POPULATION-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ADRIANA LASSEL- « UNE MAISON AU BOUT DU
MONDE »
Une maison au
bout du monde. Roman de
Adriana Lassel, Editions Dalimen , Alger 2015, 700
dinars, 343 pages.
L’auteure raconte l’histoire de sa famille.
Son histoire aussi. Presque tout. Elle raconte tout cela à partir de la
description d’une maison familiale, à
Santiago, celle qui l’a marquée le plus , celle où, enfant, comme tous les enfants,
l’accessoire devient l’essentiel, le détail devient le tout et le petit devient
immensément grand. Elle livre tout ou presque tout. La vie en famille, sa
scolarité, sa jeunesse, ses premières émotions, ses voyages…
Elle raconte sa vie familiale à partir de la « Grande maison »
, de la rue Chiloé, « centre
de nos vies », jeune et belle , « accueillante telle une mère
nourricière »…peu à peu abandonnée, chacun ayant « une bonne raison
»
Elle raconte une vie de famille (presque )
heureuse entre un père sédentaire endurci , travailleur impénitent, « qui
préférait voyager à travers ses lectures»,
et une mère enseignante qui ne tient pas en place, voyageant sans
cesse, aux idées « progressistes » , mais avec
laquelle elle n’avait que des relations « superficielles ».
Elle se livre quasi-totalement pour nous
décrire un pays que l’on sait mystérieux (pour nous ,car
si loin…..au bout du monde) et si proche ( tout particulièrement depuis qu’il a subi la dictature de Videla, puis celle ,la plus atroce, de Pinochet et
l’assassinat d’un admirable grand révolutionnaire , Allende) , un pays que l’on
devine porté encore au plus profond de son cœur
Elle raconte sa vie d’étudiante , durant cinq
années…..apprenant à enseigner le castillan (l’espagnol littéraire ) et les
littératures écrites dans cette langue , manifestant contre les régimes
dictatoriaux (Strossner, Somoza, …) qui, à l’époque
foisonnaient et soutenant les luttes de
libération nationale (Cuba, Vietnam…et l’Algérie)
Elle raconte sa vie de jeune fille…..à
l’étranger depuis l’âge de 26 ans avec
,d’abord, le coup de foudre pour un pays , Cuba (invitée suite à un prix littéraire décrochée) , et là-bas, le coup de
foudre pour un autre enfant du bout du monde (chacun a son bout du monde) ,un
« beau sphinx » , un Algérien,
en visite organisée à Cuba durant l’été 62, juste après l’indépendance, pour
découvrir une « révolution en marche » . Il deviendra son époux ,
il l’emmènera en Algérie , ils iront en Chine et ils vivront la Révolution
culturelle. Elle vivra à Alger jusqu’à
ce jour avec ses enfants, allant , de
temps à autre, revoir les parents et la terre de ses ancêtres…..Avec le temps
qui passe, et les épreuves endurées (au Chili) , la famille s’est désormais
agrandie et dispersée dans différents pays . …devenant ainsi internationale . La maison de la rue Chiloé a été vendue à
une entreprise de téléphonie mobile qui l’a aussitôt démolie…pour y installer
une antenne à sa place
L’Auteure : Elle est
née à Santiago du Chili. Elle est mariée à un Algérien (rencontré à Cuba) . Longtemps enseignante. Elle a la nationalité algérienne.
Elle vit à Alger. Elle se consacre à l’écriture et à la recherche, tout
particulièrement à l’œuvre de Miguel de Cervantès et du monde musulman. Déjà
plusieurs ouvrages dont
« Lucas le Morisque ou le destin d’un manuscrit retrouvé » (Le Tell,
2007) ,
« Parfum de vie » (Thala Editions,
2010), « Cinq années avec Cervantès » (Dalimen
, 2012) ….
Avis : Gentille auto-biographie romancée. Agréable à lire car le livre nous fait vivre à l’ « intérieur » d’une famille
chilienne puis algéro-chilienne .
Citations : « Mettre
des balises au temps qui passe aide à retenir la vie, à donner un éclairage au
vide du passé » (p 11), « Comme c’est angoissant d’avoir à faire le
bon choix quand on a vingt ans » (p 166), « Ce qui est naturel, c’est
que l’écrivain apprenne des autres, de ses lectures personnelles, mais c’est
l’observation qui enrichit son imagination » (p 172), « Quand tout va
bien, les états d’âme d’un groupe familial ou social s’expriment sur le même ton, mais c’est dans
la tourmente des jours difficiles que s’entendent les notes discordantes des
différents caractères ainsi révélés » (p 331).