COMMUNICATION-
OPINIONS ET POINTS DE VUE- JOURNALISME- NABILA BOUCHAALA
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Quel journalisme
pourrions-nous offrir à notre société !
Par © Nabila Bouchaala (universitaire) /www.24hdz/blogs, juin 2020
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Avec une
identité hybride, un champ professionnel peu autonome et peu délimité, le
journaliste affronte aujourd’hui des contraintes liées notamment aux
innovations technologiques (accélération du rythme de travail, diversité des
supports, profusion de données notamment sur Internet). Entre adaptation et
appropriation technologique, les journalistes s’expérimentent à une infinité de
pratiques professionnelles.
Cette
contrainte n’est pas sans liens avec l’évolution des offres de formation par
les grandes écoles de formations en journalisme dans le monde. Des formations
avec un grand volet pratique, qui se reflète bien dans ce « nouveau
paradigme », entendu ici au sens des conceptions, théories et philosophies
de la discipline qui président à la formation en journalisme. D’ailleurs, il
suffit de regarder les offres de formations affichées par ces écoles pour le
comprendre.
Alors
qu’en Algérie, la formation en journalisme achoppe encore sur le volet
pratique. Les ressortissants de nos universités peinent à s’adapter aux
réalités du champ médiatique du fait qu’ils sont peu outillés d’un point de vue
technique et technologique. Une fois arrivés sur le marché du travail, ces
jeunes apprentis tentent de s’y adapter par l’acquisition rapide des pratiques
existantes, avec tout ce que cela induit comme dysfonctionnements (confusion
des genres journalistiques, faiblesse du contenu, erreurs professionnelles
récurrentes…etc).
Au sein
du secteur public, dont les règles professionnelles sont demeurées figées, le
jeune journaliste est contraint sinon les intérioriser du moins les observer.
Quant au secteur privé, les modèles hybrides qui ont été développés par
l’entreprenariat privé, sont ceux du journalisme de communication axé sur la
multiplication des supports et canaux de diffusion, la créativité et le
marketing, dans un marché totalement déstructuré. Les journalistes de ces
rédactions baignent donc dans ces eaux troubles du dark
desk. Mais quelles sont alors les pratiques que recouvrent
ce métier aujourd’hui ?
Pour répondre
à cette question, nous devons considérer deux volets, qui ne sont pas toujours
en adéquation : les pratiques professionnelles et la formation. Lorsqu’on
fait un tour d’horizon des pratiques professionnelles à travers le monde, on
observe un volet infini de méthodes, d’outils et de techniques appropriés ou
mis au service des médias, via des stratégies de marketing, de relations de
coopération…etc. Cela va de la mobilisation de certaines ressources humaines,
telles que le journalisme participatif et l’exemple le plus spectaculaire est
celui du site sud-coréen Ohmynews dont le nombre de
citoyens participants (rédacteurs) a dépassé les 50 milles. Il en va de même
pour le journalisme citoyen à travers les lanceurs d’alerte (Wikileaks en est le meilleur exemple) et les réseaux
sociaux numériques (RSN) notamment Facebook. Ce
dernier, principal vecteur des fakes news, a été
largement adopté par les journalistes qui ne manquent pas d’en reproduire
quelques-unes. Alors que les rédactions misent beaucoup sur les RSN pour leur
visibilité, car il s’avère que le trafic des journaux en ligne vient désormais
de Facebook.
L’autre
face de ces nouvelles pratiques, dont certains chercheurs refusent de les
classer dans la méga-catégorie « Médias » est l’usage de la technologie
de pointe notamment dans les processus d’investigation (Assistant IA,
applications de recherche d’information sur le web visible et le web
invisible). Certains professeurs de journalisme dans les universités
américaines proposent des cours de programmation à leurs étudiants pour les
initier au traitement des quantités infinies de données disponibles sur le net
en vue de renforcer les pratiques du journalisme des données et le journalisme
de solutions. D’autres ont même expérimenté le Drone pour optimiser la qualité
des images. Aujourd’hui, on recommande aux journalistes d’enquête notamment,
d’apprendre la cryptographie pour échapper au contrôle de la redoutable The
Five Eyes.
Dans
tous les pays développés, l’intelligence artificielle s’introduit progressivement
dans la fabrique du contenu médiatique. D’ailleurs, la création de l’art de la
narration, comme sous spécialité de l’intelligence artificielle vient appuyer
cette pratique. La question se pose alors sur les compétences techniques que
doivent avoir les journalistes. Est-ce que dans l’avenir on va demander à ce
groupe professionnel de toucher à la programmation? Peut-être!
Cependant,
l’introduction de la technologie dans le processus de production de ce métier
n’a pas eu que des effets positifs. Par certains aspects, elles ont servi les
journalistes en leur permettant par exemple, de traiter beaucoup de données
sans avoir à se déplacer. Alors que par ailleurs, elles ont uniformisé le
contenu en imposant aux journalistes le dictat des algorithmes. Le résultat est
que les médias, en perdant de leur crédibilité (les indices de confiance sont
au rouge dans les pays qui adoptent la mesure) ont indirectement participé à la
déconstruction de la prophétie sur la neutralité de la technique. Car en
imposant, des formats et des façons de faire, la technique fait subir aussi
bien aux journalistes qu’aux publics la manipulation. La transparence que
devait permettre la technologie est mise à mal par la réalité, dans la mesure
où sa fonction n’apparait sans doute pas clairement aux yeux des publics. Car
le journalisme est un outil de démocratie dont la mission première est de
permettre le débat par le biais de la qualité du contenu qu’il offre.