EDUCATION – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ENTETIENS P. MARTIN ET C. DREVET
(AVEC) – « LA LANGUE FRANCAISE VUE DE LA MÉDITÉRRANÉE »
La langue française vue de la Méditerranée. Entretiens réalisés par Patrice Martin &
Christophe Drevet (Préface de Maïssa
Bey). Editions Média –Plus ,
Constantine, 2011 ( Tarik éditions,
Maroc, 2001, puis Zellige, France , 2011) , 188 pages, 700 dinars
Une sélection de
trente neuf entretiens (concis , précis, tournant autour de deux à trois questions)
parmi les trois cent entretiens réalisés dans le cadre d’une émission
(1997-2003) sur Médi 1 (radio/ Tanger).
L’idée de départ était
simple : partir à la découverte des écrivains francophones du monde entier
et qui accepteraient de partager leur parcours singulier et leur regard
personnel sur la langue française. Une langue qu’ils ont appris à pratiquer ,
parfois difficilement, souvent assez facilement…..subie ou choisie, d’accueil
ou d’exil, d’héritage colonial ou d’émancipation individuelle, de travail ,
d’amour, d’enfance ou de maturité, de résistance , de liberté….
Pourquoi la
Méditerranée seulement ? Une réalité géographique et stratégique
, mais aussi une réalité poétique et mythologique (Edgar Morin) qui en
font la beauté et le mystère …Un lieu matriciel, « tissé de contrastes qui
en font la beauté et le mystère » (Maissa
Bey) .
Pourquoi le
français ? Sans abandonner les langues maternelles (arabe, berbère, judéo-arabe, grec, espagnol, turc,
italien…) qui sont toujours là, il y a une ou plusieurs rencontre(s) , puis une sorte d’histoire (s) d’amour ,
chaque écrivain rencontrant ou recherchant un « souffle », celui de
la liberté.
Deux Grecs, deux Syriens, un Italien, huit Algériens , six Tunisiens, deux Espagnols, cinq Marocains, deux Egyptiens,
cinq Libanais, deux Albanais, un
Palestinien…..
Driss Chraibi, Salim Bachi, Malek Chebel, Ismail Kadare, Yasmine Khlat, Salah Stétié, Amin Malouf,
Yasmina Khadra, Assia Djebar, Boualem Sansal, Albert Memmi,
Abdelwahab Meddeb,
Elias Sanbar, Fouad Laroui…..
Sans eux, « les
affluents qui se déversent dans le
fleuve de cette langue », selon Vénus Khoury-Ghata,
qui rejette la langue française telle qu’elle s’écrit, dans le roman français
actuel,… « la langue
hexagonale serait une langue sèche, froide, sans aucun lyrisme, sans âme, sans cœur, sans jus, sans
suc, sans sève » .
Une langue qui ne parle pas à l’âme …..
Les
Auteurs :
Patrice Martin est un ancien journaliste d’Europe 1, France Info’ et M6
ayant rejoint Médi 1 en 1991. Chef de
service…jusqu’en 1991. Il aurait été « limogé » pour avoir comparé
(en conférence de rédaction) le parti politique marocain Pjd
au Fn de Marine Le Pen. A vérifier ! Il avait été « récupéré »
en tant que chef du service des langues géopolitiques de l’Audiovisuel
extérieur de la France….
Le co-auteur, Christophe Drevet
est (était ?) , aussi , on l’aura compris à la
lecture de l’avant-propos, journaliste à Médi 1
Avis :
Conseillé
à tous ceux qui n’aiment pas la langue
française…..et à ceux qui, francophones,
veulent se débarrasser de leur (s) complexes
Citations : «
Les langues sont difficiles à apprendre mais faciles à oublier » (Vassilis Alexakis, écrivain grec,
p 15) , « Je n’aime pas la méthodologie politique de la
francophonie. Je n’aime pas la francophonie politiquement posée mais, par
contre, j’aime beaucoup la langue française » (Rachid Boudjedra,
p 40), « Le français, tel que je l’écris, ou même tel que je le parle,
c’est une langue que je fabrique » (Driss Chraïbi, p 58), « Si on
est fidèle à une langue, on est fidèle à une terre, même si on n’a pas les
pieds sur cette terre –là » (Colette Fellous,
écrivaine franco-tunisienne, p 67) , « La littérature, c‘est d’abord une question d’idées, de
pensées et non pas de langue. La langue, c’est un moyen. En littérature, ce
n’est pas la langue qui compte, c’est la générosité, le talent, le message
qu’on veut communiquer » (Yasmina Khadra, p 87),
« Ecrire, c’est un acte éminemment sensuel » (Yasmine
Khlat, écrivaine libanaise, p 97), « La France
pour moi, c’est Paris, c’est une table sur laquelle il ya une machine à écrire.
Mon imaginaire et mes souvenirs vont toujours piocher dans cet Orient que j’ai
quitté » (Vénus Khoury-Ghata, écrivaine
libanaise, p 100), « Une langue n’est jamais que ce qu’on en fait »
(Malika Mokedem, p 129), « Le français est une
langue de résistance. C’est une langue qui est dans l’opposition, qui n’est pas
la majorité (….) .C’est de là que naît la culture la plupart du temps « (Wajdi Mouawad, écrivain libanais,
p 133), « En se fabriquant sa propre langue ou en s’enfermant dans sa
langue, on ne va pas très loin (….). Il faut s’accrocher au mouvement général,
sinon les tendances au repli peuvent faire reculer dans le temps » (Boualem Sansal, p 163)