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Gaz toxiques , Annaba - Risque d'explosion

Date de création: 07-08-2020 17:17
Dernière mise à jour: 07-08-2020 17:17
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ENVIRONNEMENT- ENQUETES ET REPORTAGES - GAZ TOXIQUES,  ANNABA- RISQUE D’EXPLOSION

 

Linde gas Annaba : Plus de 640 bouteilles de gaz toxiques menacent d’exploser

 

 ©M.-F. GAIDI/EL WATAN, 06 AOÛT 2020 À 10 H 09 MIN

 

Ce lot de bouteilles déclassées contient des gaz toxiques et inflammables au contact de l’atmosphère, tels que le méthane, l’ammoniac, l’acétylène, l’argon, le gaz carbonique…

La double explosion qui a secoué mardi le secteur du port de Beyrouth, la capitale libanaise, faisant plus de 100 morts et plusieurs milliers de blessés, a remis d’actualité le risque latent d’explosion de gaz toxiques qui menace sérieusement les habitants de la wilaya de Annaba.

En effet, plus 640 bouteilles de gaz industriels rebutées, contenant des gaz toxiques, sont en souffrance depuis plusieurs années dans la zone industrielle (ZI) – Pont Bouchet – de Annaba, au niveau de la filiale locale de la société Linde Gas Algérie, avons-nous constaté sur place.

Spécialisée dans la production, la distribution et la commercialisation des gaz industriels et médicaux, Linde Gas Algérie, société germano-algérienne, a pu se débarrasser de 691 bouteilles sur un total de 1334.

C’est  une véritable bombe à retardement, dont l’état de dégradation avancé de ces bouteilles en dit long sur le risque de catastrophe encouru par les riverains. Contacté à l’époque, le directeur de Linde Gas Annaba a refusé de s’exprimer sur la question.

Ce qui n’est pas le cas pour le président-directeur général (PDG) de la société, un expatrié, installé à Alger. Selon Pierre Chevallier qui, en 2018, a confirmé l’information au téléphone : «Les autorités algériennes sont au courant de cette affaire. Il s’agit de 1334 bouteilles de gaz (643 actuellement) issues des différents sites relevant de notre société, dont on ignore parfois la nature de leur contenu.

Par mesure préventive, nous avons fait appel à un bureau d’études spécialisé dans le domaine à Annaba pour nous assister avec les autorités algériennes à l’effet de procéder à leur destruction dans un milieu sécurisé.» Pour ce faire, la société avait saisi, à l’époque, le wali de Biskra, puis la direction des mines de Annaba à l’effet d’une évacuation et destruction dans un périmètre militaire sécurisé, appelé polygone de tirs.

«J’ai pu, en 2018, mettre hors d’état de nuire 643 bouteilles par le procédé de barbotage. Etant rouillées et dans un état de dégradation avancé, un lot de 643 bouteilles à détruire est actuellement stocké sur le site de Linde Gas Algérie de Annaba, à la zone industrielle Pont Bouchet, à moins de 500 mètres de la ville d’El Hadjar, et mitoyenne avec des dizaines d’entreprises publiques et privées.

Le risque de fuite et d’accident lié à ce stockage à ciel ouvert est fort probable, d’où l’urgence d’une évacuation et destruction sécurisée», a alerté hier Fayçal Loudjani, l’expert qui a été désigné par la société Linde Gas pour l’accompagner dans cette délicate opération.

«En cas d’explosion d’une bouteille de gaz, une réaction en chaîne entraînerait la déflagration des autres bouteilles et ferait pleuvoir une pluie de projectiles incendiaires dans un périmètre indéfini autour du site de Linde Gas dans la zone industrielle Pont Bouchet», prévient encore et fermement ce spécialiste auprès du Centre national des technologies de production plus propres (CNTPP), qui dirige le bureau d’études, Général environnement, à Annaba.

Faut-il rappeler que ce lot de bouteilles déclassées contient des gaz toxiques et inflammables au contact de l’atmosphère, tels que le méthane, l’ammoniac, l’acétylène, l’argon, le gaz carbonique… Une bonne autre partie contient des gaz inconnus.

Cette importante quantité de bonbonnes a été constituée, selon nos informations, à partir de bouteilles préexistantes sur les différents sites de Linde Gas Algérie, en plus de celles saisies par les services de sécurité et confiées à cette société durant les années 1990-2010.

«D’autres wilayas connaissent la même situation et n’arrivent pas à les détruire. Des lots de bouteilles contenant des gaz toxiques, parfois de combat, tel le chlore, dont l’odeur est suffocante, très désagréable et extrêmement toxique», a averti, encore une fois, le même spécialiste.