HABITAT- BIBLIOTHEQUE d’ALMANACH-
NOUVELLES AMEZIANE FERHANI- « TRAVERSES D’ALGER »
Traverses d’Alger. Nouvelles de Ameziane
Ferhani. Chihab Editions,
Alger 2015, 236 pages, 880 dinars
Treize nouvelles. Certainement, un chiffre
porte-bonheur pour l’auteur qui sait contourner les situations les plus noires
ou les plus difficiles. Les rendre compréhensibles ,
acceptables et parfois admirables grâce à son sens poétique et ,aussi, de l’humour. Tout en douceur.De
la prose finement ciselé
Treize nouvelles, assez courtes certes mais
assez suffisantes pour décrire des situations - parfois dramatiques durant les
années 90- des gens , des
comportements….tous tirés de la vie quotidienne, ceux que l’on côtoie, mais que
l’on ne voit pas ou, alors, rapidement oubliés
A tout seigneur tout honneur. Il débute par
un chant d’amour pour le livre en rappelant au lecteur la présence et
l’importance non d’un libraire, mais d’un « faiseur de lecture » et
de lecteurs . Mouloud des « Etoiles d’or » (tout
en haut de la rue Didouche Mourad » !), une
boutique étroite avec plein de « livres d’occasion »
Suivent « De l’origine des
bruits » dans un immeuble populeux et quasi-populaire empêchant
toute vie individuelle ; puis ,la vie algéroise laborieuse (peintre en
bâtiment) de Pedro, l’exilé espagnol plein d’humanité, , « la nuit du
couvre –feu brûlé »……par un nouveau jeune policier qui en avait marre
d’être affublé d’un sobriquet par ses copains de quartier, et d’autres et
d’autres…..La dernière nouvelle est consacrée à Sidi Yahia
(quartier d’Alger) : vous saurez tout, ou presque tout sur un bonhomme au
parcours « étrange »… « réputé
pour entretenir des liens avec les génies aériens, sinon pour en être un
lui-même »
L’Auteur : Né en
1954 à Alger, sociologue…..il a été (et reste encore) journaliste avec une préférence , la « Culturelle » : Parcours
Maghrébins, Algérie Actualités, El Watan…. Connu pour
sa vaste culture….et apprécié pour sa bonhommie
Avis : Des écrits
simples sur des vies simples dans un pays (en apparence) simple. De plus, on en
apprend des choses : sur la qualité de la peinture (en bâtiment), sur
la confection d’un rapport de police, sur les hirondelles dont celle « des
mosquées »….Dans un paysage littéraire « misérabiliste »,
dramatisant tout et n’importe quoi,
enfin une bulle d’air frais. Dans
un pays extrêmement pollué, une
« mi-temps » (le temps de lire) pour retrouver son souffle.Malgré tout, le passé a du bon et la vie est
belle !
Citations : « La
culpabilité est une substance qui vieillit mal, surtout lorsqu’on la prive du
contact de l’air » (p 9), « L’odeur d’un livre est la quintessence
bactériologique de son âme » (p 13), « Le rôle de l’artiste est-il de
se mettre toujours aux devants, même dans sa vie privée ? Même lorsque
celui-ci s’en abstenait, les autres savaient l’y amener en jouant sur son
statut et, sans doute, sa prétention » (p 44), « C’est donner la vie
qui est le plus vieux métier du monde…..Donner la vie ou la transmettre, rien
n’est plus universel » (p 123)