EDUCATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- SOUVENIRS ALI BENFLIS- « A
CEUX QUI M’ONT FAIT DÉCOUVRIR LE GÉNIE DE LA LANGUE ARABE »
A ceux qui m’ont fait découvrir le génie de la langue arabe. Un livre de
souvenirs et de témoignages bien plus
qu’un essai de Ali Benflis (Préface de Mohamed Lakhdar Maougal)
. Houma Editions, Alger 2012,
266 pages, 458,20 dinars
« Après Dieu,il
y a l’enseignant », c’est que ne
cessait de répéter à ses enfants, la
maman ...qui ne savait ni lire ni écrire.Ajoutez-y le
respect dû au maître d’école inculqué très tôt par le père qui vouait une
considération immense aux professeurs. Il est vrai qu’en ces temps-là, malgré
l’oppression coloniale qui s’exerçait sous diverses formes ,
dont l’exclusion (feutrée mais existant bel et bien , le système devant surtout
former de la main-d’oeuvre taillable et corvéable à merçi, à partir des Centres d’apprentissage) assez tôt des
bancs de l’école. Heureusement, il y avait des enseignants (le Moudères) , parfois nationalistes
clandestins (ainsi, d’ailleurs, que des instituteurs européens «
progressistes » ou carrément communistes ou tout simplement humanistes.......et
j’ai eu cette immense chance en Cm2 en 1954, échappant ainsi au Cep qui
dirigeait vers le Centre
d’apprentissage ) , qui ont poussé à la
connaissance et à l’effort pour échapper à la « pieuvre » raciste et
coloniale. Des enseignants que l’auteur regrette qu’on ne les aient pas distingués , honorés ou même salués de leur vivant par notre
pays : Mostefai Mouhoud
dit Si Abderrachid, Benmohamed
Abdelkader, Lamrani Mohamed, Sari Mohamed, Bouchareb Mokhtar, Toumi Abdelkader Sayef dit Cheikh Toumi..... Tous
des enseignants émerites et polyglottes passionnés,
attentionnés et affectueux, rigoureux , justes et engagés, tous éducateurs et passeurs de
savoir aux destins exemplaires, tous soucieux de promouvoir une éducation
émancipatrice de l’humanité dans toute sa diversité
Note complémentaire : Il y avait trois
Médersa devant former des cadres de l’enseignement (mouderès)
et des auxiliaires de justice musulmane ainsi que des interprètes judiciaires :
Constantine (1909), Alger (1904) et Tlemcen (1905) Durée des études : 4 années avec possiblité de poursuivre les études universitaires de 2
années à l’Institut des études supérieures islamiques d’Alger (Athaalibia) . Le
relais est pris par les Lycées d’enseignement franco-musulman en juillet
1951....avec des études secondaires de 7 années, l’examen du bac et le diplôme des Lefm.
L’Auteur : Elève du lycée franco-musulman de
Constantine (devenu Hihi El Mekki
après l’indépendance) de 1959 à 1964, Iicence et
post-graduation en droit (1968),
magistrat (Blida, 1968) , procureur de la République (Batna, 1970) ,
procureur général (Constantine, 1971), avocat ( 1974), membre fondateur de la Ladh (1987), ministre de la Justice ( 1988)....Député en
1997, Directeur de campagne de A. Bouteflika (1er mandat) , Chef de
cabinet à la Présidence de la République (1999) .......Chef du gouvernement en
2000...reconduit en 2002....Candidat à l’élection présidentielle de 2004,
remettant ainsi son mandat de Sg/Fln en avril 2004,
puis candidat en avril 2014.
Actuellement président d’un parti politique d’opposition, agréé le 9
septembre 2015, Talaie El Hourriyet
(Avant-garde des Libertés). Benflis est déjà
auteur d’un ouvrage consacré à son père et son frère enlevés puis torturés à
mort en 1957, par l’armée coloniale et à neuf Chouhada
(martyrs) membres de sa famille. Né
le 8 septembre 1944 à Batna, A. Benflis est marié et
père de quatre enfants.
Extraits : « Les générations de
lycéens des années de guerre ne sont pas et n’ont jamais été des promotions que
Robert Lacoste aurait préparé insidieusement pour l’Algérie indépendante.C’est
tout le contraire qu’il faut croire. Nos générations furent indubitablement un
creuset pour les futurs cadres de l’Algérie en instance de libération »
(M-L Maougal, préface, p 15), « Le seul but visé
est de promouvoir une éductaion émancipatrice de
l’humanité dans toute sa diversité. C’est ainsi que vous n’avez cessé
d’insister sur l’importance capitale de l’ouverture à toutes les cultures, à
toutes les civilisations possibles, ainsi qu’à l’acquisition du maximum de
langues fonctionnelles « (p 27)
Avis :
Des lettres de reconnaissance adressées
à ses enseignants d’arabe (et le lycée d’enseignement franco-musulman a
été un haut lieu de rayonnement et d’apprentissage de la langue arabe....et de
la langue française)...et beaucoup de photos et de documents (grande
émotion !). On aurait tant aimé voir l’initiative se répéter pour bien
cultiver la mémoire culturelle nationale, la bonne, la vraie
. Mais qui en a, aujourd’hui, en ces temps d’ « usurpateurs à tous
crins » , de
mémoire ?
Citations : «
Il est des hommes, plus que d’autres, qui marquent une vie. Jeune
terreau fertile, l’enfant s’imprègne de ce qui l’entoure. Pour lui, le
temps d’articule essentiellement autour de ses parents puis des parents et des
professeurs d’école, à compter de la scolarisation. Chacun apportant son lot
dans la construction de l’homme en devenir » (p 7) « La confiance,
le respect et l’autorité ne se décrètent pas. Ils se forgent grâce aux qualités
morales et intellectuelles ainsi qu’à l’exemplarité de ceux qui les
détiennent » (p 9)