VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH-ESSAI AHMED BENBITOUR- « L’ALGERIE DE L’ESPOIR »
L’Algérie de l’espoir .
Essai de Ahmed Benbitour. Editions Dar El Khaldounia,
Alger 2015 , 127 pages, 250 dinars
Trop intello’, Benbitour ?
Au minimum, professoral avec un souci évident (forcé ?) de pédagogie.C’est la première impression retirée de la
lecture de son « petit » livre qui ressemble bien plus à un constat
et à un programme dressés bien plus par l’universitaire et (ancien) grand
commis de l’Etat que par l’ homme politique . D’habitude
, les hommes politiques algériens vont droit au but, descendant
(dénonçant) en flammes ce qui existe chez les autres (le pouvoir) et énonçant
des solutions…. pour la plupart généralistes. Chez notre homme, il y a une
entrée en matière qui se veut (et qui est) rigoureuse, mais qui pêche par des raccourcis, surtout ayant trait
aux faits ou propos historiques dont
certains sont présentés rapidement et hors contexte (exemple concernant
l’immense Ferhat Abbas, ce qui a entraîné une série de protestations et de
rectifications). D’ailleurs, je ne
comprends pas pourquoi nos politiciens,
anciens ou nouveaux, passent leur temps
, s’escriment , quand ils écrivent (si, si, ça arrive !), à raconter l’histoire du pays , à remonter
son cours –au lieu de se fixer uniquement ( ou ,surtout, sur le présent et
l’avenir) – avec le grand risque , en tant que non-historiens validés, de
raconter ou de rapporter des « bêtises » et d’ajouter de l’ombre à la
confusion intellectuelle déjà existante ou entretenue par une certaine rancune, dans une ambiance de
« règlement de comptes ».
Ceci dit, le reste est totalement dans ses
cordes. D’abord, description d’un pays en « transition
permanente » : à savoir, ni système politique autoritariste organisé,
ni démocratie et ni économie administrée correctement planifiée ni économie de
marché. Ensuite, analyse du système de gouvernance avec un Etat qui se
caractérise par l’autoritarisme, le paternalisme et le patrimonialisme
dans l’exercice du pouvoir et par la rente et par la prédation dans
l’allocation des ressources : Un système « kléptocratique ».Après ,et cela coule de source, la grande question :
Quelle stratégie pour la transition démocratique ? Beaucoup (trop) de
questions et de comparaisons. Enfin, le programme pour construire…. une Algérie
de paix de justice et de prospérité : avec des tâches proritaires,
autour de la refondation de l’Etat et de
la refondation de l’économie .
L’espoir fait vivre !
L’Auteur : Universitaire
de qualité (licence ès-sciences mathématiques , DEA en
calcul des probabilités et statistiques de l’Université d’Alger, et Ph.D en sciences économiques de l’Université de Montréal),
plusieurs fois ministre (dans cinq gouvernements successifs :Finances,
énergie), sénateur, consultant international…..il est sorti du lot lorsque Chef
de gouvernement avec A. Bouteflika, il avait démissionné.Il
avait « osé » et ce n’était pas peu. Le reste est un long parcours
d’opposant politique critique…
Avis : Du déjà dit ou
publié (dans la presse) mais qui a l’avantage d’être rassemblé et actualisé. Au
niveau du programme, une priorité aurait dû être mise en évidence et non
diluée dans la refondation de l’école :
la refondation du citoyen afin d’améliorer , sinon de
changer, ses comportements individuels et collectifs , actuellement
« bouffés » par la fatalisme et l’indifférence ,par l’absence de
morale collective , par la violence et la corruption.
Citations : «
Face à une crise grave, la solution ne peut venir que d’innovations et de
nouveaux paris » (p 23), « En l’absence du minimum de rerspect des règles de bonne gouvernance, ce sont les
individus qui prennent les décisions au lieu et place des institutions
habilitées. C’est alors la non gouvernance » (p 41), « L’Etat en
Algérie se caractérise par l’autoritarisme, le paternalisme et le patrimonialisme dans l’exercice du pouvoir et par la rente
et la prédation dans l’allocation des ressources « (p 61), « Lorsque
nous parlons d’élites, nous parlons de groupe de gens, pas d’individus
dispersés ; de société, pas d’un désert ; de puissance et d’influence ,
pas de gens marginalisés ; de richesses et de savoir, pas d’individus
dépourvus de moyens intellectuels et matériels » (p 97), « Un système
qui n’est pas disposé à apprendre, qui n’est pas juste, qui ne sert pas les
intérêts de l’ensemble de la société , qui est construit sur la rente et la
prédation, est appelé fatalement à disparaître. Le régime totalitaire court à
son effonderment et son autodestruction » (p
101)