CULTURE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- MEMOIRES SMAIN- « JE REVIENS ME CHERCHER »
Je reviens me
chercher *. Mémoires de Smain. Editions Michel Lafon, Neuilly –sur –Seine/France ,
2011, 323 pages, 500 dinars
Aujourd’hui, il a plus de cinquante-cinq ans et trois adorables et adorés enfants
issus de deux mariages…..ainsi qu’une longue et très riche carrière d’artiste.
Pourtant, la chose n’était pas acquise
d’avance pour cet enfant abandonné à Constantine et adopté et chouchouté par un couple (d’âge avancé) d’émigrés
maghrébins (le père algérien, la mère marocaine) à Paris , de bien modeste condition .Enfance
presque heureuse, scolarité moyenne…normale, environnement paisible et
accueillant. Et, surtout une forte volonté de s’en sortir et de réussir …..dans le spectacle. La télé de l’époque et les bandes
dessinées étaient plus qu’une école. Il est vrai , que
tout jeune, il était déjà, sa bonne
bouille aidant, un animateur de première. Un seul obstacle, majeur à
première vue : la découverte (brutale,
en raison d’une enseignante ne sachant pas « tenir sa
langue »), de son abandon et sa recherche continuelle ,
presque éperdue, de ses parents
biologiques . Il fera tout pour les retrouver ou, au moins, « savoir » . Il ne réussira qu’à moitié.
Ceci lui a permis, aussi, de retrouver son
pays natal, l’Algérie et Constantine, ainsi que le village natal de son père
adoptif, en Kabylie. Il s’y sent , « membre d’une grand famille ». Ses séjours
fréquents lui ont permis de rencontrer (et de discuter longuement avec lui,
quatre heures durant) le président A. Bouteflika : « un homme à
l’intelligence fine, plein de commisération, très à l’écoute ». Et, son ascension en France lui a permis de
fréquenter les plus grands , du spectacle et de la politique : Ferré, Aznavour,
Devos, Bedos, M. Leeb, Barbara, Oury,
Michèle Morgan, Depardieu, Balasko, ……..Mitterrand, Sarkozy, Ségolène Royal, Dati, Giroud….
Tout cela n’alla pas sans échecs…face surtout
à la montée d’une autre génération d’humoristes beurs et magrébins ( J. Debbouze entre autres), et
dans un monde du spectacle évoluant à une vitesse rapide , écrasant tout sur son passage.
Heureusement que la chance est restée « sa plus fidèle
alliée » !
L’Auteur : Smaïn Fairouze, dit « Smaïn ».
Né le 3 janvier 1958 à Constantine, de père et de mère inconnus. Il est adopté en France, en 1960, par un couple algéro-marocain sans enfants. Acteur (de cinéma
, de théâtre, de télévision), humoriste , metteur en scène, réalisateur….Il a débuté
sa longue carrière au café-théâtre dans
les années 80 ; Philippe Bouvard
lui met les pieds à l’étrier en lui offrant une place au Petit Théâtre. A
séjourné plusieurs fois en Algérie, car très attaché à ses racines et y a même
animé des spectacles
Avis : Un homme
qui se livre « à fond », qui raconte (presque) tout. Un livre simplement écrit et plein d’humanité , d’amour et d’humour. Trop de jeux de mots,
peut-être ? Smaïn ne changera jamais.
Citations : «
Il n’y a de récompense valable que celle qui est immédiate et qui vous décernent , non pas les plénipotentiaires qui apposent leur
signature au fil des parapheurs sans savoir de quoi il retourne, mais les
simples gens quand, par exemple, ils épinglent leurs applaudissements sur votre
cœur » (p 98), «Tours de magie et miracles n’ont rien à voir. Les premiers
sont des faits divers, les seconds sont des faits divins » (p 103),
« Lorsque l’argent ne fait pas partie de votre culture, il réclame un
apprentissage, il faut en apprendre la grammaire, sinon vous vous retrouvez
vite fait bon dernier de la classe …sociale que vous briguiez »(p 176), « Le
rire est une arme de cohabitation massive « (p 183), « Les hommes
politiques ne sont pas seulement des acteurs, ils sont aussi des illusionnistes « (p 187), «
Les nations sont des grands enfants qui se disputent au tas de sable lorsque
celui-ci cache du pétrole » (p 247),
« Le succès vous propulse au rang de Vip. On vous flatte, on vous courtise……Un
fois élu, on commence à vouloir cumuler les mandats….On devient en réalité un
véritable dictateur pour soi-même… » (p 258), « Un film de monte sur
des noms ; une carrière se construit sur des non » (p 261) , « Roger-Gérard Schwartzenberg a parlé dans les
années soixante-dix d’Etat spectacle, moi je parle d’opinion spectacle. Nous
vivons une époque où tout le monde peut s’exprimer, salir, diffamer. On en recherche pas la parole d’expert, mais le mot
d’esprit…..le clash qui fait le buzz… » (p
283), « Le rire est l’antithèse de la raison d’Etat » (p 301)
*- Ouvrage présenté à titre exceptionnel, la chronique ne traitant ,habituellement, que les œuvres (d’auteurs algériens ou étrangers) éditées en
Algérie