HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
BIOGRAPHIE SEDDIK S. LAKRECHE – « MESSAOUD ZEGGAR…… »
Messaoud Zeghar. L’iconoclaste
algérien. La véritable histoire de Rachid Casa. Biographie-essai par Seddik S. Larkeche . Casbah
Editions,Alger 2015,
381 pages, 1 500 dinars
A ses côtés, tous les autres
« milliardaires » du pays ne sont que des « petits » malgré
tous leurs exploits ou leurs réussites.
Voilà donc un jeune homme né le 8 décembre
1926, à Saint-Arnaud (
« Satarno » pour nous les Indigènes
de l’époque, aujourd’hui El Eulma) qui va
se lancer , dès l’âge de 15 ans,
dans les « affaires » en « négociant » d’abord avec les Américains de la base militaire de
Sétif. A 20 ans, grâce aux amitiés nouées, tout en militant au sein du Ppa (dont un des responsables n’était autre que Belaid Abdesselam….qu’il
retrouvera plus tard sur son chemin) , il se lanca
dans le commerce en tous genres , à partir d’Oran …Avec la guerre, il est
obligé de réfugier au Maroc , avec un
surnom, Rachid Casa (il a plusieurs surnoms dont « Mister
Harry ») et un patron, le Colonel Boussouf.
Il fut chargé de créer au Maroc un atelier
d’armement et d’approvisionner la révolution en matériel de tous genres (de
transmission, d’armes….). C’était le décollage
(56) et l’envol , à la tête d’une véritable empire international (
Intermédiation quasi-obligatoire pour toutes les grosses affaires de l’Algérie
avec l’étranger/ Représentation en Algérie de plusieurs entreprises françaises
dont Dassault et Creusot Loire…Grands hôtels de luxe à Paris , à Los Angelès , à Madrid, aux Bahamas /Ensembles immobiliers en
Espagne , au Portugal au Canada….et bien
sûr , en Algérie, à Alger et à El Eulma/ Compagnie aérienne aux Usa/ Propriété
agricole au Portugal/Des puits de pétrole en Virginie/ Une usine de moquette et
de velours en Suisse….) et d’une assez grosse fortune (300 millions de dollars
l’époque….et une quantité importante d’or ? 2 milliards de dollars de
l’époque selon un autre autre, Hanafi
Taguemout . Bien plus ou moins ?) dura
jusqu’au 8 janvier 83 avec son arrestation (par des agents de la Sécurité
militaire, alors dirigée par Kasdi Merbah), son long emprisonnement (quasi-secret) durant plus de 1000 jours,
jusqu’au 16 octobre 1985……en Algérie . « Descente
aux enfers » et mort à Madrid en 87 (empoisonné selon A Berrouane)
!A la fin de sa vie, il disposait certes de quelques
millions de dollars mais aussi de nombreuses dettes et toutes ses
« pépites » avaient été vendues durant son incarcération. Car,
entre-temps, Boumediène , son ami intime de
toujours, le « seul » , selon Kasdi Merbah lui-même,
était mort et Chadli l’avait remplacé. Autres dirigeants, autre temps,
autres moeurs ! Vengeance ? Envie et
jalousie ? Partage du gâteau ? Redistribution « imposée »
des cartes et des zones d’influence sur le plan international (M. Zeghar étant très, trop
proche des Américains ! N’avait-il pas organisé une rencontre
secrète entre Boumediène et Nixon, dans le bureau
ovale de la Maison blanche à Washington le 11 avril 1974, au lendemain du
fameux discours de l’Onu à New York ) ? Il est vrai
qu’à partir d’un certain moment, devenu
l’homme le plus riche du pays et un des plus puissants (de 65 à 78, surtout
puisqu’il « travaillait » aussi pour Boumediène)
, il avait alimenté la chronique internationale par le kidnapping en 1978 de sa
jeune sœur Dalila (partie « vivre sa
vie » au Canada) et quelques scandales liées à des contrats internationaux
de l’Algérie , Sonatrach en particulier , avec Ghozali comme Pdg et disait-on,
certains de ses cadres devenus des « partenaires silencieux » (entre
autres dans l’affaire Chemico) , avec un Belaid Abdesselam, devenu
ministre de l’Energie…mais aussi son « ennemi intime ».
L’Auteur :De formation
interdisciplinaire (sciences de gestion, sciences politiques, avocat, expert en
gestion stratégique des risques, professeur –chercheur…), il a mis quatre
années pour rechercher des informations, pour rencontrer des personnes
concernées par la vie de son héros. Au départ le hasard puis la curiosité, par
la suite le souci d’établir ou/et de rétablir la vérité sur le parcours
ahurissant et époustouflant d’un
personnage qui a laissé des traces dans la mémoire politique et
économique du pays (plutôt des vieux décideurs du pays).
Avis : Un
ouvrage qui devrait être étudié dans les Ecoles de Management et d’Affaires du
pays….La mondialisation-globalisation ainsi que l’ « esprit
d’entreprise » compris et pratiqués
par un Algérien de formation moyenne mais visionnaire, bien avant l’heure. Dommage qu’il ait été
« abattu » en plein vol par ses « frères » et
« amis » . Un système de gouvernance qui n’a
pas changé ! Une remarque : dans la page 33, l’auteur est allé
assez vite en besogne qu’en affirmant
que « militairement, la France avait gagné la guerre d’Algérie »…Un
phrase de trop ou peut-être exagérée !
Extraits : « Zeghar était par excellence un entrepreneur international
qui était déjà dans la mondialisation, avec un sens aigu de la recherche
d’opportunités diverses et de montages complexes » (p 142), « Le
système algérien (est) structuré d’une manière trop opaque, pouvant souvent
générer des marges de manœuvre excessives pour les entreprises étrangères qui
travaillent en Algérie. Précisement, la transparence
des marchés publics a été fréquemment controversée ,
laissant la porte ouverte à certaines malversations « (p 159)