HISTOIRE- RESISTANCE – CHEIKH BOUZIANE
Cheikh Bouziane qui fait partie
des résistants algériens du 19ème siècle dont les crânes avaient été séquestrés
depuis plus d’un siècle et demi en France et rapatriés (25) à l’occasion de la
commémoration de la fête de l’indépendance et de la jeunesse, le 5 juillet 2020
. Cheikh Bouziane avait dirigé la
résistance héroïque de l’oasis des Zaatchas, dans la
région de Biskra en 1849. Ahmed Bouziane est originaire de Bordj Ouled-Azouz, petit village de la
vallée de l'Oued Abdi dans les Aurès. Il était prédicateur religieux et
nationaliste que l’Emir Abdelkader avait désigné comme chef de la tribu des Zaatchas. Au début de l’année 1849, deux ans après la fin
de la résistance de l’Emir Abdelkader, il déclare la guerre sainte contre les
troupes françaises en mobilisant les populations locales de la région de
Biskra. Il se fixe avec sa famille (une femme, une fille, deux fils) dans le
village de l'oasis de Zaatcha, à trente-cinq
kilomètres au sud-ouest de Biskra. Connu comme étant l'homme le plus aisé des Zaatchas, intelligent et organisateur, Cheikh Bouziane
prétexte l'augmentation de la taxe sur les palmiers pour déclencher
l'insurrection généralisée de toute la région des Zibans.
Cette insurrection qui débute le 16 juillet 1849, a été prise au sérieux par
les autorités coloniales qui ont mobilisé d’importantes forces de répression
dirigées par les officiers les plus sanguinaires de l’armée française, parmi
lesquels le colonel Carbuccia et le général Herbillon qui avait reçu d’importants secours en hommes et
en matériel avec ordre de mater les « rebelles » et de liquider Cheikh Bouziane
qui avait réussi à galvaniser ses combattants et à recevoir le soutien de
certaines tribus du Hodna et des Ouled
Nail. C’est ainsi qu’après quatre mois
d’affrontements ininterrompus, le général Herbillon
ordonne le 7 octobre 1849, le bombardement à l’artillerie lourde des remparts
entourant l’oasis de Zaatcha et réussit à ouvrir des
brèches et à occuper la Zaouïa du Cheikh Bouziane. Les troupes françaises
mobilisées pour faire le siège de Zaatcha dépassaient
le nombre 8.000 soldats commandés par une armada d’officiers dont le tristement
connu colonel Canrobert et une dizaine officiers aussi cruels les uns que les
autres. Devant la résistance héroïque des compagnons de Cheikh Bouziane soutenu
par la population, ordre est donné à la troupe de passer à l’assaut et de
massacrer sans distinction tous les habitants de l’oasis, de couper les
palmiers (10.000 au total) et d’incendier toutes les maisons. Voilà ce qu’écrit
le colonel Canrobert au sujet de ce massacre collectif inhumain : « A mon
réveil, je trouve devant ma tente, fixé à la baïonnette d’un fusil, la tête de
Bouziane. A la baguette pend celle de son fils ; à la deuxième capucine est
celle de l’un des autres chefs insurgés. Avant de les exposer au camp aux yeux
des Arabes, qui pourront constater que leur shérif et ses califes sont morts,
les zouaves ont voulu me faire l’hommage de ce sanglant trophée. Je suis écœuré
; je me fâche à la vue de ces dépouilles dignes des barbares : « Que
voulez-vous, m’objectent les zouaves ; ils se défendaient : il fallait bien les
tuer si nous ne voulions pas qu’ils nous tuent ». Je suis obligé de me résigner
à cet usage indispensable pour frapper l’esprit des populations toujours
disposées à se soulever ». Les résultats de cette bataille : près de 1.000
cadavres ont été découverts sous les décombres (hommes, femmes et enfants). Les
français reconnaissent avoir eu : 165 tués dont 10 officiers et 790 blessés.
Les crânes de Cheikh Bouziane, de son fils Hassan Bouziane et de son lieutenant
El-Hadj Moussa Eddarkaoui,
morts en héros le 26 novembre 1849, font partie des 24 qui ont été rapatriés le
3 juillet 2020 pour être inhumés le 5 juillet au carré des Martyrs d’El-Alia.