HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE AHMED BEDJAOUI- « CINEMA
ET GUERRE DE LIBERATION…… »
Cinéma
et guerre de libération . Algérie ,
des batailles d’images. Etude de Ahmed Bedjaoui . Chihab Editions, 308 pages, 1 000 dinars, Alger 2014
Jamais
le cinéma algérien n’avait fait autant parler de lui. Non par ses réalisations
qui se comptent (comme pour ses salles)
depuis déjà pas mal d’années, sur « les doigts …de quelques
mains » ( pour ce qui concerne les longs métrages
de fiction), mais seulement par les écrits autour de lui. On compense les
« vides » comme on peut !
L’ouvrage
de Ahmed Bedjaoui vient nous rappeller
cette triste et amère réalité, en nous replongeant dans l’univers d’un 7è art
pris dans les filets de l’Histoire…..et qui n’arrive pas à en sortir. Et
encore ! Mais, quelle Histoire ? Surtout celle allant de 54 à 62…..
alors que peu de nos cinéastes se sont
penchés (ou alors, seulement par des évocations rapides) sur la période des
débuts de la colonisation et des résistances populaires soulevées par
l’occupation française….et assez peu sur l’après-62 .
Aujourd’hui encore, aucun film sur les
personnalités ou héros du mouvement national comme Abdelkader ou Ahmed Bey ou Ben Badis
ou Mokrani ou Abane ou Abbas ou Amirouche ou
même Messali,
n’a vu le jour .Bouâmama est déjà oublié et Fathma Nsoumeur
n’a été sauvé que par un film en tamazight .Rachedi
s’est risqué à faire Ben Boulaid, mais il a subi bien
des critiques des « gardiens des détails de l’Histoire ». Et ce qui est accepté se
fait toujours avec retard…..Comme si on ne voulait d’autres héros que ceux qui
sont encore vivants…..et aux commandes.
En
fait, une véritable Histoire du cinéma national qui ne dit pas son nom ,
présentée avec rigueur et démarche
scientifique, n’empêchant pas l‘auteur (le chercheur) de dire certaines vérités
(ou révélations comme celle ayant trait aux négatifs des films algériens pour
l’heure dispersés dans des laboratoires étrangers) ou de dévoiler certaines
dérives loin d’être « révolutionnaires » (comme les querelles sur la
paternité des images ou la mise à l’écart de talents dont Djamel Chanderli ou Pierre Clément ou les oublis comme celui de Kaddour Semmar) . N’y manquent
que des fiches biographiques et techniques
La
« guerre est finie depuis cinquante ans » écrivait Ben Salama. Mais , la bataille des
images continue ! Avec les autres. Entre nous. Heureusement
, il y a des cinéastes Algériens expatriés, quelques vieux amis de la
Révolution algérienne, les documentaires, et surtout une nouvelle vague de
jeunes s’esseyant au court métrage de fiction …..et , toujours, M-Lakhdar
Hamina et A. Rachedi. La Révolution continue !
Avis :
Analyse de contenu complète sur le sujet.
Désormais incontournable
Extraits : « S’il est légitime de reprocher à l’ancienne
puissance coloniale de ne pas assumer ses responsabilités historiques, force est de constater
que ce sont les cinéastes expatriés qui ont fait la plus grosse part de travail
de mémoire sur la question des massacres de Sétif, Guelma ou Kherrata » (p 46), « Le cinéma algérien a fait
trop de films de guerre et pas assez de films sur la guerre de libération
« (p 112), « Sur la guerre
d’Algérie, on peut ajouter que, longtemps, le cinéma français a été muet et
silencieux » (p 147), « Si pour l’historien, la démonstration
historique est essentielle, dans la fiction, le réel n’existe pas (….) Pour
l’Art, la rélaité n’est qu’une illusion » (p
271),