VIE POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS DE
VUE- « ÊTRE PRESIDENT ! »
ÊTRE « PRESIDENT »
!
©Par Belkacem Ahcene-Djaballah,
Le Quotidien d’Oran, jeudi 1er mars 2012
Le poste de président de la République (ou de Chef de l’Etat) est le plus haut poste de la hiérarchie
des décideurs. Dans tous
les pays du monde, du plus démocratique au plus autocratique.
Y arriver n’est
pas une mince
affaire, et il faut passer par des épreuves connues des seuls initiés des affaires du « pouvoir profond ». Aux Etats-Unis d’Amérique par exemple, que l’on soit
noir, blanc ou rouge ou jaune,
nul ne peut émerger s’il n’émarge
(lui et ses promoteurs ou protecteurs)
sur les registres
(multiples, au moins deux,
le démocrate et le républicain)
des cercles … …..du « complexe
militaro-industriel ». En France, sur les registres (multiples, au moins deux, le socialiste et le libéral) des cercles… …..du « complexe médiatico-financier
». En Algérie, sur
le registre (unique…et c’est une tradition
bien ancrée depuis 62 ) de la « famille révolutionnaire »…..élargie, depuis les années 90, au complexe….. osons le mot, « politico-affairiste ». Dans certains
pays en développement terriblement bananiers , sur le registre des copains de caserne ou des camarades d’école ou de lycée
, quand ce ne sont pas les fils, les frères, les gendres ou les cousins de la tribu. ……Encore
que cela ne paie plus !
Mais, heureusement, il y a le reste des postes présidentiels.
D’abord , le poste de Pdg. Président-directeur général ! Très convoité et ce pour plusieurs
raisons :
Au niveau du contenant, il charrie avec
lui tout un lot d’avantages
et de phantasmes .D’abord ,
Président …..comme le Président, et ce n’est pas peu,
puis Directeur, ce qui vous
donne le droit de commander (les gens et les biens…et chez le traiteur du coin) sans partage ..et surtout, surtout, G.é.n.é.r.a.l. Ni major , ni de corps d’armée,
mais tout de même Général.
Au niveau du contenu, c’est du « trois en un » garanti pur délice, surtout si vous êtes à la tête d’une entreprise économique ou commerciale
publique qui a des ressources et qui n’est visitée
par les contrôleurs de la tutelle
que tous les 36 du mois.
Ensuite, le poste de
simple président. Tout y
passe. Djib bark !
Organisation, comité, association,
club, parti politique, tout est bon .
Depuis un peu plus d’une
dizaine d’années, c’est une course
effrénée au poste de Président.
Pas Secrétaire général . P.r.é.s.i.d.e.n.t !
On ne sait pas exactement pourquoi tout le remue-ménage. Certains observateurs assurent que c’est
parce que PRESIDENT cela sonne bien et que , devant le naufrage des entreprises publiques économiques et
industrielles dont il ne reste plus rien à « plumer » ,entraînant du même coup la dévalorisation
du titre de DG, on se rabat
sur un titre désormais
très coté au
« top » des postes d’(ir-)
responsabilité , presqu’intouchable .
D’ autres avancent l’existence d’ un virus issu de « l’air du temps »…le tintamarre médiatico-politique qui accompagne et suit les multiples élections ayant, en quelque sorte, contaminé les gens. La « présidentialite »
aigüe !
Une incurable maladie.
Depuis près de dix ans donc, on se bat comme des chiffonniers pour le poste de Président…même si cela n’est fait
que d’ «emmerdes
» , de coup
bas et d’ « enfants
dans le dos ».
Les luttes les plus sanglantes ont commencé d’abord au niveau des APC et, étonnant, pas au niveau des APW. Problèmes de terrain (s) plus fertile (s) ?
Ensuite, elles se sont propagées pour toucher les associations et autres Ong, tout particulièrement celles dites nationales , les gens ambitieux boudant généralement les associations de proximité où, après
avoir démarré à douze , on se retrouve au bout de quelques mois seul à gérer,
tout en étant critiqué.
Il n’y a pas
une association nationale ou organisation qui n’ait eu
ses « redresseurs » voulant chasser le président en poste.
Enfin, et c’est le « must » des postes
présidentiels, il y a la course pour les postes de Présidents d’un club , sportif…si
possible au sein duquel le football est roi.
Mais, depuis peu, avec l’annonce
des élections législatives
(et la ré- ouverture du champ politique) , la nouvelle loi électorale,
l’augmentation des postes
de députés…et l’augmentation
des salaires et primes y afférentes,
c’est au tour des partis politiques.
Contentons- nous du sport, le champ le plus labouré ! On a vu (et on ) voit donc de tout
dans le starting-block :
des anciens joueurs, des soit- disant anciens joueurs, des anciens ministres , des « fils de famille » escrocs, des escrocs à la recherche d’une famille, des limonadiers,
des marchands de voitures,
des généraux et des colonels
à la retraite, des vendeurs
d’eau, des entrepreneurs , des syndicalistes
, des médecins, des charlatans
, des transporteurs,……des émigrés,
des « double-nationalité », des fonctionnaires en poste,
des promoteurs immobiliers,
des fonctionnaires retraités,
des vieux , des tout jeunes, des businessmen, des syndicalistes, des banquiers, des
hommes d’affaires, des affairistes, des ex- députés,…..tous porteurs d’espoirs (ceci dit pour les supporteurs
et pour le comptable du club)…mais tous
dévorés par l’ambition
…….de réussir à transformer
un club (ou , demain, un
parti politique) , peut-être minable, en Champion ou en détenteur de la Coupe d’Algérie…..et, pourquoi pas de la Coupe des clubs champions (arabes c’est mieux et c’est bien vu, africains, ça l’est un
peu moins, mais c’est à prendre).
Du même coup, on est à la Une des journaux, au JT de 20 heures
….et……et , pourquoi pas, grâce à la foule , admirative des
succès enregistrés, et que vous « contrôlez bien », pour ne pas dire « manipulez » quand il le faut , surtout
en phase de succès , on peut se permettre bien des caprices : menacer de partir, démissionner, revenir sur sa décision,
menacer de boycotter, exiger, fustiger les instances nationales, insulter
les arbitres, virer les entraîneurs au moindre pépin, bloquer la circulation, saisir les instances internationales, devenir
député ou sénateur (pour l’immunité pour ce qui concerne
les « voyous » infiltrés
ou exfiltrés)…..on peut se rapprocher des « grands décideurs » …et,
sublime conquête , du « grand
Sachem». Les retombées sont alors multiples car vous faites
partie, désormais, de la nouvelle classe ( ??? ) des personnes influentes dans ce pays. Si ce n’est pas votre
fortune et vos affaires locales qui s’en trouveront grandement améliorées, ce sera, certainement, peut-être, si vous avez un
dos bien souple et une amulette d’on
ne sait quel « zaouia », une carrière politique qui vous ouvrira
les bras : député, sénateur au minimum …et, pourquoi pas, ministre
, ambassadeur, représentant
au sein d’une organisation
internationale…... Ce qui est sûr , et c’est
ça le plus important, vous serez de toutes
les mondanités,
de toutes les fêtes…et
, surtout, couvert
par une immunité certaine, de tous les « coups». Les grands et les petits. Les tordus et les bas. En attendant la prochaine « réforme » ou le prochain « redressement »…..ou les prochaines élections