CULTURE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ALAIN GRESH- « L’ISLAM, LA REPUBLIQUE ET LE
MONDE »
L’Islam,
la République et le monde. Essai de Alain Gresh.Casbah Editions, Alger 2006, 439 pages, 900 dinars
Un choc des civilisations ? Pas étonnant
avec une masse d’ouvrages stupides et racistes, avec, tous , des thèses
pensant l’Islam comme fondamentalement différent de l’Occident, comme
ontologiquement autre…..le 11 septembre ayant « libéré » la parole
sur l’islam
Un malentendu périlleux : l’islam
permettrait de définir la « vérité » du monde musulman (pourtant si
hétérogène) …sans savoir ce que « dit vraiment » le Coran
La peur née des succès de mouvements
politiques inédits désignés rapidement sous des vocables fluctuants toujours
reliés à une « menace » , à la « violence » et depuis une certain temps au
« terrorisme »…..dans certains pays bien plus que dans d’autres, tout
particulièrement les « alarmés » et les éternels « amnésiques » (ainsi les Français, déjà traumatisés par la
« guerre d’Algérie » puis par la « guerre civile »
algérienne des années 90 qui a débordé chez eux, ayant , de plus,
« invité » et encouragé les terroristes…pour ce qui concerne
l’Algérie ). 1989 est un tournant avec l’affaire Rushdie et, surtout, le
foulard, et l’islam, alors
périphérique, devient sujet central de
la télévision….avec le rajout de menace à partir de 2001
Enfin, les polémiques diverses et
continuelles à propos de tout et de rien : foulard, inégalité des sexes,
laïcité, halal, rituels religieux comme le sacrifice du mouton ….avec ,en fin de course, la « lepénisation des
esprits » avec pour fond le racisme
ordinaire . Avant-hier le Juif, le Belge, l’ Allemand, l’ Italien, puis l’Espagnol et le Portugais, puis le noir et
l’Arabe (de la période coloniale) ,puis le
gitan et le « rom » et l’ immigrant des pays de l’Est , tous
des « voleurs de travail », aujourd ‘hui
le Musulman, sorte de « voleur de foi ». Demain, le Chinois ? En
attendant l’Extra-terrestre. Des périodes de « flambées racistes » et
d’ « hystéries politiques »
qui ne connaissent pas de répit en Europe depuis les années 30. L’avenir commun
et le « vivre ensemble »
……avec les « autres », n’est pas pour demain. Tout juste un peu de
compréhension pour votre compte en banque ….si bien garni. Peut-être, après
2050 ? Entre-temps, sans discussion « rationnelle », que de mots, que
de maux !
L’Auteur : Né en 1948,
élevé au Caire par un père copte
catholique et né d’une mère juive
d’origine russe , il a « très tôt perdu la foi,
sans grande crise de conscience ». Il avoue avoir vécu une époque
« formidable » en Egypte du temps de sa jeunesse et il avait même
appris, à l’école, en cours d’arabe, un poème à la gloire de
Ahmed Ben Bella. En France, il fait la connaissance de Henri Curiel (en fait , son père
naturel) et des « porteurs de valises » qui sortaient de prison. Journaliste , il fut longtemps rédacteur en chef , puis
directeur-adjoint du « Monde
Diplomatique »
Avis : De l’information,
de l’explication , avec précision, avec prudence, avec
pédagogie. Des vérités historiques ignorées ou évitées, la « laïcité
« recadrée ». Conseillé surtout à tous les « misislamistes »
(© Ghaleb Bencheikh) de
l’espace Shengen …ainsi qu’aux fondamentalistes radicaux et autres
terroristes cultuels de l’espace arabo-musulman. Bien sûr, les enseignants et
les étudiants devraient le lire et le re-lire.
Extraits : « Le
refus de l’Autre a, toujours, (….) deux facettes : la race et la
culture » (p 23), « Ces musulmans de France sont originaires d’une
multitude de pays (…). Certains sont des convertis.Souvent,
leur seule langue commune est le français. D’autre part, notamment pour les jeunes générations, la
religion est une affaire individuelle-ce qui n’était pas la cas dans les pays d’origine . Chacun adapte sa pratique et même ses croyances
à sa vie concrète, bricole son propre islam –ce phénomène a depuis longtemps
touché les catholiques qui, eux aussi, « choisissent » ce qui leur
convient dans les positions de l’Eglise » (p 135), « Avec le foulard,
et plus largement avec la présence des musulmans, la France a trouvé ce
« problème fictif » qui lui permet de s’unir » (p 382)