion de responsabilité» et «la transition d’une presse
version papier vers une presse électronique». «Il est temps de mettre fin aux
anciennes pratiques en arrêtant d’activer dans le non-droit, l’informel de la
presse et les prête-noms. Ceci passe par la mise sur pied des règles basées sur
des normes juridiques claires et d’un dispositif de régulation propre à la
pratique journalistique, avec comme mission de veiller au suivi du tirage
de chaque titre de presse, sa présence sur le marché pour garantir l’équité
dans la distribution de la publicité, tout en œuvrant à asseoir des mesures de
médiation et d’arbitrage pour le règlement des conflits inhérents à la pratique
de la profession au lieu de recourir à la justice», dit le ministre.
Le ministre a expliqué que cette rencontre constitue une opportunité pour
discuter des aspects juridiques devant définir les modalités d’accès à la
publicité publique et convenir d’un cadre de contractualisation dans le respect
du droit.
«Nous ne pouvons pas avoir comme vocation la sensibilisation des citoyens pour
le respect de ces lois si nous-mêmes, nous les enfreignons», dit-il, révélant
qu’actuellement, cinq activités sont exercées en dehors de la loi. Tout
en insistant sur le fait que l’ANEP est une entreprise autonome de toute
emprise de l’Administration, il a déclaré que cette agence continuera à
«signer librement» des conventions avec les éditeurs et les diffuseurs, tout en
établissant une sorte d’avenant à ces conventions de manière à reprendre les 15
critères obligeant la corporation à se conformer aux normes de droit, qu’il
soit commercial, civil ou encore celui de l’information.
La presse électronique, avenir du secteur
Sur un autre registre, A. Belhimer a confirmé que de 2010 à ce jour, des sommes
colossales ont été dépensées dans la subvention du papier utilisé par les
imprimeries publiques, alors que les dernières statistiques ont révélé qu’entre
17 et 21 millions d’Algériens lisent les journaux sur internet.
Des chiffres qui prouvent à quel point les données ont changé et qu’il est
aujourd’hui indispensable d’aller vers le développement de la presse
électronique. «Il y a un point sur lequel nous devons, en tant qu’algériens,
être très attentifs. Actuellement, les pays qui ne produisent pas de contenu
électronique n’ont aucune présence sur le plan international, et nous nous
devons de faire un grand effort sur ce point-là», a-t-il plaidé, affirmant que
la presse électronique constitue l’avenir du secteur de la presse, d’où la
nécessité pour les journaux de réfléchir à la transition numérique en donnant
comme exemple le journal New York Times, suivi par 6 millions de personnes,
dont plus de 5 millions sont des abonnés sur le net. Le ministre de la
Communication a indiqué qu’une loi sur la publicité devra intervenir pour
assainir le secteur en tenant compte de plusieurs questions, dont les règles de
commercialité.
Le PDG de l’ANEP : «Nous allons publier tous les rapports des
enquêtes.»
De son côté, Larbi Ouanoughi, président-directeur général de l’ANEP, a
annoncé une série de changements à partir du 1er janvier 2021, et promis
que tant qu’il sera à la tête de cette entreprise, «beaucoup de choses vont
changer».
«Nous allons appliquer le programme du gouvernement qui consiste à
assainir le secteur de la presse et permettre aux véritables journalistes
d’exercer leur profession», a assuré Larbi Ouanoughi.
S’agissant des critères établis par l’ANEP, il a révélé que 8 d’entre eux sont
dédiés à la réglementation administrative, les 7 autres concernent la garantie
de la transparence dans le respect du cadre légal conformément aux lois.
Il a expliqué que pour un nouveau partenariat, l’ANEP renouvellera des
conventions-cadres de publicité avec les éditeurs de journaux, tout en
précisant que l’entreprise a assaini toutes ses dettes vis-à-vis des journaux.
Ouanoughi a cependant tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés financières
de l’entreprise, et indiqué que les caisses «sont presque vides». «Nous
avons pris attache avec qui de droit, pour que les annonceurs nous payent. Je
vais aider les sociétés de presse et je combattrai tous les opportunistes qui
n’ont rien à avoir avec le monde de la presse», s’est-il engagé, rappelant que
plusieurs scandales ont ébranlé le secteur, notamment à Constantine, à Annaba
et à Oran.
«Nous allons publier tous les rapports après la fin des enquêtes enclenchées
depuis déjà quelques mois, et nous allons lever le voile sur ce dont a
bénéficié chaque titre de presse. Je promets de mettre fin aux anciennes
pratiques. Désormais, les rapports de l’ANEP seront publiés chaque année et
nous rendrons publiques les sommes dont aura bénéficié chaque titre de presse
en toute transparence, que ce soit la presse publique ou privée», promet-il.
Le PDG de l’ANEP a annoncé qu’à partir de janvier prochain, il n’y aura plus de
différence entre les partenaires qu’ils soient publics ou privées.
«Je ne ferai pas de différence entre les entreprises privées et publiques, tout
ce qui compte pour moi, c’est la presse nationale et son développement pour
diversifier ses revenus, et ne pas compter uniquement sur la publicité
publique», a-t-il soutenu.
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Mettre un terme aux convoitises et aux
pratiques contraires au journalisme
Ammar Belhimer a fait observer, lors de la
rencontre sous le thème «Les critères transitoires pour l’attribution de la publicité
publique», que le ministère de la Communication «n’a aucune implication directe
dans la gestion d’une institution économique publique soumise au droit
commercial».
«Nous sommes le seul propriétaire d’une institution indépendante, responsable
sur le plan réglementaire de ses décisions», a déclaré le ministre. «Nous ne
nous érigeons pas en tant que tutelle, car l’ère de l’allégeance et de la
tutelle administrative a abouti à des catastrophes économiques qu’il est
difficile d’évaluer aujourd’hui.» Le ministre s’est en outre «félicité» de
l’initiative de l’ANEP pour «un règlement juridique des procédures
contractuelles régissant l’accès à la publicité publique qu’elle gère en tant
qu’autorité exclusive de l’État dans un pays où la demande publique est le
principal moteur de l’investissement et de l’activité économique». Il a mis
l'accent sur «la clarification du rôle et de la place des soumissions et des
offres publiques dans la liste des produits publicitaires».
A. Belhimer a également révélé que l’ANEP a prévu d’introduire un avenant aux
conventions d’attribution de la publicité, à compter du 1er janvier 2021,
précisant qu’il s’agit d’une «procédure d’introduction d’une nouvelle
transaction commerciale et de partenariat dans un contexte juridique contraignant».
M. Belhimer a annoncé que l’ANEP a procédé à l’apurement des créances
publicitaires des journaux, en raison de la conjoncture exceptionnelle que
traverse la presse nationale.
«En prévision de la rentrée sociale, et en tenant compte de la conjoncture
exceptionnelle que traverse la presse nationale, le ministère de la
Communication a demandé à l’ANEP d’apurer les créances publicitaires des
journaux, chose qui a été faite dimanche», a affirmé M. Belhimer.
Le ministre a réitéré son engagement à poursuivre «l’assainissement» du secteur
publicitaire, qu’il a qualifié de «sensible», et ce, a-t-il dit, «afin de
mettre un terme aux convoitises et aux pratiques contraires au journalisme».
«Nous sommes les seuls à être propriétaires d’une entreprise qui est autonome
et juridiquement responsable de ses décisions», a-t-il relevé dans ce sens.
Le ministre a salué l’initiative de l’Anep visant la «domiciliation juridique»
des procédures contractuelles régissant l’accès à la publicité publique,
qu’elle gère en tant que «mandataire exclusif de l’État dans un pays où la
commande publique est le premier moteur de l’investissement et de l’activité
économique».