SANTE
– ETRANGER- COVID 19- ETUDE INSEE/FRANCE-
CHOC SANITAIRE/IMMIGRES
© Walid Mebarek/El Watan, mardi 14
juillet 202
Une étude de l’Institut national des
statistiques et études économiques (Insee) apporte quelques éclairages sur le choc
sanitaire vécu par les immigrés pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19.
Ainsi, affirment les chercheurs,
«toutes causes confondues, les décès en mars et avril 2020 de personnes nées à
l’étranger ont augmenté de 48% par rapport à la même période en 2019, contre +
22% pour les décès de personnes nées en France». «La hausse a été la plus forte
pour les personnes nées en Afrique (+ 54% pour les décès de personnes nées au
Maghreb avec 8300 décès en mars-avril 2020 contre 5 400 en mars-avril 2019, + 114%
pour celles nées dans un autre pays d’Afrique (2 000 décès contre 900) ou en
Asie (+ 91%).» Le rapport indique en comparaison que pour les personnes nées en
Europe (hors France) et les personnes nées dans un pays d’Amérique ou en
Océanie, la hausse des décès est proche de celle observée pour les personnes
nées en France.
Des
ravages en île-de-France et dans la région Grand Est
C’est en Île-de-France que la Covid-19 a fait le plus de victimes, ce qui avait été noté
en avril dernier par nombre d’articles de presse. La hausse des décès en
mars-avril 2020 a en effet été la plus forte avec + 92% par rapport à
mars-avril 2019. Or, précise l’Insee, «en France, un tiers des personnes nées
au Maghreb résident en Île-de-France, c’est le cas de la moitié des personnes
nées dans un autre pays d’Afrique ou en Asie. Les personnes nées en France
sont, quant à elles, 16% à résider dans cette région». «En Seine-Saint-Denis
par exemple, où la hausse des décès a été particulièrement forte (+ 127% de
décès), le nombre de décès de personnes nées en France y a augmenté de 95%. Le
nombre des décès de personnes nées au Maghreb y a augmenté de 191%. Pour les
personnes nées en Afrique hors Maghreb, la hausse des décès a été de 368%».
Des données effarantes corroborées
par les chiffres concernant la région Grand Est, deuxième région la plus
touchée par la Covid-19. Là, «la hausse des décès en
mars-avril 2020 par rapport à mars-avril 2019 a atteint 120% pour les personnes
nées au Maghreb et 121% pour l’ensemble des personnes nées en Afrique ou en
Asie, contre 52% pour celles nées en France, soit un écart plus important qu’en
Île-de-France. Au total, cette région, qui regroupe 9% des personnes nées en
France et 6% de celles nées en Asie ou en Afrique, comptabilise 21% de
l’excédent de décès des personnes nées en France et seulement 8% de celui des
personnes nées en Afrique ou en Asie».
L’étude de l’Insee note que les
différences sont le plus marquées dans les territoires densément peuplés,
sachant que les personnes nées en Afrique ou en Asie résident environ deux fois
plus souvent dans ce type de territoires». Avec un élément imparable : «Si 35%
des personnes nées en France résident dans les communes les plus densément
peuplées, c’est le cas de 65% de celles nées dans un pays du Maghreb et de plus
de 70 % de celles nées dans un autre pays d’Afrique ou en Asie».
Les
Travailleurs-clés au cœur du coronavirus
Enfin, pour ce qui est de la Covid-19, il y a davantage de personnes nées en Afrique
parmi les «travailleurs-clés» qui ont continué de travailler malgré l’épidémie
: il s’agit «des personnels de santé, les aides-soignants, les pharmaciens, les
ambulanciers, les personnels de la Poste, des forces de l’ordre, des transports
publics, les pompiers, les personnes travaillant dans la vente de produits
alimentaires, les livreurs, les buralistes et les agents de nettoyage,
professions en contact avec le public». Or, 14% des personnes en emploi et nées
dans un pays du Maghreb et 15% de celles nées dans un autre pays d’Afrique sont
des «travailleurs-clés», contre 11% parmi celles nées en France ou celles nées
en Asie (12 %).
Ainsi, «l’environnement des
personnes (conditions de logement, utilisation des transports en commun,
profession exercée, etc.) a sans doute joué un rôle dans l’ampleur de la hausse
des décès pendant la pandémie et sur les possibilités de distanciation
physique». Or, des différences existent selon le pays de naissance des
personnes. Par exemple, «les personnes nées en Afrique hors Maghreb, et dans
une moindre mesure celles nées au Maghreb, ont les logements les plus exigus
(respectivement 1,3 pièce par occupant et 1,6, contre 1,8 pour l’ensemble des
habitants) et sont celles qui utilisent habituellement le plus les transports
en commun pour aller travailler (respectivement 49% et 28% en 2016, contre
15%). Les personnes originaires d’Asie utilisent aussi davantage les transports
en commun pour se rendre à leur travail (31%) et ont des logements plus petits
(1,3 pièce par personne)»s.