CULTURE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN AHLAM MOSTEGHANEMI- « LE CHAOS DES
SENS »
Le Chaos des sens .
Roman de Ahlam Mosteghanemi
(traduit de l’arabe par France Meyer).Editions Sedia, Alger 2009. 373 pages, 850 dinars
J’ai la nette impression que les écrivains algériens
de langue arabe (Laâredj, Zaoui…),
lorsqu’ils se mettent à écrire des romans, n’arrivent pas encore à se sortir de
leur langage poétique. Du moins ,c’est l’impression
que j’en retire à la lecture des textes traduits en français. Tout
particulièrement au niveau de la nouvelle génération, celle des années 80-90,
l’ancienne ( Ouettar, Benhedougga,
Boudjedra aussi..) étant plus directe dans son
langage, parfois cru, car avec une vie trop liée aux péripéties de la lutte de
libération nationale et leur envie de recouvrer leur identité perdue ou
détournée, leur âme …et leur corps aux désirs longtemps comprimés , pour ne pas
dire réprimés.
C’est cette impression qui m’envahit à la lecture du
roman de A. Mostaghenemi, « Le Chaos des
sens », un autre best-seller de la littérature arabe contemporaine, après
son fameux « Mémoires de la chair » (édité en arabe en 1985 et en
français en 2002 en France ….puis transformé en série télévisée)
Une histoire d’amour, et quel amour ! Une femme
mariée (à un officier militaire, en
pleine période d’ébullition politique) qui, peut-être, cherchant à se
“libérer”, se “jette “ “à corps perdu”
dans les bras d’un “diseur de vérités” (un journaliste, pardi!). Que de
symboles: force , sécurité et autoritarisme Vs
liberté, jouissance et créativité dans une atmosphère incroyablement
surréaliste! Voilà qui n’arrange pas le dialogue inter-corporations.
Un amour bouleversant raconté avec une écriture
(rendue merveilleusement par la traduction) d’une beauté rarissime.
Un seul (petit?) défaut: comme la plupart des
auteurs arabes (sauf, peut-être, Zaoui et….. Boudjedra ,
celui-ci il y a longtemps ), l’auteure n’arrive pas à franchir le pas …de
porte quand il s’agit de parler d’amour. Le chaos s’arrête aux seuls sens et
tout juste aux bras de l’amant. Les “voyeurs” resteront sur leur faim!
Avis :
A lire
absolument en profitant de chaque ligne, de chaque mot. Et, en ne retenant de
l’histoire que les sens profonds et cachés. Et, il y en a. A. Mostaghanemi,
bien qu’assez directe, y excelle. Et, c’est là tout l’art de l’écrivain
universel.