VIE POLITIQUE –
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAIS JEAN PAUL SARTRE- « POSITIONS
ANTICOLONIALISTES »
Positions
anticolonialistes. Essais de Jean-Paul Sartre (Préface de Fatima Beldjord) .Editions Anep, Alger
2012, 122 pages, 200 dinars
Ce ne sont pas
les penseurs français de l’anticolonialisme qui ont manqué. Francis Jeanson,
André Mandouze, et aussi le « froid »
Raymond Aron, chacun selon son style et ses moyens .
On a même eu , dès le début du XXè
siècle, Paul Vigné d’Octon
dont les ouvrages (« La Gloire du Sabre » et « La sueur du
Burnous ») ont fait l’objet d’un « incroyable refoulement »
.Albert Camus, lui, avait préféré
« (sa) mère » à « la Justice », « amorçant ainsi
l’immense et terrifiante régression
inféconde de la pensée française... »
Mais
,
Jean Paul Sartre est, à coup sûr, le plus grand penseur français de
l’anticolonialisme....Déjà, dès mars 56 avec un article : « Le
colonialisme est un système »....
Le
recueil : quatre textes qui, au-delà de leur valeur littéraire et
philosophique, ont eu une portée politique extraordinaire et dont les échos
intellectuels demeurent encore vivaces .D’autant qu’ils ont accompagné (comme préfaces) des textes encore aussi
lumineux et qui ont participé
, à leur manière et par leur influence, aux bouleversements sociétaux
ayant aidé à mieux comprendre , pour mieux le combattre et le balayer, le
colonialisme :
. « Orphée
noire » pour « L’Anthropologie
de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française » de Léopold Sédar Senghor....une poésie « qui est
, de nos jours, la seule grande poésie révolutionnaire ».
« Ni satirique, ni imprécatoire : c’est une prise de conscience »
. Préface au
« Portrait du colonisé » de Albert Memmi....qui « fait découvrir
que le système colonial est une forme de mouvement ,
née vers le milieu du siècle dernier et qui produira d’elle-même sa propre destruction »
. « Une
victoire » , pour « La Question » de
Henri Alleg, un texte puissamment révolté qu’il
conclut en notant que « pour sauver la France de la honte et les Algériens
de l’enfer,il n’y a qu’un moyen, toujours le même, le
seul que nous ayons jamais eu, le seul que nous aurons jamais : ouvrir les
négociations, faire la paix »..
. Préface aux
« Damnés de la terre» de Frantz Fanon.....qui « a montré la
route : porte-parole des combattants, il a réclamé l’union, l’unité du
continent africain contre toutes les discordes et tous les particularismes »
Bein sûr, en matière d’anticolonialisme, il ya en eut d’autres, comme philosphes et penseurs de France : Francis Jeanson, ‘linformatif et L’Auteur : Après l'Ecole Normale Supérieure, Jean-Paul Sartre passe l'agrégation en 1929 - c'est à
cette période qu'il fait la connaissance de Simone de Beauvoir. Il est nommé professeur de
philosophie au lycée du Havre, puis à Neuilly en 1937.
Seconde Guerre Mondiale : soldat, prisonnier, résistant et auteur engagé,
Pendant la guerre, il rédige son premier essai qui deviendra son oeuvre philosophique majeure, "L'Être et le Néant", où il approfondit les bases théoriques de son système de pensée.
Recruté par Albert Camus en 1944, il devient reporter dans le journal "Combat".
Dans les années qui suivent la libération, Jean-Paul Sartre connaît un énorme
succès et une très grande notoriété comme chef de file du mouvement existentialiste qui devient une véritable mode.. Dans "l'Etre et le Néant", il aborde
les rapports entre conscience et liberté. L'ouvrage s'articule autour des
thèmes de la conscience, de l'existence, du pour-soi (manière d'être de
l'existant), de la responsabilité de l'être-en-situation, de l'angoisse lorsque
la conscience appréhende l'avenir face à sa liberté, de la liberté d'échapper à
l'enchaînement des causes et déterminations naturelles, du projet lorsque la
conscience se projette vers l'avenir.
Pour Jean-Paul Sartre, Dieu n'existant pas, les hommes n'ont pas d'autres choix
que de prendre
en main leur destinée à travers les conditions politiques
et sociales dans lesquelles ils se trouvent.
Le théâtre et le roman sont pour Jean-Paul Sartre un moyen de diffuser ses
idées grâce à des mises
en situation concrète (« Huis clos », « Les mains Sales », « La
nausée »…). Il mène une vie engagée en se rapprochant du Parti communiste en 1950, tout en gardant un esprit critique, avant de s'en détacher en
1956 après les événements de Budapest.
Jean-Paul Sartre garde cependant ses convictions socialistes, anti-bourgeoises,
anti-américaines, anti-capitalistes, et surtout
anti-impérialistes. Il mène jusqu'à la fin de ses jours de multiples combats :
contre la guerre d'Algérie et la guerre du Viêt-Nam, pour la cause
palestinienne, les dissidents soviétiques, les boat-people.... Il refuse le
prix Nobel de littérature en 1964 car, selon lui, "aucun homme ne mérite d'être consacré de son vivant".
.Fatima Beldjord est universitaire, psychanalyste. Signataire, en
mars 2001, d’un « Appel des intellectuels algériens » (dont Dib, Boudjedra, Benoune, Chaulet, Soufi, Djeghloul, H. Remaoun, Z. Drif....) soutenant
l’Armée et s’élevant contre la campagne lancée à l’étranger contre l’Anp
Extraits : «
Jean Paul Sartre , un passionné de la liberté actionnelle des personnes et des
peuples avant que n’advienne le temps des « nouveaux philosophes » à
l’ écriture glacée , grinçante comme un billet de banque neuf et aussi
vieux que le « veau d’or » (Fatima Beldjord,
p 7), « Parce qu’il (le Noir) a,
plus que tous les autres , souffert de l’exploitation capitaliste, il a
acquis , plus que tous les autres, le sens de la révolte et l’amour de la
liberté « (p 55), « En lisant le dernier chapitre de Fanon, (vous
vous persuaderez qu’) il vaut mieux être un indigène au pire moment de la
misère qu’un ci-devant colon » (p 121)
Avis : Un bon conseil :
« Lire les préfaces de Jean Paul Sartre avec les yeux de Paul Vigné d’Octon et de l’Emir
Khaled, de Jaspers et de Merleau –Ponty, de Frantz
Fanon et de Malek Bennabi, avec les yeux, aussi, de
Jean Paul Sartre lui-même, rompant publiquement à la fin de sa vie , en mars
1980, dans les colonnes du Nouvel
Observateur, avec l’athéisme démiurgique qui est la tare indélibile de l’existentialisme sartrien » (Fatima Beldjord, p 8)
Citations (J-P Sartre) : « Le poème est une chambre obscure où les mots se cognent en rondes, fous.Collisions dans les airs : ils s’allument
réciproquement de leurs incendies et tombent en flammes » (p 27),
« J’ai toujours pensé que les idées se dessinent dans les choses et
qu’elles sont déjà dans l’homme, quand il les réveille et les exprime pour
s ’expliquer sa situation » (p 70), « La torture est cette
haine, érigée en système et se créant ses propres instruments » (p 84),
« La torture est une vaine furie, née de la peur » (p 88), « Aux
colonies, la vérité se montrait nue ; les « métropoles » la
préféraient vêtue » (p 97) , « Nous ne devenons ce que nous sommes
que par la négation intime et radicale de ce qu’on a fait de nous « (p
108), « L’Européen n’a pu se faire homme qu’en frabriquant
des esclaves et des monstres « (p 117),