VIE
POLITIQUE- PERSONNALITES- HACHEMI CHERIF
Date de première
création: 18-04-2020 16:50
Avant-dernière mise à jour: 10-08-2020 18:21
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I/ © Aissa Kasmi, avril 2020 (et revu légèrement)
….Certains
disent qu’il est né dans la Soummam, d’autres à Bougie, d’autres en Kabylie,
mais aucune ne précise le lieu de sa naissance exactement. Il s’agit de
Cherif Hachemi, communément appelé El-Hachemi Cherif, né le 5 octobre 1939
à Attallah (Toudja), fils de Smail Chérif et petit-fils de Cheikh
El-Hocine Cherif, un grand « Faqih », qui a habité au début du
XXème siècle à Ihaddaden (Toudja) dans une maison mise à sa
disposition par la famille Ihaddaden pour enseigner l’arabe et le
Coran aux enfants de Toudja et contribuer autant que possible à leur éducation.
A la suite de Cheikh El-Hocine, c’est son fils Larbi, diplômé de l’Institut Benbadis de Constantine et membre de
l’Association des Oulémas Algériens, qui l’a remplacé vers le milieu des années
trente, afin de poursuivre la mission entamée par son père. Ce dernier s’était
marié avec la sœur d’Aami Salah Oul-Mahdi (Mahdi Salah), du bourg d’Ibourdjiouen. El-Hachemi avait été élevé dans sa prime
jeunesse par son oncle Cheikh Larbi Ben Cheikh El-Hocine à Toudja où il a suivi sa scolarité
primaire tant en arabe qu’en français. Son père Smail avait émigré à Alger où il
s’était fait recruter au jardin d’essai du Hamma à Belcourt comme jardinier. El-Hachemi a rejoint son père à Alger pour
poursuivre ses études qu’il a achevé au lycée franco-musulman de Ben-Aknoun dont l’enseignement était
bilingue. Ensuite, il a travaillé en qualité de script et assistant-réalisateur
à la RTF à l’époque de 1957 à 1960, date à laquelle, il rejoint le maquis dans
la wilaya IV historique jusqu’à l’indépendance. Nommé d’abord chef de Daïra
à Lakhdaria (Bouira), il n’a pas tardé à rejoindre la
RTA comme Secrétaire Général de 1963 à 1967. S’étant opposé au coup d’Etat du
19 juin 1965, il s’engage résolument dans l’opposition comme militant de
l’Organisation de la Résistance Populaire (ORP), avant de se retrouver membre
fondateur du PAGS en 1966. Ayant abandonné toutes fonctions administratives, il
dirige la Fédération des Travailleurs de l’enseignement et de la culture (FTEC)
et il a réalisé quelques courts et longs métrages. A partir de 1981, il se
consacre entièrement à l’activité politique à la tête du PAGS à partir de 1990,
puis ETAHADI, avant de créer en 1998 le Mouvement Démocratique et Social (MDS).
Il avait échappé à un attentat terroriste perpétré contre lui le 10 avril 1993.
Doté d’une large culture, parfait bilingue, homme de principe et de conviction,
El-Hachemi Cherif auquel nous rendions
souvent visite lors de sa maladie avec mon frère M’hand qu’il estimait
beaucoup, nous parlait souvent de Toudja avec une grande nostalgie. Il
est décédé le 2 août 2005 à l’âge de 66 ans suite à une longue maladie.
II/ © Par
Moulay Chentouf Porte-parole du PLD/Liberté
lundi 10 août 2020. Extraits
(…………….). Le destin du regretté Hachemi Chérif a été scellé définitivement
pendant la guerre de Libération nationale. Nous retenons essentiellement deux
moments cruciaux : la rupture de la lutte armée que le pays avait choisie comme
mode de combat pour se libérer du joug colonial français et le tournant décisif
des manifestations populaires de 1960.
Hachemi
Chérif est d’abord et avant tout le produit d’une expérience humaine et
politique ancrée en profondeur dans les grandes épreuves historiques qu’a
connues l’Algérie ces 60 dernières années.
En effet, alors qu’il est encore jeune, il arrête ses
études au lycée franco-musulman de Ben Aknoun pour marquer de façon
concrète son adhésion politique à la grève historique des étudiants de 1956.
Dès l’âge de 19 ans, il rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale,
et à 20 ans, il est élevé au grade de lieutenant.
À l’indépendance, en 1962, il est chef de daïra à Palestro
qu’il débaptise du nom de Lakhdaria, en hommage à son compagnon d’armes de la Wilaya 4, Mokrani
Rabah, le commandant Si Lakhdar.
Après le coup d’État du 19 juin 1965, il rejoint l’Organisation
de la résistance populaire (ORP) et, en janvier 1966, il participe à la
création du Parti d’avant-garde socialiste (PAGS) dont il devient un des cadres
les plus importants. S’ensuit une vie politique dense et mouvementée qui
contrarie nombre de ses projets culturels. Mais il arrive quelque peu à se
consacrer à la vie intellectuelle du pays. Il fait ses premières armes à la
radio où il travaille comme assistant de réalisation, se consacre à l’écriture
et au théâtre, mais semble surtout fasciné par le cinéma. Ses rencontres avec
Kateb Yacine, Abdelkader Alloula et M’hamed Issiakhem conduisent à des projets culturels intéressants, mais tous ne
débouchent pas.
Au lendemain de l’indépendance, il réalise un long-métrage,
« Les
chiens »,
en hommage au combat anticolonial du peuple sud-africain, puis un documentaire
dédié aux luttes paysannes, « Ettarfa », qu’il réalise en 1972.
Celui-ci est longtemps censuré et ne passera à la
télévision nationale que... 20 ans plus tard, en 1992 !
Le livre le plus important qu’il écrit, « Enjeux en jeu », est un essai majeur où il analyse les
causes de la crise multidimensionnelle que subit le pays, dresse le diagnostic
de l’Algérie des années 90 et propose des solutions qui, jusqu’à présent,
demeurent d’une brûlante actualité.
Pendant les années 80, il est secrétaire général de la
Fédération des travailleurs de l’enseignement et de la culture (Ftec), mais
son action syndicale en faveur des travailleurs l’expose aux foudres du pouvoir
qui n’hésite pas à user de tous les subterfuges pour l’éloigner du
syndicat.
Au congrès de décembre 1990, il devient le premier
responsable du PAGS en remplacement de Sadek Hadjeres. A posteriori, l’on ne
peut que se féliciter d’un changement aussi judicieux à la tête du PAGS,
d’autant plus que Sadek Hadjeres, toute honte bue, a osé s’exhiber avec le sinistre Zitout, et
lui faire publiquement une accolade. L’irruption fulgurante de l’islamisme
politique sur la scène politique rebat totalement les cartes. Une centaine de
militants du parti sont assassinés par la horde intégriste et Hachemi
Chérif lui-même échappe miraculeusement à une tentative d’assassinat le 10
avril 1993 à Alger.
Face à l’aggravation sans précédent de la situation
politique et sécuritaire du pays, Hachemi Cherif décide d’ajuster le PAGS aux urgences politico-organiques
de l’heure en créant de nouveaux mouvements politiques, Ettahadi en
1992 puis le MDS en 1998. (………). Grâce à ses orientations politiques, il
contribue à la création des premiers groupes de Patriotes dans le pays, dont
celui de Haouch Grau, emmené par le camarade Sellami tombé au champ d`honneur en
1995.
L'Algérie, disait-il, a deux ennemis irréductibles : le
système rentier et mafieux et l'islamisme politique. C'est pourquoi, dans le fracas
des armes et la trahison des lâches, il avait appelé l'ensemble des Patriotes
et des républicains à disqualifier ceux qui avaient fait de l'Algérie un champ
de ruine et mené le peuple à l'abattoir. Ce double combat, ou pour reprendre sa
formule désormais historique “la double rupture”, est malheureusement toujours
à l'ordre du jour.
C’est précisément cette stratégie de lutte, qui exige,
d’une part, l’exclusion de l’islamisme du champ politique et, d’autre part, la
rupture avec le système, qui a été remise en cause au lendemain de la
disparition de Hachemi Cherif, le 2 août 2005. C’est pour cela que des camarades ont
quitté le MDS pour créer dans un premier temps, le 1er novembre 2008, le
Mouvement démocratique, social et laïque (MDSL), puis le Parti pour la laïcité
et la démocratie (PLD), le 29 août 2009. Depuis sa création, il y a plus de 10
ans, le PLD s’est inscrit dans la stratégie de la double rupture, et ce, dans
la perspective de la construction de l’État de droit, fondé sur les valeurs de
la laïcité, de la pluralité et de l’universalité………………………….. ;;;.