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Etude Djilali Sari- "Le mémoires de Hadj Ahmed Bey...."

Date de création: 09-07-2020 13:15
Dernière mise à jour: 09-07-2020 13:15
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE DJILALI SARI- « LES MÉMOIRES DE HADJ AHMED BEY….. »

Les mémoires de Hadj Ahmed Bey (1774-1850). Etude de Djilali Sari. Anep Editions, Alger 2015. 211  pages, 650 dinars.

Hadj Ahmed Bey, unique bey fils d’une mère algérienne ( Hadja R’quya Bent Gana) , a été le dernier bey de Constantine. Investi en 1826, il n’a jamais cédé aux offres de l’occupant contrairement aux deux autres beys (de Médéa et d’Oran), et il a mené la résistance jusqu’à fin mai 1849. Il y eut même une tentative de le remplacer par le Bey de Tunis. Il ne fut capturé que suite à un double traquenard. . Il fut interné  (en résidence surveillée) à la ruelle Scipion (Bab Azoun Est/Alger) .L’auteur , à travers une analyse de contenu fouillée et plus que rigoureuse, démontre que les « Mémoires «  de Hadj Ahmed Bey », connues du  grand  public et surtout des chercheurs , ne sont, en fait,  qu’une traduction en partie falsifiée des propos  et autres confidences recueillies (sans témoins) par un officier des Bureaux arabes , le capitaine de Rouzé, seule personne admise à entrer auprès du chef  désormais « prisonnier » à Alger. Déjà , au départ, un entrefilet du 6 mars 1849 (pp 139 et 140) parue dans le journal colonial Akhbar, annonce la couleur par un ton moqueur et folklorique. Il décrit un  Ahmed Bey confiné en son domicile,  « au milieu de son harem de treize  femmes et qui mènent une existence assez triste........ne voyant de l’extérieur que le petit espace de ciel qui s’ étend au-desus de la cour » ....jusqu’au 30 août 1850, date de son décès .

 Marcel Emeri, un chercheur  -grand découvreur de documents au fonds des Archives, sans aucune mention, comme l’original du traité de la Tafna -  qui a présenté  les « Mémoires » en 1949 n’est pas plus totalement objectif . Il trouve que «  le style du document et la tournure d’esprit du rédacteur (le capitaine de Rouzé) sont d’une allure tellement barbaresque  (sic !) » qu’il est « obligé d’admettre que le bey Hadj Ahemd a dicté lui-même ses souvenirs ».

Il reconnaît cependant que si les adversaires du Bey l’ont présenté comme un « tyran cupide et sanguinaire » (sur la base du seul document existant écrit par un homme qui le détestait, un certain Salah El Antri, secrétaire du bureau arabe de Constantine , « médiocrement informé » ) , une opinion adoptée par les généraux  (français ) ......dans ses mémoires, on retrouve « un homme pondéré, pacifique, respectueux de la volonté du peuple exprimée par la voix des notables, généreux , autant qu’il est possible, envers ses ennemis ».....Et, d’ajouter que « bien que ce Turc n’était pas un ange  et s’il avait été un tyran détesté, il n’aurait pas pu lutter pendant 18 ans contre nous......et lors de sa reddition, en 1848, interné  quelques jours à Constantine,  toute la population se cotisa pour le pourvoir en vêtement et en vivres »

L’Auteur: Géographe de formation, et historien , docteur d’Etat , il est professeur à l’Université d’Alger depuis 1966. Membre de plusieurs Unions scientifiques internationales, il a participé à différentes manifestations scientifiques nationales et internationales . Auteur d’un grand nombre d’ouvrages .L’essentiel de ses publications (pour la plupart traduit en arabe)  est consacré à l’évolution du pays et au reste du Maghreb durant les  décennies écoulées, en privilégiant l’approche interdisciplinaire. Quatre ouvrages sur Tlemcen.  Son ouvrage –phare est celui publié en 1975 (Sned puis Enag, en français puis en arabe)  : « La dépossession des fellahs, 1830-1962 ». (Voir article de l’auteur sur le sujet abordé in Le Quotidien d’Oran du 30 décembre 2015)

Extrait: «  En dépit d’une correspondance  soutenue et bien argumentée, Istanbul ne manifeste aucun geste laissant espérer une probable assistance dans les meilleurs délais possibles. En fait, un silence prolongé et déstabilisant , humiliant»  (p 104)

 Avis : A lire surtout par les étudiants en Histoire pour déconstruire les études historiques d’origine coloniale, pour affiner leurs approches méthodologiques et leurs analyses (critiques )

Citation : « Ils (les Français) n’ont aucun droit sur nos territoires dont chaque pouce est un bien hérité depuis des milliers d’années : nous sommes libres, comment se permettent-ils de nous vendre au gouverneur de Tunis ? Possèdent-ils quelque chose pour pouvoir le vendre ? » ( Extrait de la pétition signée par 60 principaux chefs du Constantinois, et adressée au Parlement britannique, par Hadj Ahmed Bey, p 9)