ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES- CROISSANCE AFRIQUE
DU NORD/COVID 19 - ETUDE BAD 2020
La pandémie de Covid-19 a eu des
incidences socioéconomiques de grande ampleur en Afrique du Nord, selon
l’édition 2020 de la Banque africaine de développement (BAD) sur les
perspectives économiques en Afrique, publiée ce 14 juillet. Et ce, avec des
conséquences multiples sans précédent sur la santé, l’emploi et la croissance
économique. Certes, cette dernière devait rebondir à 3,7% au Maroc, mais elle
devait rester faible en Algérie (2,2% en 2020) et en Tunisie (2,1% en 2020).
Les
secteurs des services, du tourisme et de l’industrie, plus forts contributeurs
à la croissance régionale, ont été fortement touchés par les nombreuses mesures de
restriction.
Si dans
l’ensemble les effets négatifs de la crise de la Covid-19
seront fonction de la gravité et de la durée de la pandémie, de l’efficacité
des mesures de riposte engagées et du montant des ressources affectées à
l’endiguement de la maladie, les pertes s’annoncent lourdes pour certains pays
par rapport à d’autres. L’évaluation est faite sur la base de deux scénarios.
Le premier
de référence table sur une sortie de crise à partir de juillet 2020. Le second,
plus pessimiste, voit persister la pandémie jusqu’en décembre 2020. Dans le
premier cas, la croissance régionale perdrait 5,2%, ce qui détériorerait la
croissance à -0,8%.
Ce recul
se situerait, dans le second scénario, à -6,7%,
générant une récession de -2,3%. En 2021, la
reprise économique est prévue, avec une croissance nord-africaine de 3,3% dans
le scénario de référence et de 3% dans le scénario pessimiste.
Le rapport
indique, par ailleurs, que l’impact défavorable de la pandémie sur la demande
mondiale ainsi que sur les cours des produits de base devrait entraîner une
détérioration des déficits budgétaires et des comptes courants dans les pays de
la région.
Le déficit
budgétaire pourrait, dans le scénario pessimiste, atteindre en moyenne 10,9% du
PIB régional en 2020. Il serait supérieur à 10% en Algérie (17% du PIB) et en
Libye (22,5% du PIB) contre 8,7% du PIB en Egypte
Baisse des entrées des capitaux
chinois en Algérie et en Mauritanie
S’agissant
des comptes courants, sur la base d’une hypothèse de réduction de 7,9% de la
demande mondiale et d’un cours du brut à un niveau de 20 dollars le baril, le
scénario pessimiste laisse entrevoir un déficit de 11,4% du PIB en 2020.
L’Algérie, la Libye, la Mauritanie et la Tunisie devraient enregistrer des déficits
courants à deux chiffres en 2020.
Cette
situation est attribuable surtout au déficit des pays exportateurs de pétrole
(20% et 19,8% du PIB en Algérie et en Libye) mais également à la Mauritanie
(17%) et à la Tunisie (12,2%), dont les principaux partenaires commerciaux, la
Chine et les pays européens, devraient être en récession en 2020.
Autre
indicateur, l’Algérie et la Mauritanie devraient être particulièrement
affectées par une baisse temporaire des entrées de capitaux chinois,
connaissant des liens étroits avec ce pays d’où a démarré la pandémie. Le Maroc
et la Tunisie connaîtront pour leurs parts une baisse des flux d’investissement
provenant d’Europe.
Dans son
analyse, la Bad ne manque pas de souligner l’urgence pour l’Algérie de
renforcer la diversification économique. «L’Algérie a
élu un nouveau Président en décembre 2019.
Le nouveau
gouvernement aura la difficile tâche de reformer et de diversifier l’économie
dans le contexte de la baisse des cours du pétrole. Le ralentissement de
l’activité dans les grandes économies, aggravé par la pandémie de Covid-19, représente un des risques extérieurs qui menacent
les perspectives de croissance», avertit
la banque.
D’où la
nécessité de relancer les réformes pas seulement en
Algérie mais dans toute la région. Soulignant que la croissance n’a pas été inclusive en Afrique du Nord avec
l’aggravation des disparités sociales et régionales, surtout en Algérie, Maroc
et Egypte, le document recommande d’engager des
réformes structurelles pour renforcer l’efficience du secteur public et la
compétitivité du secteur privé.
Le rapport
appelle les pays nord-africains à maintenir l’effort budgétaire pour préserver
les ménages et les entreprises affectés. Le développement de l’agro-industrie
est également préconisé pour promouvoir les chaînes de valeur agricoles
locales.
Pour
rappel, selon les projections antérieures à la propagation de la pandémie de
coronavirus (Covid-19) à l’échelle mondiale, la
croissance économique en Afrique du Nord devait se redresser pour atteindre un rythme
de 4,4% et de 4,5% en 2020 et en 2021 respectivement.
Mais, la
pandémie a chamboulé les prévisions. En Afrique, la région de l’Afrique du Nord
a enregistré le plus grand nombre de cas de Covid-19
confirmés au mois de mai 2020. La tendance se poursuit avec la recrudescence,
depuis début juillet, du nombre des personnes contaminées, comme c’est le cas
en Algérie.