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Essai Abdellatif Benachenhou - "L'Algérie.Sortir de la crise"

Date de création: 04-07-2020 16:39
Dernière mise à jour: 04-07-2020 16:39
Lu: 1091 fois


ECONOMIE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ABDELLATIF BENACHENHOU- « L’ALGERIE.SORTIR DE L CRISE »

L’Algérie. Sortir de la crise. Essai de Abdellatif Benachenhou .Edité à compte d’auteur ( ???), Alger 2015, 1 100 dinars 313 pages.

En 2001 et 2003, il avait publié deux ouvrages aux titres évocateurs: « L’Algérie, un pays qui gagne » et « Algérie , la modernisation maîtrisée ».  Après avoir quitté le fauteuil ministériel et le cercle présidentiel , un peu plus de dix années après, il édite cet ouvrage au titre bien moins optimiste. Déprimant même. Puisqu’il nous parle de la crise dans laquelle le  pays se trouve soudainement empêtré.

C’est assez apocalyptique comme introduction, d’autant qu’elle est courte et bourrée de données, en rafales de mitraillette : En 2030, c’est-à-dire dans moins de 15 années, les jeunes de dix-huit ans (nés en 2013) , par exemple, fréquenteront (« peut-être » , ouf !) « une université de moins bonne qualité ou moins gratuite, se présenteront sur le marché du travail et trouveront difficilement un emploi …sur un marché du travail plus exigeant en économie ouverte » .Il y aura 45 millions d’Algériens …peut-être même 50….avec un budget social de la nation qui « explosera pour assurer la protection sociale de tous, « ce qui n’est pas sûr »….En  2022, on n’exportera plus de pétrole. En 2030, on consommera 85% de la production commercialisée de gaz…..Bref, la tension sera maximale et  « il faudra gérer l’amertume des vieux et la grogne des jeunes, notamment diplômés ».

Heureusement, il y a la question qui peut sauver.  Que faire ? Bien que les solutions ne paraissent pas facies à se dessiner en raison du petit nombre des partisans de la réforme.

Si la première partie expose la situation actuelle (Trop de rente, pas assez d’impôts et de cotisations, protection sociale excessive et injuste, couple peu vertueux de l’épargne et de l’investissement, déclin du patrimoine public, précarité de l’emploi et inégalité des revenus, vraie fausse ouverture de l’économie, modernisation sociale inachevée…..bref, un statu quo intenable avec sa crise du modèle de croissance, une  dérive budgétaire, une fragilité croissante du pouvoir d’achat international et une accumulation patrimoniale et technologique très fragile) , la seconde partie s’intéresse aux  possibles solutions pour « sortir de la crise » : Réforme des prélèvements obligatoires, sortie progressive des subventions, lutte contre l’inflation, renforcement de la qualité du service public, améliorer la qualité et le ciblage de la protection sociale, consolider et diversifier le marché financier, installer un nouveau régime de croissance, revoir la politique économique extérieure…..Réformer comme cela s’est fait et/ou devait se faire en 2000-2005 (avec pour animateur l’auteur, alors ministre des Finances … ayant , entre autres, les idées du Fonds de régulation des recettes et le remboursement par anticipation de la dette extérieure ) , sinon c’est la marginalisation. Hélas,, à partir de 2004, la hausse du prix du pétrole , malheureusement arrivée trop tôt, certaines mesures de réformes ont été « détricotées »  et on a vu le retour aux « vieux démons » : moins de  réformes, plus de dépenses. La baisse des prix du pétrole en 2014, 2015….et 2016 a totalement changé la donne et il va falloir « imposer des choix autrement plus contraignants »

L’Auteur :Professeur agrégé de sciences économiques, diplômé de sciences politiques de Paris, ancien doyen de la faculté des sciences économiques de l’Université d’Alger, secrétaire général de l’Association des économistes du Tiers monde, un certain temps président de la Commission économique du Fln……il fut ,par la suite, ministre des Finances et Conseiller économique (années 2000) du président A. Bouteflika. Auteur de près d’une vingtaine d’ouvrages , pour la plupart à contenu économique. Portrait saisissant signé Kadi Ihsane, in El Watan, 9 mai 2005.

Avis : Ouvrage très documenté et instructif. Destiné beaucoup plus aux experts, aux spécialistes, aux entrepreneurs et aux universitaires , ainsi qu’ aux étudiants….et aux curieux qui veulent  savoir comment on va s’en sortir.  Grand public, s’abstenir…

Citations :  « Sonatrach est ainsi prise en sandwich entre l’Etat, qui prélève taxes et dividendes, et les ménages qui vivent beaucoup à ses crochets » (p 17), « En Algérie, depuis plusieurs décennies, les prix ont toujours été superbement ignorés ; c’est la volonté politique, et non la rareté des biens ni les conditions de marché, qui a le plus souvent et continue de déterminer les prix. L’exception est devenue la règle » (p 25),   «  La pauvreté et le dénuement hérités de la colonisation imposaient à tout dirigeant politique de l’Algérie indépendante de mettre en œuvre des programmes de protection sociale. Mais celle-ci, historiquement incontournable ,a dérivé vers le populisme » (p 50), « Nationaliste ouvert en matière culturelle, bonapartiste ombrageux en politique, militant du patriotisme économique, il (A. Bouteflika) a eu une position très ambivalente en matière de politique économique » (p 306), « Même en cas de hausse nouvelle des prix des hydrocarbures, la malade sera soulagé mais certainement pas guéri » (p 313) .