POPULATION – ENQUETES ET REPORTAGES-
TRAITE DES PERSONNES – JOURNEE D’ETUDES ALGER
© Aps
Le
Directeur général des relations multilatérales au ministère des Affaires
étrangères, Lazhar Soualem,
a plaidé pour l’intensification des efforts internationaux face au crime de la
traite des personnes, soulignant que l’Algérie pâtissait de ce fléau du fait
des crises récurrentes dans la région.
Dans
une déclaration à la presse, en marge d’une Journée d’étude sur le thème
« Non à l’exploitation des personnes », organisée par le Comité
national de prévention et de lutte contre la traite des personnes, en
coordination avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(ONUDC) (mercredi 29/7/2020) M. Soualem a mis en
avant l’impératif d’intensifier les efforts internationaux en matière de lutte
contre le crime de la traite des personnes, expliquant que « l’Algérie
pâtit de ce fléau du fait des crises récurrentes dans la région, un terreau
favorable aux activités des groupes criminels », a-t-il soutenu.
L’organisation
de cette manifestation en dépit de la pandémie Covid-19
vise à « témoigner notre solidarité avec les victimes de la traite des
personnes, souligner la gravité de ce phénomène transcontinental, et
sensibiliser la société dans toutes ses composantes (institutions, société
civile, secteur privé et corps de sécurité) sur ce fléau qui relève du crime
organisé », a-t-il indiqué au sujet de cette rencontre, organisée au
Centre international des conférences (CIC) Abdelatif Rahal,
à l’occasion de la Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite
d’êtres humains (30 juillet).
L’Algérie,
a-t-il ajouté « pâtit du problème de la traite des personnes, car la
région est le théâtre de crises récurrentes qui constituent un terreau
favorable aux groupes et réseaux criminels qui injectent les revenus du crime
organisé dans d’autres activités criminelles, tels que le terrorisme, les
trafics d’armes et de drogue et la traite des personnes ».
Rappelant
que » l’Algérie n’a eu de cesse d’appeler à se pencher sur les causes à
l’origine de ces déplacements par milliers et à activer la coopération
internationale », il a affirmé qu’aucun pays » ne peut faire face,
seul, à ce crime qui connaît des proportions alarmantes ».
Qualifiant
d’ »hallucinants » les recettes de la traite des êtres humains,
estimées à quelque 150 milliards USD/an, M. Soualem a
souligné qu’il s’agit là, du troisième trafic criminel le plus lucratif dans le
monde après celui des armes et des drogues.
S’agissant
des efforts de l’Algérie en matière de lutte contre ce fléau, M. Soualem a rappelé l’actualisation du code pénal, évoquant
un projet de texte de loi en discussion, initié par le Comité national de lutte
contre la traite des personnes en collaboration avec des départements
ministériels.
Le
Gouvernement est décidé à finaliser ce texte de loi avant de le présenter au
Parlement pour adoption, a-t-il assuré.
Créé
en vertu du décret présidentiel numéro 16-249 du 26 septembre 2016, le Comité
national de prévention et de lutte contre la traite des personnes, placée sous
l’autorité du Premier ministre, est un point focal national qui veille à la
sensibilisation de tous les acteurs nationaux à la nature et formes de ce crime
étranger à la société algérienne.
Il
a cité, dans le même contexte, notamment l’organisation de journées de
sensibilisation et d’études, la formation et la sensibilisation des parties
prenantes (Sûreté et Gendarmerie nationales, corps de la justice) en matière de
prise en charge des victimes de ce crime, ainsi que la mobilisation des médias
et de la société civile, qui constitue, pour M. Soualem,
« un maillon important dans cette stratégie nationale ».
Quant
aux missions du comité, il a cité la collecte des données liées au crime et à
son évolution, l’élaboration d’un rapport annuel à soumettre aux hautes
autorités du pays outre la proposition de mesures à prendre pour assurer une
meilleure prise en charge des victime de la traite des personnes.
Les
mesures concernent également les poursuites à engager contre les auteurs de ce
crime et le démantèlement des réseaux organisée qui exploitent les victimes
dans des actes criminels inhumains, telle que la prostitution, la mendicité ou
le travail forcé.
Lors
de cette rencontre, à laquelle ont pris part des représentants de plusieurs
ministères, de la société civile, du corps de la magistrature, des corps de
sécurité ainsi que l’ambassadeur du Royaume uni, l’accent a été mise sur les
répercussions psychologiques de ce crime « dégradant » sur les
victimes.
Dans
ce sens, le président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Bouzid Lazhari a affirmé que
« la traite des personnes porte atteinte au fondement de la dignité
humaine », soulignant que ce fléau qui prolifère dans les environnements
où les conditions de vie décente sont absentes est favorisé par le terrorisme
et les crises qui secouent la région.
Citant
des rapports onusiens et américains, il a fait savoir que le nombre des
victimes avoisinerait les 25 millions de personnes et que 800 à un (1) million
de personnes sont pris au piège de ces réseaux criminels chaque année.
A
noter que le CNDH est membre du Comité national de prévention et de lutte
contre la traite des personnes.
Pour
sa part, la présidente du Croissant rouge algérien (CRA), Saida Benhabiles a fait savoir, dans son intervention, que les
enfants sont les premières victimes de ce crime.
Lors
des opérations de rapatriement des migrants clandestins, le CRA a eu à
constater plus de 6000 enfants n’avaient pas d’accompagnateurs et étaient
exploités dans la mendicité, a-t-elle ajouté.
Rappelant
que la dégradation de la situation sécuritaire dans les pays des victimes était
souvent à l’origine des flux migratoires, la présidente du CRA, a tenu à saluer
la volonté politique de l’Algérie à lutter contre ce crime, notamment à travers
son arsenal juridique coercitif.