COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS DE VUE- PUBLICITE
LA PUB !
UN MARCHE JUTEUX, MAIS
ENCORE ANARCHIQUE
©Par
Belkacem Ahcene-Djaballah (déc 2003)
Si
en Europe, et encore plus aux Etats-unis, la
publicité est une activité économique tout à fait banale et bien intégrée dans
l’économie des médias ; activité qui ne fait l’actualité que lorsqu’il y a
dépassement déontologique ou création artistique originale, chez nous comme
dans la plupart des pays en transition (économique et culturelle) la publicité
reste encore, malgré les progrès, un phénomène.
Il est vrai que les décennies de gestion
« socialiste » ou « dirigée » des entreprises n’ont pas
permis de comprendre, rapidement et clairement, que la publicité doit être
beaucoup plus un investissement qu’une simple dépense de prestige ou de
fonctionnement. On en est donc resté , jusqu’au milieu
des années 90, au stade de la réclame et de l’annonce, l’essentiel , pour
les supports, étant de « passer à la caisse » du régisseur , et pour l’annonceur de publier
son message quelque part.
Le contenu était largement délaissé, mis à part quelques
créations artistiques de génie, fruits de l’activisme délirant d’une génération
nouvelle issue des Beaux-arts et des écoles d’Infographie : la Com’ est
alors à la mode et les boîtes pullulent, chaque « capitaine
d’industrie » créant une entreprise de pub, bien souvent pour un rejeton
qui a mal tourné ou qu’il fallait occuper
, mais ne durant que le temps de quelques annonces , d’une ou de deux
affiches et d’un calendrier. C’était ,aussi, le temps d’une Anep
forte de son monopole parfois déguisé, parfois déclaré ( selon l’humeur des gouvernants du moment qui
ont usité de tous les subterfuges techniques et juridiques….sans succès durable
heureusement !), mise au service des pouvoirs en place et des politiques
de l’heure, et distributrice d’une manne de plus en plus élevée à ses
conditions toutes aussi déguisées, sachant bien que la ressource publicitaire
est nécessaire pour toute entreprise de presse digne de ce nom et voulant
conserver son indépendance , les ventes ,quelles que soient leur niveau
,n’étant jamais suffisantes.
Car, justement, tout le problème était là ! Le marché
de la publicité commerciale se trouvait en expansion accélérée et la lutte
s’annonçait serrée. Entre l’Anep et les régisseurs et
les agences privés ! Entre les supports eux-mêmes ! On était bien loin des 5 milliards de
centimes des débuts des années 80 et des 19 milliards de l’année 1991 (dont 5
traités par les privés). On arrivait assez rapidement à 35 milliards en 1995, à 71 milliards en 96 et
à 86 milliards en 1997.
En 2002-2003, le chiffre d’affaires global doit
certainement friser les 300 milliards de centimes, si l’on y inclut la centaine
récoltée par la télé et la radio, frénétiquement publivores,
et quand on sait que les tarifs ont augmenté.
Le marché est si tentant et si prometteur que bien des
entreprises étrangères de publicité à l’affût de nouveaux marchés ou des
spécialistes en perte de vitesse ont vite pensé
s’installer en Algérie en utilisant généralement des sociétés
algériennes déjà en place ou nouvelles , pour servir souvent seulement de
simple relais, le « couper-coller » suffisant en matière de
production des contenus : Celle qui a fait le plus de
« tapage », surtout parce que, lors de l’inauguration, un de ses
dirigeants a doctement montré son mépris pour les agences déjà existantes
(« sauf trois »), a été Euro-Rscg Algérie constituée fin mars 2003 avec, en «
gourou sous-marin », le vice-président du groupe Havas, Jacques Séguéla
(que l’on a soupçonné un certain moment
de « travailler » pour un futur candidat à la présidence du
pays). Il y a, aussi, une McCann Algérie et Publicis
Algérie ne saurait tarder.
On a même vu le retour de méthodes éculées
, dignes des années « socialistes » 70, comme les suppléments
apologétiques (publi-reportages, disent-ils !), réalisés par des
simili-journalistes en mission et édités en encarts dans des journaux
internationaux pourtant connus pour leur objectivité : Commerce
oblige ! Par ailleurs, les suppléments sont diffusés ,
en général, uniquement dans le pays du commanditaire et dans les pays frères et
amis. Un autre gaspillage et un autre moyen de détourner l’oued des pétro-dollars !
Il est évident que tant que l’activité et la profession publicitaires
resteront non codifiées dans un texte qui ne peut être que libéral, la
croissance de la presse et de l’art publicitaire, entre autres, en souffrira, mais
la difficulté sera assurément surmontée. Ce sera surtout l’économie nationale
qui en pâtira, face à la concurrence des
produits étrangers de plus en plus envahissants et « accompagnés »
toujours par les médias transnationaux grâce à une parabole gommant tous les barrages, et la
production nationale ne trouvant jamais ou rarement le soutien informatif
adapté, en quantité et en qualité suffisantes, à la consommation moderne.