HISTOIRE-
GUERRE DE LIBERATION NATIONALE- FADHILA SAÂDANE
On ne peut guère évoquer la fameuse «Bataille de Constantine», durant la
guerre de Libération, sans rappeler l’histoire d’une femme d’exception :
Fadhila Saâdane.
Celle que l’on appelait «l’intellectuelle» était l’unique femme à
assister aux réunions tenues au maquis par le commandement de la zone autonome
de Constantine, qui avait pour chef Messaoud Boudjeriou.
Née le 10 avril en 1938 à Ksar El Boukhari
(actuelle wilaya de Médéa), Fadhila était la fille de Mohamed Salah Saâdane, originaire de Merouana
(actuelle wilaya de Batna) avocat à Aïn M’lila
(wilaya d’Oum El Bouaghi), avant d’abandonner cette
profession suite à un incident avec le juge du tribunal de cette ville.
Il décidera de devenir instituteur, ce qui explique les fréquents
déplacements de la famille. Après la naissance de Fadhila, la famille
s’installe dans l’ex-Saint-Arnaud, actuelle ville d’El Eulma (wilaya de Sétif).
Le père décède alors que Fadhila avait à peine deux ans. La mère
retourne avec ses enfants à El Harrouche (wilaya de
Skikda) où habitent ses proches. C’est là où Fadhila fréquente l’école
primaire. La mère décidera de s’installer enfin à Constantine avec ses quatre
enfants. Élève intelligente et douée, Fadhila poursuit une brillante scolarité,
ce qui lui a permis de rejoindre le fameux lycée Chanzy dans le quartier du Coudiat (le lycée qui porte désormais son nom).
C’est au lycée qu’elle s’engage dans les rangs de l’Association de
la Jeunesse Estudiantine Musulmane de Constantine affiliée au Parti du peuple
algérien (PPA). Après l’appel à la grève du 19 mai 1956, elle rejoint les rangs
du FLN, pour se charger du ravitaillement et de l’approvisionnement du maquis
en médicaments et en matériel.
Elle sera repérée et arrêtée en novembre 1956, puis incarcérée à
la prison du Coudiat pendant un an. Libérée, elle se
rend à Clermont-Ferrand en France pour poursuivre ses études sanctionnées par
l’obtention du bac. Mais la nouvelle de la mort sous la torture de sa sœur Mériem en juin 1958 précipitera son retour en Algérie.
Elle rejoint le réseau de la guérilla urbaine à Constantine où
elle prend part à plusieurs opérations et attentats. Suite à une dénonciation,
les forces françaises parviendront à localiser le lieu qui servait de refuge au
groupe de Rouag Saïd, dit Amar chef du secteur du
centre-ville de la zone autonome de Constantine.
Le groupe comptait également Kikaya
Amar, Fadhila Saâdane et Malika Bencheikh
qui assurait les fonctions d’agent de liaison. Dans la nuit de jeudi 16 à
vendredi 17 juin 1960, la bâtisse située au n°4 de l’ex-rue Vieux, dans le quartier
de Rcif, sera assiégée, avec la mobilisation d’un
contingent de Bérets noirs.
Se sentant cerné, le groupe passe par le toit de l’immeuble n°4
vers celui de la maison voisine portant le n°2 bis. Kikaya
Amar et Fadhila Saâdane se sont mis à l’abri dans le
grenier. Refusant de se rendre, ils ripostèrent avec courage. Ce n’est qu’après
un long échange de coups de feu et l’explosion de plusieurs grenades qu’ils
sont tombés les armes à la main.
Rouag Saïd et Malika Bencheikh avaient
réussi à descendre les deux étages de la maison pour se réfugier dans la cave
d’un magasin situé au rez-de-chaussée. Dans un combat à armes inégales ils
finiront par être tués d’une rafale de mitraillette. Fadhila Saâdane est tombée en martyr neuf jours après Meriem Bouattoura. Comme cette dernière, elle avait à peine 22
ans.