HISTOIRE
–RESISTANCE – RESISTANCE NUMIDE /HÉROÏNE– CYRIA
©
Kamel Bouslama/El Moudjahid, mi-août 2020
Par sa bravoure face à l'adversité sous toutes
ses formes, la femme algérienne a toujours été à la pointe du combat. Très
nombreux sont les exemples de courage et de témérité par lesquels elle s'est
illustrée à travers les âges. C'est que, mue par une logique très ancienne
-millénaire dirions-nous- de résistance, elle a, depuis la lointaine Numidie,
spontanément et activement pris part à toutes les luttes de ses frères d'armes,
et relevé moult défis des plus inouïs. Cette opiniâtre résistance de toutes les
époques de l'histoire de notre pays devrait être perçue aujourd'hui comme une
volonté farouche de façonner son propre destin, au lieu de le subir avec
résignation. .
C'est pourquoi, aujourd’hui, non seulement
l'émancipation féminine en Algérie ne doit plus rester un vain mot, mais
devrait s'inscrire plutôt comme une logique irréversible, dont les
bénéficiaires ne peuvent être que les femmes elles-mêmes, ainsi que leurs
compagnons de toujours, les hommes. Ici, et pour sortir des sentiers battus,
voici un exemple -parmi tant d'autres qui se comptent par centaines- de femmes
de défi méconnues à travers l'histoire multiséculaire de notre pays. Et cet
exemple n’est autre que celui de
Cyria.
Méconnue de la résistance algérienne à travers
l’histoire, comme l’est l’histoire ancienne de notre pays d’une manière
générale -une histoire par ailleurs souvent falsifiée par les ennemis d’hier et
d’aujourd’hui de l’Algérie- Cyria fut pourtant cette
grande dame, héroïne de surcroit, qui fit face aux légions romaines du général
Théodose vers 371 durant la révolte de son frère Firmus, bien après le
soulèvement de Tacfarinas, un autre héros du temps du
roi Juba II.
Il faut dire que dans leur progression à travers
le territoire, les troupes romaines eurent à affronter de nombreuses tribus qui
s’étaient rassemblées à l’appel de Cyria. Les Numides
de cette époque, lassés par les humiliations qu’ils subissaient, nourrissaient
tous une haine viscérale de ce qui s’apparentait aux Romains.
Une
page d’histoire et d’héroïsme de la femme algérienne venait de s’ouvrir…
La jeune femme était une amazone intrépide. Elle
avait une belle allure, une solide constitution physique, un esprit ferme. Elle
était indomptable comme le furent, bien plus tard, les héroïnes de la
Révolution algérienne. Bien campée sur un coursier et les cheveux flottant en
l’air, elle allait d’un groupe à l’autre pour haranguer et communiquer à ses
guerriers son ardeur et sa détermination.
Les troupes romaines venaient de franchir et
quitter les hautes montagnes de l’«Ancorarius»
(Ouarsenis) pour se diriger vers «Auzia» -aujourd'hui
Sour El Ghozlane- où tous les chemins et défilés
étaient bien quadrillés par les troupes numides. Dès l’apparition des premières
colonnes des légionnaires romains, Cyria tira son
glaive de son fourreau et, en hurlant, lança son cheval au galop. Toute sa
cavalerie s’ébranla sur ses traces avec fougue et impétuosité pour affronter
l’ennemi romain.
Après une première charge héroïque, les troupes
numides commandées par cette grande guerrière se retrouvèrent aux prises avec
les légions romaines. Harcelées de partout, les troupes d’invasion ne
résistèrent pas longtemps face aux attaques numides. Dominées et battues, elles
se replièrent dans le désordre pour ensuite se reconstituer plus loin.
Deux autres tentatives romaines s’ensuivirent
qui furent repoussées avec de lourdes pertes. Dans l’impossibilité
d’entreprendre une percée à travers les détachements commandés par la jeune
numide, le général Théodose ordonna le repli et dut battre en retraite. Il
rebroussa chemin et s’arrêta à «Mazuca» (aujourd'hui Mazouna) pour se remettre de ses émotions et panser ses
blessures.
Ainsi grâce à Cyria,
la résistante numide, à l'image de Jugurtha, une page d’histoire et d’héroïsme
de la femme algérienne venait de s'ouvrir. Elle sera suivie par plusieurs
autres pages tout aussi glorieuses de la résistance algérienne, en l’occurrence
féminine, à travers l'histoire.