POPULATION –
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI HISTORIQUE LYÈS BENYOUB- « L’ESCLAVAGE EN
ALGERIE »
L’esclavage en
Algérie. Essai historique de Lyès Benyoub.
Tafat éditions, Alger 2014, 130 pages, 300 dinars
Définition de l’esclavage ? Il n’y en a
pas une seule mais plusieurs.Mais, toutes ou presque
toutes convergent vers l’absence de liberté…cette dernière ,
la liberté (et la personne physique la charriant) a.p.p.a.r.t.e.n.a.n.t
à une autre personne, à un groupe, à une organisation…..ou encore un Etat. Une
définition qui permet d’inclure les « esclaves » qui ne travaillent pas , comme les enfants très jeunes et les vieillards.
L’esclavage existe depuis la nuit des temps…
les religions amplifiant parfois, sinon souvent, le phénomène.Ainsi,
les Chrétiens et les Musulmans ont fait assez longtemps commerce d’êtres humains .
Et l’Algérie dans tout ça ? « Le
commerce arabe des esclaves est resté très actif de l’Antiquité à l’époque
moderne (…) .La région d’Alger , en particulier,
fournit les marchés nord-africains et proche-orientaux (turcs) en esclaves
provenant d’Europe méditerranéenne (…).Les prisonniers chrétiens sont vendus
comme des esclaves au marché d’Alger ». Un commerce lucratif.Avec , des noms
célèbres qui l’ont subi : Emmanuel Aranda, Miguel de Cervantès, le futur
auteur de Don Quichotte, Jean-François Regnard, un poète.Voilà
qui est dit sans détours ! L’occupation coloniale puis l’abolition, en
1848, en France (pays , faut-il le rappeller,
instigateur du « Code noir » sur l’esclavage en 1685 sous le règne de
Louis XIV) , de l’esclavage, resta sans grand effet en Algérie occupée…et on
eut , à sa place un « Code de l’indigénat » (9 février 1875),
appelé « Code matraque » , ce qui veut tout dire . Un esclavage
déguisé qui dura jusqu’ novembre 54.
L’auteur va encore plus loin en nous
présentant des exemples , avec force détails, d’esclavage en Kabylie, chez les
Touaregs, (« durant des siècles pourvoyeurs d’esclaves sur les marchés
sahariens ») et dans les pays environnants comme la Mauritanie (dernier
pays à avoir aboli l’exclavage, en 1981….mais, la
pratique demeure ancrée dans les mœurs et les traditions)
L’Auteur : Il est né en 1968 à El Harrach.Intendant de profession, il est déjà l’auteur d’un
premier roman, « Eternel Pardon », mélange d’événements historiques
et d’indignité humaine…et il a été un des anciesn
organisateurs des « Poésiades de Bejaia ».
Chercheur passionné d’ ‘histoire et de sujets sensibles
Avis : Sujet
assez original et, surtout briseur d’un « tabou ». Un pan de
« notre » histoire soit bien souvent (« volontairement » ) ignoré…. , soit tout simplement évité .
Dommage, ouvrage désarticulé, véritable patchwork documentaire !Il devrait le revoir et l’augmenter en s’intéressant
beaucoup plus aux nouvelles formes d’esclavage (dans le monde dit moderne) et
aux pratiques exploiteuses dans bien des pays arabo-musulmans du Moyen –orient.
Citations : « Notre
histoire est transformée en légende, en conte de fée ;chacun
la raconte à sa manière. Et, malheureusement, l’école n’a pu apprendre aux enfants
l’histoire du pays qui s’étale sur plus de trente siècles « (p 11),
« L’homme quel qu’il soit ne peut jamais faire entièrement ce qui lui
plaît. Les hommes sont les ennemis de tout homme qui veut essayer de modifier
ce qui existe déjà car ils désirent la liberté de faire ce qui les avantage
personnellement « ( p 88).