POPULATION-
ENQUÊETES ET REPORTAGES- MINISTRES FRANÇAIS D’ASCENDANCE ALGERIENNE
© Walid Mebarek/El Watan, mardi 14
juillet 202
Le nouveau
ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a la
particularité d’être issu d’une lignée algérienne ! Il l’a lui-même précisé
sous les ors du Sénat lors des questions des parlementaires au gouvernement :
«Mon grand-père priait Allah et portait l’uniforme de la République.» «Mon
premier prénom est Gérald, mon deuxième prénom Moussa.»
Il n’en fallut pas plus pour
que sur les sites communautaires, certains l’accablent de tous les maux et
particulièrement d’être «un petit fils de harki».
Devant les sénateurs, preuve
que la xénophobie n’est pas absente de certains rangs de la haute assemblée, il
a dû s’affirmer, si ce n’est se justifier, alors que son grand-père fut non
seulement un tirailleur algérien mais aussi un résistant des Forces françaises
de l’intérieur durant la guerre 40-45. «Le président de la République et le
Premier ministre m’ont fait confiance (…) pour rétablir la sécurité des
Français, pour accompagner le travail des services publics par l’intermédiaire
du corps préfectoral, pour rendre respect et écoute aux forces de l’ordre et
aussi bien sûr pour lutter contre ce que le président de la République à nommer
‘‘séparatisme’’.
Oui, l’islam politique est
un ennemi mortel pour la République, oui, il faut combattre toute forme de
communautarisme. Je n’oublie pas bien sûr je suis aussi ministre des Cultes. En
France, la laïcité ne veut pas dire la négation de cette liberté des cultes.»
Revenant sur son grand-père, il devait insister, parlant de ce qui fait nation
: «La langue, la culture, la Marseillaise, notre drapeau et pas tomber dans la
caricature.» Il concluait en affirmant «être très fier d’être ministre de la
République».
Les
instructifs précédents des ministres d’ascendance algérienne
A ce niveau de
responsabilité gouvernementale, la nomination à l’Intérieur, (poste régalien
essentiel), d’une personnalité d’ascendance algérienne, est un événement
marquant mais ce n’est pas une première. Il y eut le précédent de Rachida Dati,
nommée ministre de la Justice par le président Nicolas Sarkozy en 2007 sous le
gouvernement François Fillon.
Son origine algéro-marocaine fut raillée mais son parcours a prouvé sa
ténacité en tenant la dragée haute à Paris lors des élections municipales,
malgré certains doutes de son parti Les Républicains.On
se souvient aussi de Jeannette Boughrab, secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et
de la Vie associative du 14 novembre 2010 au 10 mai 2012, dans le troisième
gouvernement Fillon (présidence Nicolas Sarkozy).
N’oublions pas Kader Arif, socialiste, proche de
l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, nommé le 16 mai 2012 ministre délégué
aux Anciens combattants dans le gouvernement Jean-Marc Ayrault (présidence
François Hollande).
L’écrivain Azouz Begag fut
certainement l’un des plus déçus de sa nomination. Ministre délégué auprès du
Premier ministre, chargé de la Promotion de l’égalité des chances, dans le
gouvernement Dominique de Villepin (présidence Jacques Chirac), il confia son
amertume de la déconsidération raciste de l’entourage ministériel et
présidentiel dans le livre Un mouton dans la baignoire.
Yazid Sebag fit un parcours express dans l’aréopage du pouvoir. Nommé le
17 décembre 2011 commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances par le
président de la République Nicolas Sarkozy, il ne résiste pas et, le 13 juillet
2012, il en démissionne.
Tokia Saïfi fut secrétaire d’Etat auprès de la ministre de
l’Ecologie et du Développement durable, chargée du Développement durable, dans
les trois gouvernements Jean-Pierre Raffarin, de mai 2002 à juin 2004
(président Jacques Chirac).
On peut aussi parler de Hamlaoui Mekachera, qui a été
secrétaire d’Etat puis ministre délégué aux Anciens combattants pendant cinq
ans, de juin 2002 à mai 2007.
Enfin, citons Fadela Amara nommée secrétaire d’Etat chargée
de la Politique de la ville le 19 juin 2007, sous la tutelle de la ministre du
Logement et de la Ville Christine Boutin, dans le deuxième gouvernement
François Fillon (2007-2010) sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Elle est désormais
inspectrice générale des affaires sociales.Politiquement,
parmi les descendants d’Algériens, il y eut aussi Arnaud Montebourg, ex-candidat déçu à la candidature
présidentielle. En rapport à l’Algérie, signalons aussi a contrario le nouveau
‘‘patron’’ du parti Europe Ecologie Les Verts, Julien Bayou, qui se vantait en 2019 de sa mère qui assista le FLN
durant la Guerre d’Algérie : «Merci à mes parents qui m’ont donné le goût de
l’engagement et de la désobéissance […] Mon père était fanfariste,
ma mère était porteuse de valises pour le FLN algérien et évidemment si je suis
là devant vous, c’est un bon mélange des deux, radical et festif.»