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Essai Denise Brahimi- "Algérie enfermement. Littérature...."

Date de création: 05-07-2020 19:18
Dernière mise à jour: 05-07-2020 19:18
Lu: 924 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI DENISE BRAHIMI- « ALGERIE ENFERMEMENT.LITTÉRATURE…. »

Algérie enfermement. Littérature, cinéma, peinture. Essai de Denise Brahimi, El Kalima Editions, Alger 2015, 246  pages, 600 dinars

A travers les oeuvres de cinq grands noms de la culture (dont deux peintres : Sauveur Galliéro et Mohammed Khadda,  et trois réalisateurs  dont Merzak Allouache et  Yamina Bengugui) : Samir Toumi, Kateb Yacine, Fromentin, Assia Djebar, Germaine Tillon, Mouloud Mammeri, Isabelle Eberhardt, Boualem Sansal, Mohammed Dib, Albert Camus, l’auteure, présente , plutôt nous révèle , avec pédagogie, l’image, la sensation et/ou le sentiment « d’enfermement » de la personnalité collective des Algériens .

Parti du livre le plus contemporain ,  peut-être le plus révélateur, sinon le plus « choquant » (pour moi) , celui de Samir Toumi (« Le Cri », déjà présenté dans cette même rubrique) , elle a remonté le temps en revisitant d’autres écrivains, peintres ou réalisateurs.

Le thème est fécond.......et, à travers les œuvres, on va , avec l’auteure, analyste littéraire de grande envergure , de découverte en découverte .....de nous-mêmes....à travers une longue histoire, coloniale y compris (centrée, celle-ci autout de très petits endroits faits seulement pour les Européens )

Une géographie fragmentée (morcelée comme, par exemple ,la Kabylie bien décrite par Feraoun et Mammeri dans « La Colline oubliée » ou par le peintre Khadda ) ,  Alger et son bloc fermé constitué par La Casbah, des villes repliées sur elle-mêmes, chacune se préférant capitale et fuyant les subordinations des unes des autres (Constantine dans Nedjma de Kateb Yacine ou Oran de Camus  dans « La peste » et, aussi, dans  « L’été »)

Une préhistopire et protohistoire avec le refus d’intégrer à la famille un étranger par peur , surtout de moeurs différentes et refus considéré comme nécessaire à la survie ( « Le Harem et les cousins » de Germaine Tillon) ...et une humeur ombrageuse (Le « Jugurtha »de Henri Kréa)

Une histoire contemporaine ayant accentué l’enfermement ...côté Algériens , comme côté Colons.....et à l’Indépendance, un enfermement idéologique . Un idéologie unique qui est le nationalisme , accompagné d’une conviction politique forte , l’internationalisme

Trop d’enfermements cumulés ...avec une masse de frustrations , au niveau des grands artistes mais aussi au niveau des citoyens ....Résultat des courses : un désir de fuite lié au sentiment d’étouffement. D’où une autre sorte d’émigration pour « s’en sortir », la « fuite des cerveaux »  (comme l’émigration économique) : « Harraga » de Boualem Sansal

Ah, on allait oublier les femmes ! Elles vont tout faire pour sortir de leur « enfermement » ( avec une  aggravation de la situation durant la décennie rouge) ...Elles y réussiront par la résistance et le refus de continuer à être « enfermées »

L’ Auteure : Née à Mâcon ( France), elle  a vécu de 1962 à 1972 à Alger. Agrégée de lettres classiques (1960), docteur ès lettres (Paris, 1976). Enseignante à l'université d'Alger jusqu'en 1971, professeur de littérature moderne et comparée à l'Université Paris VII (en 1992).Elle s'intéresse au Maghreb depuis les années 1960, et elle est spécialiste des récits de voyage au Maghreb. Elle leur a consacré plusieurs ouvrages, dont sa thèse, portant sur les voyageurs du XVIIIe siècle, plus ou moins inspirés par l'esprit philosophique de leur temps, ainsi qu'un recueil de textes intitulé « Opinions et regards des Européens sur le Maghreb aux XVIIe et XVIIIe siècles ». Elle s'intéresse particulièrement aux femmes qui écrivent et à leurs personnages féminins

Avis: Livre esprésenté sous une forme un peu style polycope....sans introduction ou présentation et encore moins de conclusion, comme s’il avait été réalisé à la va-vite. Permet de mieux comprendre des œuvres peut-être lues ou vues trop rapidement

Citation: « En Algérie, tout le monde se plaint d’étouffer et dit son désir d’aller voir  ce qui se  passe ailleurs, quoi qu’il en soit. Mais, en même temps, dès qu’ils sont loin de chez eux, ces mêmes Algériens ont envie d’y revenir, et se sentent orphelins de leur pays » (p 9)