COMMUNICATION- ENQUÊTES ET
REPORTAGES- PRESSE SPORTIVE/COVID 19- CRISE
© Aps,
vendredi 10/7/2020
Réduction du nombre de pages et
du tirage, effectif diminué, grille de programmes TV chamboulée : la presse
sportive algérienne, écrite et audio-visuelle, n'a pas été épargnée par la
pandémie de nouveau coronavirus (Covid-19), se
trouvant souvent devant un véritable casse-tête pour offrir aux fidèles un
produit consistant et de qualité.
Avec la suspension
des différentes compétitions sportives, décidée par les pouvoirs publics depuis
le 16 mars, les journalistes sportifs algériens se sont retrouvés dans une
situation embarrassante avec la hantise de lendemains incertains en raison de
circonstances inhabituelles.
Le contexte exceptionnel
dans lequel se retrouvent les médias sportifs n'est pas propre à l'Algérie. En
Europe, certains journaux et chaînes de télévision sportives ont trouvé au
début les pires difficultés pour s'adapter en l'absence d'événements,
avant que certains pays tels que l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre ou encore
l'Italie, ne décident de relancer leur championnat, permettant à leurs médias,
tous supports confondus, de retrouver un tant soit peu leur rythme
d'avant.
En Algérie, rien n'a
encore été décidé, même si le ministère de la Jeunesse et des Sports a annoncé
jeudi ne pas autoriser "pour le moment" la reprise des compétitions
sportives, dont les différents championnats footballistiques. De quoi
prolonger l'inquiétude des gens des médias.
"La suspension du championnat a provoqué un manque flagrant de
matière, il y a eu des conséquences majeures sur l'ensemble de la presse
sportive.
C'est une véritable
paralysie qui a provoqué notamment la réduction, de moitié, de la publicité et
du nombre de pages. C'est une crise à laquelle on doit faire face
actuellement", a déclaré à l'APS Djamel Touafek,
directeur de la rédaction du quotidien Info Sport.
En dépit de
"cette crise que personne n'attendait", Touafek
a tenu à préciser que le journal continue toujours d'assurer les salaires de
son personnel, tout en appelant les pouvoirs publics à venir en aide à
la presse en général.
"Du moment que
l'Etat a décidé d'aider financièrement plusieurs métiers en cette pandémie, il
doit également soutenir la presse nationale, dont la plupart souffre le
martyre. L'impact économique est important, les ventes ont diminué, c'est
l'effet domino où tout le monde a été touché de plein fouet".
Ali Hamouche,
rédacteur en chef du quotidien Le Buteur, a relevé l'obligation de s'adapter à
cette "situation exceptionnelle", soulignant qu'une série de mesures
ont été prises.
"Nous avons
réduit le nombre de pages et le tirage d'exemplaires. Le contexte actuel nous a
contraints à couvrir l'actualité des principaux clubs uniquement. Les
correspondants qui suivaient les formations des
divisions inférieures ont été
priés de cesser provisoirement leur collaboration, c'est un cas de force
majeure, tandis que les journalistes permanents ont été invités à apurer leurs
congés, en l'absence de matière et d'activités", a-t-il expliqué.
Tout en évoquant
"un impact économique énorme et une crise palpable", Ali Hamouche a
estimé que la situation a engendré un manque de lectorat : "Les gens ne
lisent pratiquement plus, ils sont plutôt branchés sur l'actualité liée au Covid-19 et les mesures entreprises par l'Etat pour faire
face à la pandémie, notamment sur le plan économique. Le football est en
quelque sorte relégué au second plan".
Avant de poursuivre :
"La reprise des différents grands championnats européens, où évoluent
certains de nos internationaux, nous a permis de retrouver un semblant de
rythme de travail et donc une matière pour meubler cette période creuse".
Le premier responsable de la rédaction du Buteur a estimé qu'un
"retour à la normale est tributaire de la reprise de la compétition,
attendue avec impatience, en cette période estivale, marquée d'habitude par
les transferts de joueurs, des entraîneurs et les stages de
préparation".
A l'instar de son
confrère Djamel Touafek, Ali Hamouche n'a pas omis de
lancer "un appel aux autorités, notamment le ministère de la
Communication, premier responsable du secteur, pour aider la presse algérienne
en cette période de crise qui a secoué l'ensemble des journaux sans
exception".
La chaîne de
télévision El-Heddaf TV, unique canal dédié au foot
dans le champ médiatique algérien, n'a pas été épargnée par la pandémie de Covid-19. Pour Redouane Bouhanika, rédacteur en chef de cette chaîne et
présentateur de l'émission "Belmekchouf",
"l'impact a été énorme".
"Meubler notre
grille est devenu chose très difficile. La suspension du championnat national
et l'absence d'activités nous a poussés à diffuser des programmes d'autres
disciplines comme le tennis et l'athlétisme, alors que la chaîne est dédiée
exclusivement au football", a-t-il expliqué.
Egalement responsable du quotidien El-Heddaf,
Bouhanika a indiqué que le journal a été dans
l'obligation de procéder à une réorganisation afin de s'adapter à cette
situation "exceptionnelle".
"Le tirage a été
sensiblement réduit. Nous sommes passés de 50.000 exemplaires à 6000. L'impact
de la pandémie a été énorme pour nous. Nous avons aussi réduit automatiquement
notre effectif, la plupart des journalistes ont été priés d'épurer leurs
congés, mais je tiens à signaler qu'aucun élément n'a été licencié. Le journal
El-Heddaf Eddouali (réservé
exclusivement au foot international, ndlr) a cessé de paraître, nous l'avons
fusionné provisoirement avec le quotidien El-Heddaf,
en attendant de jours meilleurs".
Pour Smaïl Mohamed Amokrane, journaliste au quotidien
Compétition, la conjoncture difficile que traverse la presse sportive nationale
implique la nécessité d'offrir au lecteur le contenu "le plus
important", comme conséquence du passage d'une édition 24 pages à 16.
"Nous essayons
de donner le meilleur et le plus important, déjà c'est la règle d'or en
journalisme. Le souhait de tout le monde est un retour de l'activité sportive,
comme cela a été le cas en Europe, et bientôt en Tunisie et au Maroc. Les
journalistes sportifs sont étroitement liés aux conséquences de la crise
sanitaire ayant touché clubs et joueurs".
Spécialisé dans
l'actualité de l'équipe nationale et de ses joueurs, Smaïl
Mohamed Amokrane a relevé la difficulté de recueillir des informations de
certains "grands" clubs de l'élite en cette période d'arrêt du
championnat.
"Pour moi qui traite souvent les informations relatives aux
joueurs internationaux évoluant à l'étranger, il y a toujours quoi écrire. En
revanche, concernant l'actualité des clubs locaux, mes collègues
et confrères souffrent beaucoup, ce n'est pas évident aujourd'hui de
recueillir des informations de la JS Kabylie ou du MC Alger par exemple, deux
clubs à qui on réserve d'habitude deux pages chacun".
A l'instar des autres
journaux, Compétition a été obligé de prendre des mesures pour amortir l'impact
de la pandémie. "Nous étions obligés de passer de 24 à 16 pages, sans
parler de la réduction du nombre du tirage.
L'ensemble des
journaux ne pouvaient pas préserver la même cadence, l'impact économique a été
énorme. Les gens ne lisent pas comme avant, d'autant qu'il s'agit d'une période
difficile".
Avant de poursuivre :
"Parmi les mesures prises par la direction de Compétition, celle de rompre
provisoirement la relation de travail avec les collaborateurs, en plus d'un
congé de 15 jours forcé (reliquat avec solde, ndlr) pour les journalistes qui
ont fait preuve de solidarité face à l'impact économique".A
l'image de La Dépêche de Kabylie, qui ont dû mettre la clé sous le paillasson.