HISTOIRE- GUERRE DE LIBERATION NATIONALE-
ZIROUT AMINE (SYLVAIN ERNEST BRET)
Qui est Sylvain Ernest Bret ?
Issu d'une famille chrétienne, d’un père instituteur d’origine normande et
d’une mère sicilienne, Sylvain Ernest Bret est né le 15 mai 1933 à M'sila, et aura un parcours unique dans les annales de
l'histoire de l'Algérie et de sa Révolution.
Après des études primaires à M'sila et secondaires au
lycée Albertini de Sétif, il poursuivit ses études
supérieures à l'Université de médecine de Montpellier de 1952 à 1956.
A l'appel de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) à une grève générale le 19 mai 1956, lui, l'étudiant
chrétien en quatrième année de médecine, répond : Présent! Par cet acte, il
décide volontairement de prendre position dans un conflit qui oppose le
colonialisme français à la lutte de Libération nationale des Algériens. Fin mai
1956, il se retrouve au Maroc et rejoint le FLN. Il sera reçu par Mohamed
Boudiaf à Nador, ville à partir de laquelle ce dernier exerçait ses responsabilités
de coordinateur entre l'intérieur et l'extérieur. Il demande à rejoindre le
maquis, et se retrouve, en juin 1956, dans la région 5 zone 5, qui deviendra la
Wilaya 5 après le Congrès de la Soumman.
Au début du mois de mai 1957, de retour d'une mission au Maroc, je rencontre
dans les monts de Tessala — aux environs de
Sidi-Bel-Abbès — Si Larbi Tayebi
lieutenant politique de la zone 5 Wilaya 5 en compagnie d'un certain Malek.
Lors de notre discussion, j'ai, entre autres, été impressionné par les convictions,
la culture, le flegme et l’humour de Malek. Impressionné, oui, car il n'était
pas courant de rencontrer, au maquis, des universitaires, et à plus forte
raison un universitaire français. En fait, Malek était le pseudonyme de Sylvain
Ernest Bret.
En zone 5 Wilaya 5, de juin 1956 à début mars 1958, date à laquelle il est fait
prisonnier par l'armée coloniale, Malek sera en charge de la santé avec le
grade de lieutenant de l'Armée de libération nationale.
Après 2 années de prison entre Oran et Alger, les autorités françaises,
craignant qu’il ne soit liquidé par la Main Rouge ou les radicaux de l’Algérie
française, décident de le transférer, au début de l’année 1960, à la prison des
Baumettes à Marseille.
Libéré après la signature des accords d'Évian, il rejoindra les rangs de ses
compagnons, et sera promu au grade de capitaine.
Après l'indépendance, il sera élu, le 20 septembre 1962, député de Mostaganem à
l'Assemblée nationale constituante sous le nom qu'il s’était choisi: Amine Zirout.
Pour officialiser sa nouvelle vie, il se convertit à la religion musulmane et
opte volontairement pour la nationalité algérienne, qui lui sera accordée par
décret présidentiel paru au Journal officiel le 31 décembre 1964.
Il sera le premier ambassadeur d'Algérie à Cuba pendant une année. Ironie de
l'histoire, à ce poste, il y aura la rencontre de deux destins hors du commun.
Ernest l'Algérien et le légendaire Ernesto Che Guevara, argentin de nationalité
et ministre cubain, deux médecins qui ont changé de nationalité pour rejoindre
les Révolutions algérienne et cubaine, afin de lutter contre le colonialisme et
l'impérialisme.
Rappelé à Alger après un désaccord entre les deux pays suite au « coup d'Etat »
ou « réajustement révolutionnaire », il sera remplacé par son compagnon de
combat Si Larbi Tayebi. Il
occupera le poste de directeur des affaires politiques au ministère des
Affaires étrangères pendant deux ans. À ce poste, il reverra Che Guevara à 2
reprises à Alger.
À la fin de l'année 1967, pour convenance personnelle, il demande à être libéré
de sa fonction afin de finir ses études de médecine.
Après avoir obtenu son diplôme de docteur en médecine à l'Université d'Algérie,
il s'installera à Oran, où il se met au service de son pays en tant que médecin
spécialiste en pneumologie, et professeur à l'université de cette ville de 1972
à 1995, soit 23 ans de bons et loyaux services à la Nation qu'il s'est
librement choisie, à son pays pour lequel il a combattu afin de recouvrer sa
liberté et son indépendance.
Il décéda à Paris le 14 juin 1995, et son corps sera rapatrié pour être inhumé,
selon son ultime vœu, dans cette Algérie qu'il chérissait de tout son cœur.
Il repose aujourd’hui au cimetière d’Oran.