ADMINISTRATION- GOUVERNEMENT- RENCONTRE
GOUVERNEMENT/WALIS,Mer 13/8/2020- DISCOURS PRESIDENT
TEBBOUNE
© Synyhèse Neila Benrahal/El Moudjahid, jeudi 13/8/2020
Dans un discours
prononcé à l’ouverture des travaux de la rencontre d’évaluation de la mise en
œuvre des orientations du Président de la République, en présence du Premier
ministre, Abdelaziz Djerad, les membres du gouvernement, les responsables des
services de sécurité, les walis et des cadres supérieurs d’Etat, A. Tebboune a
affirmé, que «La bataille du changement radical se poursuivra avec sa logique,
ses outils et ses hommes prêts aux sacrifices à travers l’adoption d’une
approche participative, une volonté sincère et éviter les anciennes pratiques.
Nous donnerons un nouveau démarrage au pays. J’insiste sur cette volonté à la
veille de la rentrée sociale, la première du genre depuis les élections
présidentielles. Elle est marquée par une réunion importante sur le plan de la
relance économique».
Le Président a
plaidé pour le dialogue qui est «le garant de la consolidation de la stabilité
et le rempart contre le spectre des tensions sociales tant souhaitées par des
parties visant à porter atteinte à la stabilité nationale, en concrétisation
d’agendas de forces connues». Il a appelé, en ce sens, à l’adhésion à cette
bataille, notamment à l’approche de la première rentrée sociale après la
présidentielle du 12 décembre dernier, exhortant les walis, notamment à être à
l’écoute des préoccupations du citoyen et des associations de la société
civile. «Nous veillerons à la prise en charge progressivement des
préoccupations des citoyens, car le cumul des deux dernières décennies ne peut
être résolu d’un coup», assure-t-il.
Le Président de
la République est longuement revenu sur les dernières tentatives qui visent à
déstabiliser le pays et la population, notamment les coupures d’électricité,
d’eau et le manque de liquidités dans les bureaux de postes. «L’Etat saura
contrer toute manœuvre visant à susciter la colère populaire à travers des
contestations fomentées pour attenter à la stabilité nationale dans le cadre
d'agendas de forces connues » affirme le Président de la République qui a
rappelé que « l'Algérie était ciblée et demeure ciblée par ces forces qui
œuvrent à susciter la colère du citoyen, devenu, à cause de sa relation
fragilisée avec son Etat et l’écart entre eux, une proie facile à lobbies
d’argent sale ».
Qualifiant ces
incidents de «douteux» coïncidant avec la hausse des températures et l'Aïd El
Adha, M. Tebboune a assuré que «les auteurs seront poursuivis». M. Tebboune a
cité entre autres, le manque de liquidités au niveau des bureaux de postes. «Il
y a complot pour déstabiliser le pays par des individus que la stabilité du
pays dérange et nourrissent vainement l’espoir d’un retour en force. Ils ne
reviendront jamais. Leur retour est impossible. Ceux qui complotent contre le
pays aujourd’hui sont ceux-là même qui ont détourné des milliards vers
l’étranger. Forts de notre détermination à éradiquer l’argent sale et les
résidus de la Issaba (bande), nous saurons leur faire
face. Des milliards de dinars sont transférés à l’étranger par certains
d’entre-eux qui sont en détention. Qui a procédé au transfert de cet argent ?
La lutte contre les résidus de la bande se poursuit», insiste le Président. Il
a rappelé que «le peuple est sorti dans la rue pour réclamer le changement
radical et sa volonté est invincible. 80% des citoyens étaient conscients
de l’importance de préserver la stabilité nationale.
L’Algérie était
à l’abri du scénario de la Syrie et de la Libye. Nous avons découvert suite aux
investigations avec le ministre de la Poste des choses graves. Je ne vais pas
dévoiler les résultats puisque les investigations sont en cours mais un retrait
de 40 millions de DA a été effectué en une seule journée par un individu dont
le revenu ne dépasse pas les 10% de cette somme alors qu’un autre né en 1911 a
procédé à deux retraits en une semaine. Certains mouvements de protestation
étaient planifiés par ces mêmes parties qui mettent en doute la réalité et les
efforts de l’Etat », dit-il.
L’objectif de
ces contestations fomentées «est de provoquer la colère du peuple pour le
priver de son droit au changement radical et priver les compétences nationales
dévouées de la chance de participer à la gestion des affaires du pays, dans un
nouvel état d’esprit incompatible avec la politique de bricolage et de la
poudre aux yeux», précise encore le Président. Il a également relevé que «le
citoyen est submergé par des rumeurs troublantes, notamment le phénomène
de la violence dans les quartiers. Celui-ci est lié aux mouvements de protestation
visant à créer une tension sociale», met-il en garde.
Fin de fonction de responsables locaux : ce n’est que le
début
En
s’adressant aux walis, le Président est également revenu sur les décisions
relatives à la fin de fonction de responsables locaux pour négligence dans la
réalisation des projets dans les zones d’ombres. «Nous allons poursuivre et
juger tous ceux qui négligent la prise en charge des préoccupations des
citoyens. On ne peut pas tolérer des scènes négatives et des images horribles sur
la situation du citoyen. On installe un compteur d’eau devant les caméras de
télévision et on fait croire qu’on applique les instructions et par la suite,
on enlève le compteur, juste après le départ des caméras. Ces comportements
sont bannis ».
Le Président dit
ne pas comprendre ces comportements en 2020 malgré le mouvement du Hirak béni
et toutes les décisions prises par l'Etat pour améliorer le cadre de vie des
citoyens. «Je croyais que ces comportements n’existent plus dans la nouvelle
Algérie», dit le président. «On veut instaurer une culture de destruction comme
quoi rien n’a changé. Ces comportements constituent une continuation du
discours négatif prôné par la Issaba (bande). Faites
attention et assumez vos responsabilités, celui qui n’est pas capable, peut se
retirer. Cette comédie doit cesser et on doit en finir avec ce jeu. Le citoyen
n’attend pas un miracle juste une citerne d’eau. On peut recourir aux jeunes
dans le cadre de l’ANSEJ ou à des start-up mais il y a un blocage volontaire»,
mentionne-t-il.
M.
Tebboune a ajouté que «tous ces responsables sont soumis à l’enquête qui va
déterminer s’ils ont agi par passivité ou par négligence volontaire pour
l’intérêt de certaines parties ce qui peut constituer un abus de confiance qui
porte atteinte à la crédibilité de l’Etat.» M. Tebboune insiste «Il ne s'agit
que d'un début, car nous tiendrons pour responsables tous ceux qui ne
parviennent pas à prendre en charge et résoudre les problèmes des citoyens. Il
faut opter pour l’anticipation et la transparence et éviter les faux
rapports» «La décision d’accorder une prime de risque a été prise par le
Conseil des ministres et le Premier ministre mais le personnel médical mobilisé
dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus n’a pas encore touché
les primes incitatives depuis trois mois, où sont les walis ? Des
enquêtes sont en cours pour identifier les responsables des blocages.
L’objectif de ces actes est de bloquer le processus de développement entamé par
le pays», note le président.
Il a ordonné
«l'application immédiate » des décisions. Le Président ajoute «Le train a
démarré, il ne s’arrêtera pas. Des forces d’inertie œuvrent contre la stabilité
du pays. Il y a des complicités à l’intérieur de l’administration et des
enquêtes sont en cours pour déterminer qui a fait quoi et qui bloque.» Certains
walis appréhendent la mise en œuvre des décisions du gouvernement par crainte
de poursuites judiciaires et d’aller en prison. «Il y a différence entre ceux
qui appliquent le plan d’action du gouvernement et ceux qui détournent.
Il faut se mettre à l'évidence qu'ils ne seront pas comptables de leurs
actes tant qu'ils respecteront la loi et la règlementation», assure le
Président.
Se préparer au référendum
Dans son
allocution, le Président a mis l’accent sur les grands défis, notamment la
rentrée sociale qui sera marquée par le référendum sur l’avant-projet de la
constitution. « Je vous invite, dès maintenant, à vous préparer à l'étape du
référendum sur la mouture de la constitution afin de garantir les meilleures
conditions et moyens matériels et psychologiques à même de permettre au citoyen
d'avoir son mot à dire sur l’avenir de son pays», dit-il.
Il a salué tous
ceux qui ont contribué à l’enrichissement de la mouture de l’avant-projet de
révision de la Constitution parmi lesquels les personnalités nationales, les
partis politiques, les syndicats, les associations civiles, les enseignants
universitaires et autres. «Je tiens particulièrement à saluer et à
valoriser hautement toutes les propositions formulées», soutient M. Tebboune
qui a fait savoir qu'un texte «sera prochainement publié englobant les
propositions de tous et chaque article inclura toutes les propositions pour
prendre en compte les propositions de la majorité. Une fois cette opération finalisée,
l'amendement de la Constitution deviendra un projet mais actuellement,
nous sommes toujours à la phase de la collecte des propositions »,
indique-t-il.
Le
Président a réaffirmé que «le changement revendiqué par le Hirak populaire est
certes un changement pacifique, mais radical qui passe par la Constitution, le
socle de l’Etat», soulignant que «le changement ne doit pas s’opérer au sein
des bureaux ou être l'apanage d'un certain groupe mais doit émaner du peuple
qui aura le dernier mot et toute la liberté de valider ou de refuser la mouture
de l’avant-projet de révision de la Constitution». En cas de refus, «l’ancienne
Constitution sera reconduite, avec la détermination d’opérer le changement»,
assure M. Tebboune. Il a affirmé que «les partisans de la période de transition
et les comploteurs d'autres rives ont tort puisque le train est déjà en marche
et ne reviendra pas en arrière».
L'Algérie
nouvelle a grand besoin d'adopter une nouvelle attitude où les actes et les
paroles correspondent et où les bons comportements et le dévouement dans le
travail se conjuguent, poursuit-il. «L'Algérie a grand besoin de bases solides
sur lesquelles reposera la Constitution consensuelle dont l'esprit est inspiré
de la Proclamation du 1er Novembre, une Constitution qui nous rassemblera et
nourrira l'espoir en l'avenir», explique le président. «Nous sommes tous au
service du Peuple et nous croyons réellement à la réalisation de ses
revendications légitimes exprimées le 22 février 2019. Le Peuple algérien
a appris, grâce aux expériences vécues, comment distinguer instinctivement
entre le dévoué et le fourbe parmi ses enfants», indique le président.
La société civile demeure le premier allié pour l’édification de
l’État
Tebboune a
mis l’accent sur le rôle de la société civile. «Cette rencontre est une
occasion également pour évaluer l’efficacité du contrôle populaire et
l’organisation de la société civile d’autant que de nombreuses associations ont
démontré leurs capacités sur le terrain, dans l’assistance et l’accompagnement
des malades», dit-il. Le Président insiste sur l’intégration et le soutien de
la société civile pour mieux s’organiser et structurer ses rangs. «La société
civile demeure le premier allié pour concrétiser l'édification de l'Etat. Je
vous exhorte à lui accorder plus de facilitations au niveau local ainsi que
national», insiste M. Tebboune. Le Président a salué les efforts de certains
walis dans la lutte contre la propagation du Covid-19, souhaitant un prompt
rétablissement à quatre walis contaminés. «Des efforts, qui malheureusement,
n'ont pas été palpables dans d'autres wilayas, parfois même dans l’intérêt à
accorder au citoyen et à son environnement et dans la réalisation de ce qui
était tracé pour l'amélioration du niveau de vie de millions de citoyens,
vivant encore dans des zones d'ombre et presque à une autre époque, comme s’il
s’agissait là d’un destin scellé», dénonce encore M. Tebboune. Et
d’ajouter : «Nous avons, ces six derniers mois, concentré le plus grand effort
sur la lutte contre un facteur imprévisible, en l’occurrence la pandémie du
Covid-19 que nous avons pu, Dieu merci, garder sous contrôle grâce à nos
scientifiques, nos médecins et à notre armée blanche de médecins, de
paramédicaux et autres personnels de la santé». Le message indique aux walis
que la prise en charge des préoccupations locales est au cœur de leur mission
dans le cadre de l’édification de l’Etat de droit. Il insiste sur le suivi
quotidien de l’évolution de la situation sanitaire sur le terrain, dès samedi
prochain, afin de pouvoir intervenir rapidement au besoin en vue de juguler la
propagation de la pandémie, même si cela doit passer par un nouveau confinement
sanitaire. Le chef de l’Etat a souligné le lien entre la maîtrise de la
situation sanitaire, en attendant l’acquisition du vaccin adéquat, et la
réunion des conditions propices à la mise en œuvre du Plan de la relance
socio-économique. «Finies les nominations par téléphone. Soyez vigilant»,
insiste le Président de la République. Le président a aussi mis en garde hier
contre une "contre-révolution" visant à déstabiliser le pays.