SPORTS- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCIT
AHMED BESSOL LAHOUARI- « C’ÉTAIT LE MOULOUDIA DES HAMRAOUA…. »
C’était le Mouloudia
des Hamraoua, 1946-1956. Récit de Ahmed Bessol
Lahouari. Médias Sports Editions, Alger 2020, 207
pages, 600 dinars.
Il est né le 14 mai
1946 sous le nom de Mouloudia Club Oranais ( Mco). Une « ouaâda » est organisée…..grâce à la participation
financière des petits commerçants du quartier, El Hamri.
Une grande et belle aventure allait commencer……avec des hauts et des bas comme
pour tous les clubs algériens musulmans de l’époque car les terrains étaient
trustés par des équipes pour la plupart
composées de joueurs d’origine européenne, les « indigènes » étant
certes tolérés, en tout petit nombre, bien que dans la communauté
musulmane les talents étaient plus que nombreux et bien meilleurs (pas
seulement dans le foot , la boxe –sorte de tremplin idéal pour s’ouvrir
les portes d’une vie décente - attirant beaucoup de jeunes) .
Bien sûr, il y
avait déjà l’Usmo, un club possédant déjà un palmarès
impressionnant fondé le 1er mars 1926, mais….bref, passons (il était
financé par des « nantis »…et le « petit peuple oranais se
contentait de remplir les gradins »).
L’Usmo restait donc un mirage ne reflétant pas la réalité du
terrain, surtout celle des innombrables bonnes graines et des incroyables
talents de la balle ronde se contentant, pour les malchanceux, la
majorité, de pratiquer le foot dans la
rue et dans des terrains vagues avec des balles en chiffon…..le ballon coûtant
cher, et trop lourd pour les chaussures non adaptées ,
en général des « baskets » pour les moins infortunés ou , généralement, les pieds nus. Sur les
seize clubs qui disputaient alors le championnat de l’élite, ils n’étaient que
deux clubs musulmans, l’autre club étant l’Usmba
(Sidi Bel Abbès).
Le démarrage ne fut
guère aisée et les sélectionneurs, dont Bessol
Mohamed, membre fondateur du club , joueur-entraîneur et Sg
du club, peinèrent pour dégager les
meilleurs (le désir de jouer et la seule volonté ne suffisant pas) : bonne
technique, bonne touche de balle …et aussi et surtout la capacité d’évoluer 90
mn dans un stade aux dimensions réglementaires.
Premier match
…...en championnat de district de la ville d’Oran, le dernier palier du système
de compétition sur les cinq existants. …au stade de l’Usmo….contre
le Liberté Club Saint Pierrois, issu d’un quartier du
centre-ville. Maillot rouge, culotte blanche….et bas verts (les bas bleus de la
première mi-temps ayant été changés. A noter que la
couleur verte n’était pas prévue dans les statuts).
La suite est une
grande aventure, souvent belle , avec des victoires et noms lumineux qui font
encore rêver de nos jours (pas seulement dans le football mais aussi dans
d’autres disciplines comme la boxe et le cyclisme , et la saison 1954-1955
restera certainement , pour les anciens, la plus belle de l’histoire du club et
la plus enthousiaste avec l’accession en Promotion, un rêve de jeunesse des
dirigeants d’El Hamri, « toujours sur le pont
depuis 1946 ») , parfois douloureuse (avec des défaites, bien sûr) et
dramatique avec une grande mi-temps, celle de l’arrêt de participation aux
compétitions durant la guerre de libération nationale suite à l’appel du Fln
aux boycott ….et la participation à une autre compétition autrement plus
délicate et dramatique ….avec des centaines de martyrs , joueurs (dont des
cadets et des juniors qui rejoignent le Fln/Aln) ,
dirigeants et supporters. El Hamri en camp retranché,
une autre Casbah en lutte !
Juillet 62.
L’indépendance du pays…..Les entraînements reprennent dans une cour d’école (Avicenne)….
L’accession en nationale « Une » durant la saison 63-64…L’aventure
continue.
Note
complémentaire : je ne peux m’empêcher de reprendre de l’ouvrage une anecdote
assez piquante (p 89) dont je conseille la lecture : celle de « Belkacem dit « El Khane »,
qui met K.o Ben Bella. ».Ce dernier, défenseur
central, portait alors les couleurs de
l’équipe locale de Maghnia…et s ’en
était pris, à la fin de la rencontre à un supporter hamraoui.
Mal lui en pris…..la suite de l’histoire, après l’indépendance, est à savourer.
L’Auteur : Ancien footballeur
(international junior et accession du Mco en
Nationale « Une ». Journaliste (La République, Aps,
Botola….) , spécialisé dans les sports…..tout
particulièrement le football qu’il a pratiqué dans son club favori…..le Mouloudia.Auteur de plusieurs ouvrages (dont une pièce de théâtre , « Société
football »), consacrés au foot. Bio complète page 206
Sommaire :Prologue/ 34 chapitres allant de la naissance du Mouloudia
à l’appel du Fln au boycott, en passant par la grande famille du Mouloudia et El Hamri en camp
retranché
Extraits : « L’avenir
immédiat du Mouloudia n’est pas de gagner des titres,
mais de mobiliser la jeunesse pour une grande œuvre qui dépasse les
stades » (Abouna Omar, premier président du Mco…)
Avis : Un ouvrage un peu
trop…..riche en informations. L’idéal c’est de voir édités des ouvrages du même genre retraçant les parcours ,
parsemés d’embûches…et de sacrifices, des clubs sportifs (football et autres)
algériens….musulmans, durant la période coloniale ; la plupart, sinon la
totalité ayant arrêté les compétitions
dès le déclenchement de la guerre de libération nationale….et presque tous
comptant des martyrs de la Révolution. Commentaire très personnel :Quand on voit les parcours et les sacrifices des anciens
dirigeants (et ce jusqu’aux années 80)comparés à ceux des nouveaux dirigeants
du sport dit pro’ (certes nécessaire pour dégager des élites),on a l’impression
de vivre sur une autre planète où la pratique sportive est le cadet des soucis
et l’affairisme et le gain facile rapide
la priorité
Citations : « Le
football est le seul sport où le piston n’existe pas. Ou tu sais jouer ou tu ne
sais pas et alors tu vas choisir un autre sport » (Les supporters, p 31)