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Essai Myriam Ait Aoudia - "L'expérience démocratique....."

Date de création: 07-07-2020 19:29
Dernière mise à jour: 07-07-2020 19:29
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI MYRIAM AIT AOUDIA – « L’EXPERIENCE DEMOCRATIQUE….. »

L’expérience démocratique en Algérie (1988-1992). Essai de Myriam Ait-Aoudia, Koukou Editions, Alger 2016, 346 pages, 1 000 dinars

Beaucoup d’ouvrages, d’études, articles , fora et tables rondes,  ont été consacrés, ici et là,  à l’expérience démocratique algérienne entre 1988 à 1992. Tout particulièrement. Peut-être , en raison  de son apparition inattendue (tant il est vrai que le système algérien bâti sur un « socialisme spécifique » et le mythe d’une Révolution continuelle) ......et de son échec (relatif) entraînant , durant toute une décennie, une véritable guerre intérieure (d’abord politique puis physique) causant des dégâts humains (150 000 à 200 000 morts ou plus ?) et matériels . Mais, aussi et surtout, en raison de son originalité , dans un monde arabo-musulman coincé entre les dictatures et les monarchies. Une expérience d’autant plus remarquée que , par la suite, l’Algérie n’a pas connu , comme dans certains autres pays arabes, en 2011, de « révolutions » . Elle a su, même se relever, et entamer une autre étape de son développement. ..traînant quand même certains boulets .

Mais, le cas algérien, au départ, en tout cas ses toutes premières années, si prometteur et si porteur de valeurs démocratiques, bien  trop vite analysé à partir de l’ « échec », a permis, ici et là, de repenser les processus de changement de régime...en Algérie et dans d’autres zones géographiques.

C’est ce que à quoi s’est attelé à montrer et à démontrer Myriam Ait-Aoudia, dans le cadre d’une recherche rigoureuse et scientifique, bref universitaire  comme on en souhaiterait tant  voir dans notre pays, en remontant le temps, afin de découvrir les erreurs et les failles...sans tomber dans les condamnations sans appel.

Une première partie retrace le processus qui a abouti à l’effondrement du régime de parti unique  après les émeutes d’octobre 88 . Une seconde partie couvre la période allant de la légalisation des nouveaux partis en septembre 89 à l’annonce officielle , en mars 90, de la tenue de la première élection pluraliste fixée au 12 juin. Enfin, une troisième partie  se concentre sur « l’apprentissage  chaotique » de la compétition électorale pluraliste.....et la fin que l’on connaît (arrêt de l’expérience électorale en janvier 92 et dissolution du Fis)

Conclusion tirée d’une « expérience modèle »  devenue « un contre-modèle, un repoussoir tant pour la société algérienne que pour ses voisins », avec une interrogation transcendant les clivages politiques : « Comment édifier un régime véritablement pluraliste dans le monde arabe sans risquer de basculer dans une violence islamiste ou une restauration autoritaire de type militaire ou policier ? ». Laisser, peut-être, le temps au temps ? Beaucoup de « pain sur la planche » pour tous nos politologues

  L’Auteure : Maître de conférences en sciences politiques (Bordeaux) , chercheuse , elle a co-dirigé , avec Antoine Roger, un ouvrage, « La logique du désordre » , en 2015 (Presses de Sciences Po’). Auteure de nombreux articles scientifiques sur les partis politiques, l’islamisme et les transitions démocratiques

Extraits : « Entre 1988 et 1992, l’expérimentation pluruipartisane en Algérie constitue le seul cas de démocratisation dans la région. A la lumière des « révolutions arabes » de 2011,  elle apparaît comme un premier cas dont l’analyse offre des outils ajustés » (p 14) , « Aucun des pays arabes ayant connu des soulèvements populaires de  grande ampleur à partir de 2011 n’a expérimenté dans le passé un véritable pluralisme partisan comme l’Algérie » (p 294)

Avis : Trop académique et destiné surtout aux universitaires et aux étudiants,  mais passionnant....pour tous !

 Citations : «  Le « pouvoir » algérien est généralement présenté dans la littérature académique de façon simpliste :il serait dominé par l’armée et subsidiairement par le président. On verra au contraire que le « pouvoir » est composite, associant une multiplicité de pôles, chacun pesant d’un poids variable en fonction de la conjoncture et de l’évolution des rapports de force « ( p 20), « Le régime algérien a progressivement  glissé d’une « défense militaire » de la démocratie, ce dont témoigne l’intervention militaire en janvier 1992, mais aussi en juin 1991, vers une « défense politico-institutionnelle de la démocratie » (p 298)