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Roman Assia Djebbar - "Ombre sultane"

Date de création: 23-06-2020 18:01
Dernière mise à jour: 23-06-2020 18:01
Lu: 950 fois


POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ASSIA DJEBBAR- « OMBRE SULTANE »

Ombre sultane.  Roman de Assia Djebbar. Hibr Editions (1ère édition : en 2006 , chez Albin Michel S.A, Paris), 231  pages, 850 dinars . Constantine 2014

 

Quelle écriture ! De la prose, de la poésie. Mais aussi un style qui n’appartient qu’à elle, avec ce balancement continuel entre l’espoir et le désespoir. Mais , surtout, le désespoir d’une jeune femme, encore jeune fille en fleurs,  « offerte » à un homme ; une épouse femme-enfant  n’acceptant pas la soumission et l’enfermement d’un bel appartement ( une cage dorée) et découvrant brutalement une autre vie ,au sein de la grande ville. Un vie l.i.b.r.e : de respirer, de marcher, de voir, d’interroger, de savoir , de découvrir. En tout bien, tout honneur. En cachette du mari, elle sort de la maison et marche, marche ….Elle apprend à marcher « nue » (sans le voile imposé) . L’époux, un cadre, donc instruit, ayant déjà bien bourlingué à travers le monde (donc supposé « ouvert ») et ayant « fait les 400 coups » (deux mariages déjà) lui-même enfermé dans un ancien amour fou pour une autre (partie car ne supportant plus un certain machisme) d’où son impuissance (il lui a fallu « violer » sa nouvelle femme), découvre les fugues de la femme-enfant . Il ne les accepte pas . Déjà si lointain au lit et très proche de l’alcool,  sans attendre des explications ou chercher des raisons , il enrage d’être ainsi « trompé ». Alors, il frappe, frappe…

L’homme algérien, un esclavagiste qui s’ignore ? Au minimum, un exploiteur. La solution pour les femmes, toujours désirées , rarement aimées ! Partir. Revenir là où l’enfance était heureuse, seul moment de liberté .

Avis :  Une société déchirée qui n’arrive pas (encore) à se trouver et  qui se noie dans le paradoxe algérien (choc ? confrontation ?) authenticité -modernité….qui fait, au final,  seulement la déprime des hommes  et le malheur des femmes . Même l’amour fou n’arrive pas à surmonter (très longtemps) l’obstacle . Problème culturel ? Problème cultuel ? Choc civilisationel ?Un peu de tout, de tout un peu.

Extraits « Ici, sur cette terre, on vous tue en vous enfermant derrière les murs et des fenêtres occultées. A peine fais-tu le premier pas au dehors que tu te sens exposée ! Là-bas, personne ne regarde, personne n’a vraiment d’yeux ! »(p 122), « Un homme ivre a le droit de dériver, mais une femme qui va « nue » , sans que son maître le sache, quel châtiment les transmetteurs de la Loi révélée, non écrite, lui réserveront-ils ? » (p 132), « Sur nos rivages, l’homme a droit à quatre femmes simultanément, autant dire à quatre…..blessures » (p 135), « Dans ce secret du nid, dans ce recoin de  nuit, dans cette chaleur de l’ignorance, s’est noué pour nous toutes le harem « (142)