COMMUNICATION- ENQUETES ET
REPORTAGES- LE SOIR D’ALGERIE/ANNIVERSAIRE
Le Soir : 3 septembre 1990-3 septembre 2020. Aux origines d’une aventure qui perdure
© Par Belkacem Bellil/Le
Soir d’Algérie, jeudi 30 juillet
2020 (Extraits)
Pour
le trentenaire de la fondation du Soir d’Algérie, nous proposons à nos
lecteurs, tout au long de ce mois d’août, un retour sur les principaux
évènements, étapes et dates ayant marqué le parcours du journal, et aussi
l’histoire du pays. Un devoir de mémoire, pour entretenir le souvenir d’une
épopée et raviver la flamme d’une aventure qui se poursuit.
Dans
un mois, jour pour jour, Le Soir d’Algérie fêtera le 30e anniversaire de la
parution de son premier numéro. Cela s’est passé un lundi 3 septembre de
l’année 1990. Les kiosques recevaient, pour la première fois, en milieu de
journée, un tabloïde fraîchement sorti des rotatives et dont le logo rouge et
blanc ne pouvait laisser indifférents les badauds.
La curiosité se lisait dans les regards des lecteurs qui s’impatientaient de
découvrir, trois décennies après l’indépendance, un journal qui échappait,
enfin, au contrôle direct des pouvoirs publics.
Ce 3 septembre 1990 restera, sans aucun doute, gravé dans la mémoire
collective.
Le Soir d’Algérie venait ainsi d’écrire la première page de l’histoire de la
presse indépendante. Il sera suivi, quelques semaines plus tard, de deux autres
titres, El Watan et El Khabar.
Une nouvelle ère s’annonçait, porteuse de grandes promesses, liberté
d’expression, diversification du champ médiatique et consolidation du processus
démocratique initié dans la douleur quelques années plus tôt.
De la rue de la Liberté à la Maison de la presse
Une ouverture inespérée rendue possible grâce aux réformes profondes entamées
vers la fin des années 80 par le gouvernement Hamrouche
et dont la presse indépendante devait être l’élément moteur. Une circulaire
avait permis, en effet, aux femmes et hommes de la presse publique qui le
souhaitaient de se constituer en collectif et de se lancer dans l’aventure
entrepreneuriale.
Et c’est donc dans ce cadre, que le projet de création du Soir d’Algérie avait
germé, dès le printemps 1990, quelque part dans les bureaux feutrés du 20, rue
de la Liberté, et les premières esquisses de maquette étaient conçues et
dessinées dans la banlieue d’Alger, à Birkhadem, en
plein milieu de l’été. La société d’informatique Astein
et son gérant, M. Chaouch, offrirent en effet le gîte à l’équipe du Soir tout
en les initiant aux nouvelles avancées dans la réalisation des journaux. En
parallèle, les équipes technique et de rédaction
prenaient progressivement forme. Les premiers sujets à développer étaient
arrêtés et répartis entre les tout nouveaux journalistes. Quelque temps plus
tard, l’équipe prit définitivement ses quartiers dans les locaux encore
déserts, de la maison de la presse du 1er-Mai, actuellement portant le nom de
Tahar Djaout.
Plus d’un siècle de savoir-faire
À l’origine de cette aventure intellectuelle, cinq journalistes, Maâmar Farah, Djamel Saïfi, Zoubir
Souissi, Fouad Boughanem et
Mohamed Bederina, cumulant plus d’un siècle
d’expérience et une vision claire et précise du titre qu’ils entendaient mettre
sur le marché, dans une configuration initiale de journal du Soir orientée vers
l’information générale et les phénomènes de société. Aussitôt, les équipes
commencèrent à s’organiser autour de deux pôles, essentiellement rédactionnel
et technique, et les premiers essais s’effectuaient avec le système innovant, à
l’époque, de Publication assistée par ordinateur (PAO). Après une période
d’installation, d’adaptation et de rodage et aussi pour mettre les équipes en
situation d’activité réelle, deux éditions test aux numéros zéro ont été
imprimées et accueillies avec beaucoup d’enthousiasme par l’effectif encore
réduit du journal. Cela a permis d’affiner la confection du titre et
d’améliorer la coordination entre la rédaction et le service technique avec ses
deux équipes distinctes, une, le matin pour le bouclage, et l’autre l’après-mid, pour les pages du jour. Elles sont constituées
d’éléments au long cours dans le domaine et dirigés par le duo Mohamed Belkadi et Kaddour Dali-Bey qui
ont longuement fait leurs preuves dans les imprimeries d’El Moudjahid.
Le lourd tribut de l’indépendance
A la sortie du deuxième numéro zéro, une ferveur particulière régnait dans la
grande salle de rédaction où l’état-major de la rédaction, composé de Maâmar Farah, Djamel Saïfi et Fouad Boughanem,
relevait les imperfections et les correctifs à apporter, tout en préparant la
matière pour l’édition du lendemain, 3 septembre 1990, celle du n°1 du Soir
d’Algérie.
Depuis, et 30 années durant, le journal n’a raté aucun rendez-vous avec ses
lecteurs. Et dans les moments les plus douloureux et difficiles qu’il a traversés,
il a su se relever. Il n’a pas, non plus, dévié de la trajectoire qui lui a été
tracée par ses fondateurs et pour laquelle il a payé un lourd tribut à travers
le martyre de Yasmina Drici, Allaoua
Aït Mebarek, Mohamed Dhorban
et Mohamed Derraza.
En faisant siennes les recommandations du père du journalisme moderne, Joseph
Pulitzer, qu’il arbore, du reste, fièrement et quotidiennement au bas de son
«ours», Le Soir d’Algérie n’a pas, en outre, renié ses engagements
patriotiques, encore moins ses convictions politiques.
Témoin de son temps, il a accompagné les Algériens tout au long de ces trois
décennies de souffrance et de drames mais aussi de mutations, d’espérances et
de combat.
Aujourd’hui, et pour relever les défis de la numérisation rampante qui menace
la presse écrite de par le monde, Le Soir entend mettre à profit cette halte
mémorielle pour préparer un redéploiement optimal et efficient à travers une
consolidation du titre et le développement et la modernisation de l’interface
digitale.
Il y va de la pérennité de la saga…