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Feuille de route Gouvernement/Walis/Priorités -A. Djerad, jeudi 13/8/2020

Date de création: 15-08-2020 19:10
Dernière mise à jour: 15-08-2020 19:10
Lu: 905 fois


ADMINISTRATION- GOUVERNEMENT/GOUVERNANCE- RENCONTRE GOUVERNEMENT/WALIS, CÔTURE- FEUILLE DE ROUTE GOUVERNEMENTLE/PRIORITES- A DJERAD, J 13/8/2020

 

© synthèse Neila Benrahal/el Moudjahid

 

Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a tracé jeudi, la feuille de route du gouvernement, pour la mise en œuvre des priorités tout en fixant un calendrier pour la réalisation des projets de développement.
Dans son allocution de clôture des travaux de la rencontre gouvernement-walis, Djerad a précisé qu’il s’agit d’une rencontre d’évaluation de la mise en œuvre des orientations du président de la République à l’issue de la rencontre de février dernier. «Selon les rapports transmis, le taux d’exécution du programme du Président n’a pas dépassé 10 à 20%. On aurait souhaité atteindre au moins 50%. Certes, il y a une conjoncture sanitaire particulière et des problèmes financiers. La situation financière est difficile, notamment à cause de la dilapidation de l’argent public par la Issaba (la bande) mais il y a aussi la bureaucratie, plutôt des bureaucrates qui entravent l’exécution du programme du président de la République et du plan du gouvernement au niveau local. Ces bureaucrates ne veulent pas qu’on sorte de cette situation et réaliser le développement local, la numérisation et le développement des zones d’ombre», précise-t-il.

Approche globale et intégrée

Evoquant les recommandations présentées par les walis, le Premier ministre a relevé qu’il s’agit des mêmes rapports des ateliers de la première réunion tenue en février. «J’ai parlé des priorités. Les recommandations ne comportent pas des priorités. Les dossiers importants ont été occultés dans les rapports des ateliers. Il faut arriver à la mise en œuvre des orientations du président de la République d’ici la fin de l’année en cours, notamment la numérisation, le développement économique et le développement des zones d’ombre. A travers un suivi quotidien des décisions, on doit atteindre un taux d’exécution de 60 à 70%», insiste-t-il. Il a ordonné aux walis d'élaborer le rapport final en deux parties : les priorités et les affaires urgentes.
Le Premier ministre a tracé les priorités dont l’adoption d’une approche globale et intégrée qui vise une intervention rapide dans les zones d’ombre.
Djerad a insisté sur la nécessité de la mise en place d’une vision sur les zones d’ombre pour plus de transparence et pour l’élaboration de projets intégrés, en concertation avec les citoyens. «Il ne faut pas imposer la vision de l’administration mais prôner le dialogue voire la démocratie participative», soutient-il, tout en insistant sur la nécessité de la définition de la zone d’ombre, qui ne se situe pas dans la zone urbaine, mais dans les villages enclavés et dans le Sud.
Le raccordement aux réseaux d’électricité, de gaz, d'eau potable et d'assainissement et le désenclavement à travers la réalisation des routes dans les zones d’ombre constituent une priorité majeure, insiste le Premier ministre qui a appelé au report des opérations qui nécessitent un financement lourd et un délai de réalisation long.
«Il faut chercher des solutions palliatives pour assurer une prise en charge des besoins de la population», mentionne-t-il aux walis.
Il les a instruits pour l’élaboration d’un plan pour la mise en œuvre des projets de développement des zones d’ombre avec un calendrier mis en place avec le ministre de l’Intérieur.
«L’Algérie nouvelle doit fonctionner avec de nouveaux mécanismes et une nouvelle méthodologie», relève Djerad. Evoquant le thème du 2e atelier consacré à l’évaluation de la mise en œuvre des mesures de prévention contre la propagation de la pandémie COVID-19, le Premier ministre a tenu à préciser qu’il n’est plus question de parler de collectivités territoriales, mais de collectivités locales car cette appellation a un contexte politique et idéologique. Il a rappelé que les pouvoirs publics ont déployé les moyens de lutte et de prévention dès l’apparition de la pandémie. «Le ministre de la Santé était en contact quotidien avec les walis pour le suivi permanent de la situation. Toutefois, nous avons commencé la définition des insuffisances enregistrées. Le grand défi est d’alléger l’impact de la crise sur l’économie nationale et la récupération progressive des capacités économiques», dit-il.

Aucune distinction entre l’entreprise publique et privée

Le Premier ministre a indiqué que le gouvernement a mis en place une feuille de route mettant en avant le rôle des walis et des collectivités locales dans sa mise en œuvre.
« C’est votre rôle, messieurs les walis. Il faut encourager les entreprises économiques et consolider le dialogue avec leurs responsables, à travers le contact avec des partenaires socioéconomiques. Il ne faut pas faire de distinction entre l'entreprise publique et privée. A partir d’aujourd’hui, on parlera de l’entreprise algérienne seulement. La différence est dans la production et la gouvernance pour aller à une transition graduelle vers une nouvelle économie», dit-il.
En s’adressant au ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, le Premier ministre a précisé : «J’espère que vous serez le deuxième père de l’industrie nationale nouvelle. Il faut renforcer la prévention de la pandémie à travers le développement de l’industrie nationale, notamment les tests et les moyens de protection ainsi que le matériel médical de réanimation. Il faut se préparer à toute éventuelle pandémie», insiste-t-il, tout en mettant l’accent sur l’importance de la prévention sanitaire et économique. A ce titre, le Premier ministre a salué l’élan de solidarité de la population et la société civile avec le personnel médical durant cette crise sanitaire. «C’est un message à ceux qui veulent faire croire qu’il existe un écart entre le peuple et les institutions de l’Etat», assure Djerad.
Un autre défi : l’organisation de la prochaine rentrée scolaire. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de la mise en place par les collectivités locales d’un protocole sanitaire en coordination avec les ministères de l’Education, l’Ensenseignement supérieur et la Formation professionnelle. «Il faut préparer dès maintenant ce protocole, notamment pour les épreuves des Bac et BEM en coordination avec le ministère de l’Education nationale et les parents d’élèves».
Djerad a relevé que l’administration a été confrontée aux difficultés.
«Il faut adapter notre système administratif à travers des mécanismes de communication à distance et la généralisation des réunions par visioconférence pour régler les problèmes urgents», soutient-il. Il a insisté sur la levée de 50% des obstacles, notamment économique, d’ici la fin de l’année en cours.
La rentrée sociale est un autre défi. Le Premier ministre a évoqué le phénomène de la série des feux de forêt enregistrés ces dernières semaines, exhortant les walis à préserver le patrimoine forestier par la prévention et l’anticipation. «Ces incendies ont un impact également sur l’environnement social et économique », dit-il.

Covid-19 : 72% des employés ont bénéficié d’un congé payé

Il a relevé un recul des mouvements de protestation et des grèves depuis le début du mois de mars en raison de la crise sanitaire. Une enquête du ministère du Travail portant sur un échantillon de 3.660 entreprises employant 440.471 travailleurs dans différentes filières d’activité a fait ressortir plusieurs indicateurs.
72% des travailleurs ont bénéficié d’un congé payé, 1,6% se sont retrouvés en chômage technique. 75,6% des entreprises ont vu une baisse de leur activité, alors que 44% ont enregistré un retard dans le versement des salaires. En outre, 0,8 % des travailleurs ont fait l’objet de congé sans solde, 7,5% en régime de travail partiel, 12% sont concernés par une fermeture provisoire de leurs entreprises et 1% par une fermeture définitive. Le Premier ministre a instruit les walis à régler les problèmes et agir pour limiter les effets de la crise, notamment sur les travailleurs.

Il n’y aura pas de nouvelles zones d’activité

Evoquant l’axe du développement socioéconomique, le Premier ministre a soutenu que le développement passe par l’exploitation du foncier industriel. «Nous n’avons même pas une vision claire dans ce domaine», déplore-t-il. En réponse aux walis qui ont recommandé la création de nouvelles zones d’activité, le Premier ministre a rejeté cette idée, car il faut d’abord gérer les zones existantes qui sont confrontées à plusieurs problèmes, notamment le raccordement au réseau d’électricité.
«Tout doit être électrifié avant la fin de l’année en passant par les zones d’ombre, les zones industrielles et les zones rurales», dit-il. Il a insisté sur l’activation de la commission interministérielle et des commissions locales chargées du raccordement des zones industrielles et des autres espaces d’investissement à l’électricité ainsi que la commission interministérielle pour le raccordement des exploitations agricoles.
En s’adressant au ministre de la Pêche, Sid-Ahmed Ferroukhi, le Premier ministre a indiqué qu' «il faut en finir avec la concentration des activités industrielles sur la bande du littoral», plaidant pour la révision de la carte territoriale afin de dégager des assiettes qui serviront à l’implantation des zones industrielles et d’activité dans les Hauts plateaux et le Sud».
Il a donné instruction pour mettre en place dès jeudi, des commissions régionales mixtes entre les walis et les deux ministères délégués chargés de la Micro-entreprise et des incubateurs et des Start-up, pour expliquer aux jeunes les opportunités de financement disponibles avec le renforcement des mécanismes d'accompagnement. «La PME n’est plus l’ANSEJ. On a donné de l’argent aux jeunes dont certains n’ont pas créé des entreprises et ont gaspillé l’argent public. Nous avons changé la stratégie et la vision. L’Etat a mis en place des mécanismes de financement pour appuyer la nouvelle stratégie", dit-il.

Mise en place d’un plan d’urgence  de numérisation au niveau local

Evoquant l’axe de la numérisation, le Premier ministre a constaté que «cela fait 20 ans qu’on en parle». Il a souligné l’impératif de la numérisation de la gestion de l’administration à haut niveau. «On utilise toujours le papier. Il faut numériser la gestion au niveau du gouvernement et l’administration locale et aller vers le e-government», préconise-t-il.
Le Premier ministre a insisté sur la numérisation de l’administration douanière et celle des impôts. «C’est le moyen efficace pour lutter contre la corruption et assurer la transparence. Il y a des obstacles car il s’agit d’atteinte aux grands intérêts mais il faut sortir l’Algérie de la Issaba (bande) du passé», insiste-t-il. Il a ordonné aux walis la mise en place d'un plan d'urgence de numérisation au niveau local. A propos des statistiques, le Premier ministre a demandé une feuille de route du secteur. «Nous sommes très en retard dans ce domaine», dit-il, appelant à la création d'une instance nationale de collecte de l’information statistique.  M. Djerad a relevé le manque d’une image claire sur les statistiques. «Des décisions approximatives ont été prises sur la base de statistiques imprécises, ce qui a engendré des erreurs dans l’élaboration des politiques et visions d’où l’impératif de mettre en œuvre une nouvelle politique de statistiques», lance M. Djerad qui a insisté sur la formation dans ce domaine.
La feuille de route dans ce domaine, précise le Premier ministre, prévoit l’activation du Conseil national des statistiques, la révision du texte règlementaire relatif au système statistique, la mise en œuvre d'un numéro d'identification commun aux instances et entreprises avec le renforcement de réseau des statistiques à travers la création de cellules, services et sections au niveau local.
«Ce n’est plus la planification impérative », dit-il. Il a annoncé que la révision du texte règlementaire du système statistique est imminente. «Les textes seront prêts durant le mois en cours», précise-t-il.

Les principales orientations du Premier ministre

Le Premier ministre a souligné qu’il est temps d’aller vers la rationalisation des dépenses publiques et la rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat et éviter toute forme de gaspillage. «Nous sommes des spécialistes du gaspillage. Nous sommes tous concernés», citant le recours abusif aux travaux de réaménagement des trottoirs.
 Ce n’est pas possible. Je ne tolère plus la mauvaise gestion», dira le Premier ministre.
Il a notamment plaidé pour la coordination entre les partenaires socioéconomiques dans la mise en œuvre des orientations du Président de la République.
Il a indiqué que l’entreprise est le moteur de l’économie nationale. «L’administration ne doit pas monopoliser la décision économique. L’administration est modératrice. L’objectif est l’amélioration du cadre de vie des citoyens. L’Etat est là pour vous soutenir», mentionne-t-il à l'adresse des walis.
Relevant un manque de collaboration entre les différentes parties, le Premier ministre a indiqué qu'«il ne faut plus trouver d’excuses et dire que c’est un problème administratif ou financier. Il faut plutôt faire des prévisions et une fois sur le terrain, il faut juste passer à l’application ».
Le Premier ministre a plaidé également pour l’écoute du citoyen dans la prise en charge de ses préoccupations. «Il faut accorder un intérêt particulier aux régions du Sud et des Hauts Plateaux car il y a des disparités sociales. Il faut que ces régions bénéficient de projets en priorité. Elles étaient exclues à cause du régionalisme et pour des calculs politiques», assure-t-il.
Le Premier ministre a également instruit les walis pour la levée des entraves bureaucratiques et pour encourager les investisseurs. L’édification de la nouvelle République passe par la transparence, la démocratie réelle et la moralisation de la vie politique et la lutte implacable de la corruption et les corrompus. «Les corrompus sévissent toujours. La justice doit sévir».
L’Etat de droit est le pilier de la République. On ne peut pas bâtir une économie ni construire une démocratie sans l’application de la loi qui est la base de l’Algérie nouvelle», dit-t-il.

Une charte d’éthique pour la prévention  du conflit d’intérêt

En outre, M. Djerad a assuré que l’Algérie a tous les moyens et les capacités pour moderniser de l’Etat et restructurer l’administration à travers la numérisation. Il a appelé au lancement du projet de réformes du système de gouvernance fort et moderne pour une rupture totale avec les pratiques du passé qui ont conduit à des dérives graves et inacceptables.
Le Premier ministre est formel : «La désignation dans les postes sera soumise seulement à la qualification et le mérite.»
«Pour occuper des postes de responsabilité, il faut répondre aux critères de la compétence, l’intégrité, le mérite et les mécanismes d’évaluation. Tous ceux qui constituent un obstacle volontairement au développement au niveau local feront l’objet d'enquêtes», met en garde M. Djerad.
Il a également exhorté les walis à la mise en place des mécanismes de contrôle pour la gestion saine des deniers publics.
M. Djerad a annoncé qu’une charte morale et d’éthique pour les fonctionnaires sera élaborée la semaine prochaine par le Gouvernement. «Cette charte est un outil de prévention, notamment du conflit d’intérêt», assure le Premier ministre.