EDUCATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN DJAMILA ABDELLI LABIOD- « LA RÉGLISSE DE MON ENFANCE »
La réglisse de mon enfance. Roman de
Djamila Abdelli Labiod,
Editions Baghdadi, Alger 2015, 157 pages, 450 dinars.
Elle a dix-sept ans. Et, déjà , elle pense à
la misère des hommes, à la misère des femmes, à la misère d’un peuple, à la
misère tout court.......Et, pourtant, Lina est (globalement) heureuse entre un
père aimant , quoique sévère et une mère semblable à toutes les mères,
soucieuse de voir sa fille devenir plus tard une bonne épouse....afin de ne pas
subir les moqueries d’une belle-mère acariâtre.
Elle vit dans un village où il n’est pas
facile d’être femme et encore moins jeune fille .« L’ennui
remplissait ses journées » ....tout particulièrement juste après
l’Indépendance (à la fin des années 60) , après avoir
vécu son enfance...à Paris. Heureusement , elle
découvre la ville, Alger et ses ors, « Alger originale, voluptueuse et
charnelle »....une ville dont l’animation lui rappelle son enfance...en
France, son « pays natal » .
En compagnie de ses cousines,
elle découvre le cinéma, retrouvant les bonbons à l’anis....la réglisse, à laquelle elle s’était habituée et ne se vendant pas (ou plus) en Algérie. Elle découvre aussi les
« boums » et le « jerk » et le « rock’n
roll »....et le premier baiser (volé , il est
vrai). Une parenthèse qui ne dure pas.
« Tiraillée entre deux cultures
différentes...confrontée à un sérieux problème d’identié »,
elle prend conscience que seulement les études pouvaient la faire sortir (comme
beaucoup de femmes) de l’impasse des « interdits ». Elle découvre , en effet , que l’Algérie de son enfance ,
découverte pour la première fois et lors d’un court séjour, en 1962 , n’a rien
à voir avec celle de 1967 pour le séjour définitif.....en Kabylie.
Heureusement, elle réussit , grâce aux cours par
correspondance ( pas question, pour le père,
qu’elle aille dans un internat),
à devenir institurice....
L’Auteure :Institutrice de
français. Après avoir quitté l’enseignement pour se consacrer à sa famille,
elle monte sur la scène littéraire avec cette première oeuvre
Extraits : « Bien
souvent, à tort d’ailleurs, la jeunesse voit une personne de grand âge comme
une chose inutile et encombrante. Cependant, chez l’être humain, la vieillesse
fait de lui un puits de trésors composés d’une expérience de vie, de
connaissances et de sagesse » (p 15), « Si pour mon père, l’Algérie
était une réalité, pour moi qui ne connaissait guère ce pays, il avait l’aspect
d’un songe » (p 83), « Si le
corps abrite la force de vie pour lui donner la forme d’un être fragile et
mortel, il est la geôle de cette force
de vie qui s’échappera un jour pour trouver la liberté sous un aspect
différent » (p 157)
Avis :Ni roman, ni
autobiographie. Surtout des souvenirs d’enfance et de jeunesse ( ??) . Très bien écrit.....simplement, clairement. Des
longueurs mais pas de lourdeurs.
Citations : «
La peur déshabille l’être humain de toute dignité et le pousse parfois à des
actes répréhensibles, comme : la traîtrise, le mensonge, le crime, la
haine de soi-même et des autres, etc. La peur peut mener aussi au désespoir et
à la destruction des individus » (p 93), « Si naître , c’est avoir la
possibilité de connaître la terre aux contours définis, mourir c’est renaître
pour retourner à la source et découvrir la lumière d’un univers infini et
éternel » (p 157)