ECONOMIE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ABDELLATIF BENACHENHOU- « L’ALGERIE.SORTIR
DE L CRISE »
L’Algérie.
Sortir de la crise. Essai de Abdellatif Benachenhou
.Edité à compte d’auteur ( ???), Alger 2015, 1
100 dinars 313 pages.
En 2001 et 2003, il avait publié deux
ouvrages aux titres évocateurs: « L’Algérie, un pays qui gagne » et
« Algérie , la modernisation
maîtrisée ». Après avoir quitté le
fauteuil ministériel et le cercle présidentiel , un
peu plus de dix années après, il édite cet ouvrage au titre bien moins
optimiste. Déprimant même. Puisqu’il nous parle de la crise dans laquelle
le pays se trouve soudainement empêtré.
C’est assez apocalyptique comme introduction,
d’autant qu’elle est courte et bourrée de données, en rafales de
mitraillette : En 2030, c’est-à-dire dans moins de 15 années, les jeunes
de dix-huit ans (nés en 2013) , par exemple,
fréquenteront (« peut-être » , ouf !) « une
université de moins bonne qualité ou moins gratuite, se présenteront sur le
marché du travail et trouveront difficilement un emploi …sur un marché du
travail plus exigeant en économie ouverte » .Il y aura 45 millions
d’Algériens …peut-être même 50….avec un budget social de la nation qui
« explosera pour assurer la protection sociale de tous, « ce qui
n’est pas sûr »….En 2022, on
n’exportera plus de pétrole. En 2030, on consommera 85% de la production
commercialisée de gaz…..Bref, la tension sera maximale et « il faudra gérer l’amertume des vieux
et la grogne des jeunes, notamment diplômés ».
Heureusement, il y a la question qui peut
sauver. Que faire ? Bien que les
solutions ne paraissent pas facies à se dessiner en raison du petit nombre des
partisans de la réforme.
Si la première partie expose la situation
actuelle (Trop de rente, pas assez d’impôts et de cotisations, protection
sociale excessive et injuste, couple peu vertueux de l’épargne et de
l’investissement, déclin du patrimoine public, précarité de l’emploi et
inégalité des revenus, vraie fausse ouverture de l’économie, modernisation
sociale inachevée…..bref, un statu quo intenable avec sa crise du modèle de
croissance, une dérive budgétaire, une
fragilité croissante du pouvoir d’achat international et une accumulation
patrimoniale et technologique très fragile) , la seconde partie s’intéresse
aux possibles solutions pour
« sortir de la crise » : Réforme des prélèvements obligatoires,
sortie progressive des subventions, lutte contre l’inflation, renforcement de
la qualité du service public, améliorer la qualité et le ciblage de la
protection sociale, consolider et diversifier le marché financier, installer un
nouveau régime de croissance, revoir la politique économique extérieure…..Réformer
comme cela s’est fait et/ou devait se faire en 2000-2005 (avec pour animateur
l’auteur, alors ministre des Finances … ayant , entre autres, les idées du
Fonds de régulation des recettes et le remboursement par anticipation de la
dette extérieure ) , sinon c’est la marginalisation. Hélas,,
à partir de 2004, la hausse du prix du pétrole , malheureusement arrivée trop
tôt, certaines mesures de réformes ont été « détricotées » et on a vu le retour aux « vieux
démons » : moins de réformes,
plus de dépenses. La baisse des prix du pétrole en 2014, 2015….et 2016 a
totalement changé la donne et il va falloir « imposer des choix autrement
plus contraignants »
L’Auteur :Professeur agrégé de
sciences économiques, diplômé de sciences politiques de Paris, ancien doyen de
la faculté des sciences économiques de l’Université d’Alger, secrétaire général
de l’Association des économistes du Tiers monde, un certain temps président de
la Commission économique du Fln……il fut ,par la suite, ministre des Finances et
Conseiller économique (années 2000) du président A. Bouteflika. Auteur de près
d’une vingtaine d’ouvrages , pour la plupart à contenu
économique. Portrait saisissant signé Kadi Ihsane, in
El Watan, 9 mai 2005.
Avis : Ouvrage
très documenté et instructif. Destiné beaucoup plus aux experts, aux
spécialistes, aux entrepreneurs et aux universitaires ,
ainsi qu’ aux étudiants….et aux curieux qui veulent savoir comment on va s’en sortir. Grand public, s’abstenir…
Citations : « Sonatrach est ainsi prise en sandwich entre l’Etat, qui
prélève taxes et dividendes, et les ménages qui vivent beaucoup à ses
crochets » (p 17), « En Algérie, depuis plusieurs décennies, les prix
ont toujours été superbement ignorés ; c’est la volonté politique, et non
la rareté des biens ni les conditions de marché, qui a le plus souvent et
continue de déterminer les prix. L’exception est devenue la règle » (p
25), « La pauvreté et le
dénuement hérités de la colonisation imposaient à tout dirigeant politique de
l’Algérie indépendante de mettre en œuvre des programmes de protection sociale.
Mais celle-ci, historiquement incontournable ,a dérivé vers le populisme »
(p 50), « Nationaliste ouvert en matière culturelle, bonapartiste
ombrageux en politique, militant du patriotisme économique, il (A. Bouteflika)
a eu une position très ambivalente en matière de politique économique » (p
306), « Même en cas de hausse nouvelle des prix des hydrocarbures, la
malade sera soulagé mais certainement pas guéri » (p 313) .