VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN MOHAMED SARI- « PLUIES D’OR »
Pluies d’or. Roman de Mohamed Sari. Chihab Editions,
Lieu d’édition non indiqué (décidemment !) 2015,
156 pages,900 dinars.
Une ville, Ain Karma, un (ancien) moudjahid
encore jeune , Amar Kerrouche,
(monté au maquis suite à une bagarre avec un harki.... à propos
d’une « femme de mauvaise vie ». Au départ aucun militantisme
mais devenu, par la suite , un véritable héros......devenu propriétaire de la
ferme du plus gros des colons de la région , mitraillette toujours en sa
possession et bien en vue , aimant les femmes ; dont celles des
autres) ......Un jeune, « Al
Mahdi », fils d’un Chikh totalement décati ayant renvoyé la
mère.......devenu, par hasard, après la mort du père, gardien du mausolée de
Sidi El Mekhfi.....et la découverte , par hasard,
d’un très vieux manuscrit contant l’aventure d’Ibn Tumert
et les miracles supposés accomplis. Il se prend pour le nouveau Mehdi,
attendant le « miracle » qui lui donnera les « clés
magiques » pour changer le monde (découvrir le tunnel qui relie la
ville ...à la Mecque, rien que ça) . Bien sûr, les femmes ne manquent pas , servant surtout de « repos du guerrier ».
Hier,
aujourd’hui. Donc, tout baigne dans l’huile.....alors que les choses sont en
train de changer : la vision du monde extérieur à travers le prisme des
combattants partant lutter contre le communisme en Afghanistan, le chômage et
la misère rampantes, l’ennui et le désœuvrement des jeunes et , surtout,
une religiosité versant peu à peu dans un fanatisme borné voulant s’imposer par
la force. L’histoire récente du pays avec tous ses faux miracles, ses violences
souvent meurtières, ses phantasmes, ses
révoltes.....et ses désillusions
L’Auteur : Né en 1958 à Cherchell,
professeur d’Université (Alger).
Ecrivain bilingue (il dit être « un polygame qui aime deux femmes » , les deux langues, française et arabe) , romancier,
traducteur, critique littéraire, journaliste . A déjà écrit un roman « La
carte magique » sur les faux moudjahidine.....refusé alors en Algérie, mais
publié, plus tard .....à Damas
Extraits : «
La guerre est finie , mes frères. Nous avons acquis
l’indépendance. Nous sommes les maîtres du pays. Il faut en profiter. Il faut
vivre, au lieu de ressusciter les vieux démons. Descendez en ville, cherchez-vous
des maisons, des terres, des commerces, et pourquoi pas des femmes » ( p
91), « La kasma reste surtout un mât de cocagne
où un tas d’individus viennent chaque jour que Dieu fait se revendiquer de la
glorieuse Révolution, quémander une signature, ou plutôt deux, en bonne et due
forme, afin d’acquérir la merveille des merveilles , le quitus pour l’Eden, la
carte magique, le sésame qui donne droit à tous les privilèges , ceux d’ici-bas
et, dit-on, même ceux de l’au-delà » (p 127)
Avis : Roman à
l’écriture « réaliste ». Roman dur, cru. Un roman qui décrit assez
bien le bruit et la fureur annonciateurs
de la tragédie des années 90. A lire . A
méditer.
Citation : « Une bouteille
jetée à l’eau dans les mers du Sud a plus de chance de trouver un destinataire
qu’une lettre envoyée à une administration algérienne ! » (p 112)