Date de création: 22-08-2020 17:37 Dernière mise à jour: 22-08-2020 17:37 Lu: 833 fois
ENVIRONNEMENT-
ETUDES ET ANALYSES- OVERSHOOT DAY (JOUR DU DEPASSEMENT)
Le « Overshoot Day » selon son nom anglais,
calculé depuis 2003 par l’ONG américaine Global Footprint
Network, a pour but d’illustrer la consommation toujours plus rapide d’une
population humaine en expansion sur une planète limitée. Pour le dire de façon
imagée, il faudrait cette année 1,6 Terre pour subvenir aux besoins de la
population mondiale de façon durable.
La date est calculée en croisant l’empreinte écologique des activités humaines
(surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources
consommées et pour absorber les déchets de la population) et la « biocapacité » de la Terre (capacité des écosystèmes à se
régénérer et à absorber les déchets produits par l’Homme, notamment la
séquestration du CO2). Le « dépassement » se produit quand la pression humaine
dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels et ne cesse,
selon l’ONG, de se creuser depuis 50 ans : 29 décembre en 1970, 4 novembre en
1980, 11 octobre en 1990, 23 septembre en 2000, 7 août en 2010.
L’an dernier (2019) , il était tombé le 29
juillet. 2020 marque donc un rare répit, mais attribuable aux conséquences de
la pandémie mondiale qui a paralysé des pans entiers de l’activité humaine, repoussant
la date de trois semaines, et non pas à un changement systémique. « Il n’y a
pas de quoi se réjouir, car ça vient avec des souffrances, ce n’est pas fait
exprès, mais par une catastrophe », soulignait jeudi Mathis Wackernagel,
président de Global Footprint Network, lors d’un
événement en ligne.
Les comportements que le « jour du dépassement » met en cause et leurs
conséquences sont de fait largement documentés par les scientifiques, du
dérèglement climatique à la disparition catastrophique des espèces et des
écosystèmes.
Gaspillage et destruction
Et les derniers rapports des experts de l’ONU établissent clairement les
directions à suivre : réduction des émissions de gaz à effet de serre, sortie
des énergies fossiles, changement radical du modèle de production
agroalimentaire… Car pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris de 2015 et
maintenir l’élévation globale de la température « nettement en dessous de 2 °C
par rapport aux niveaux préindustriels, et si possible à 1,5 °C, les émissions
de gaz à effet de serre devraient baisser de 7,6 % annuellement », selon l’ONU.
Or, selon une étude publiée début août par la revue Nature Climate Change, la chute sans précédent des émissions de
gaz à effet de serre pendant les confinements dus à la COVID (qui pourrait
atteindre 8 % selon cette étude, plus de 10 % selon Global Footprint)
ne servira à « rien » pour ralentir le réchauffement climatique, en l’absence
d’un changement systémique en matière d’énergie et d’alimentation.
. Global Footprint Network insiste sur ce
point, notamment via la campagne #MoveTheDate (faire
reculer la date), assurant que réduire de 50 % les émissions de CO2 issues de
la combustion d’énergies fossiles permettrait de repousser le dépassement de
plus de 90 jours, ou diviser par deux la consommation de protéines animales, de
15 jours
Marco Lambertini directeur général du WWF,
partenaire de l’événement depuis 2007, veut espérer qu’après le Covid, et les réflexions qu’il a déclenché sur les modèles
de société, les humains sauront «tirer des leçons de ce que cette pandémie a
mis en lumière: la relation non-soutenable, de gaspillage et destructrice que
nous entretenons avec la nature, la planète».