FINANCES- ETUDES ET ANALYSES- FMI/ALGERIE
2020
Alors que les pays africains, malmenés par les répercussions économiques
de la pandémie sanitaire, abandonnent les tabous de longue date pour
solliciter l’aide du Fonds monétaire international (FMI), «l’Algérie
constitue un obstacle rare»,
estime l’agence de presse américaine Bloomberg (mi- juin 2020).
Même si au sein du continent africain
l’expérience a été plutôt mouvementée avec le FMI, engendrant une appréhension
envers le prêteur, assimilé à une courroie d’ingérence étrangère, les ravages
économiques causés par le coronavirus provoquent des revirements soudains,
selon Bloomberg. Le FMI a ainsi approuvé plus de 13 milliards de dollars de
fonds d’urgence pour les pays africains.
Les deux
pays les plus peuplés, le Nigeria et l’Ethiopie, acceptent désormais l’aide du
FMI, et même l’Afrique du Sud – où le Congrès national africain au pouvoir
prêche l’autosuffisance depuis la chute de l’apartheid – négocie un prêt de 4,2
milliards de dollars. Globalement, en Afrique, plus de 35 des 54 pays africains
ont demandé une aide d’urgence du FMI depuis le début de la pandémie.
En Afrique
du Nord, l’Egypte et la Tunisie ont convenu de sommes importantes, tandis que
28 pays subsahariens reçoivent un financement de 10 milliards de dollars, soit
environ 10 fois la moyenne d’une année normale. Dans ce contexte,
l’Algérie, «un pays,
meurtri par sa rencontre avec le FMI pendant la guerre civile des années 1990», refuse d’accepter une aide du Fonds.
«Le président Abdelmadjid Tebboune a exclu
d’aller à l’agence basée à Washington, affirmant que cela compromettrait la
souveraineté du pays», écrit Bloomberg. «Le FMI est le symbole de la
crise des années 80 et 90’ et c’est un souvenir douloureux pour de nombreux
Algériens», souligne Dalia
Ghanem, chercheuse résidente au Carnegie Middle East
Center à Beyrouth. Citée par l’agence américaine, elle souligne que «les réserves de change de l’Algérie
donnent environ deux ans de répit».
Malgré une
situation plutôt difficile, l’Algérie n’est pas encore dans une situation aussi
désespérée qu’elle ne l’était à la fin des années 1980, lorsqu’une crise de la
dette l’a amenée à demander l’aide du FMI et que le gouvernement a eu du mal à
réduire ses dépenses et ses emplois alors qu’il était plongé dans un conflit
dévastateur, estime Bloomberg.
«Bien que les réserves de change soient à leur plus bas niveau depuis
plus de quatorze ans(…), le pays n’a pratiquement pas de dettes
internationales», souligne l’agence de presse.
Celle-ci
cite le président Abdelmadjid Tebboune qui affirme
que l’Algérie traverse une crise «temporaire». «Ce n’est pas catastrophique», a-t-il déclaré aux journalistes en avril, prévoyant un rebond du
prix du pétrole, rappelle Bloomberg.
L’agence
indique qu’une mission du FMI s’est déplacée pour la dernière fois en Algérie
en 2018, bien que le pays entretienne des contacts réguliers. «Le FMI pourrait potentiellement
fournir un soutien à la balance des paiements si un choc majeur frappait son
solde extérieur, ou si l’économie avait du mal à se rétablir suffisamment
rapidement.
Cela s’accompagnerait de conditions avec les quelles il est difficile
de savoir si les autorités algériennes seraient d’accord», écrit l’agence qui souligne que le FMI a refusé de commenter
l’éventualité d’une discussion pour une assistance à l’Algérie.
Au lieu de
recourir au FMI, l’Algérie semble opter pour d’autres options qui pourraient
épargner des milliards de dollars en devises fortes, souligne Bloomberg.
«Le
gouvernement réduit de moitié les dépenses de fonctionnement (…) et a annoncé
des réformes fiscales et des contrôles plus stricts sur les sorties de devises.
Le pays a également pris, rappelle Bloomberg, des décisions pour encourager les
investissements internationaux.
Pour
finir, l’agence américaine spécule sur une possible aide chinoise à l’Algérie,
arguant le fait que le président Tebboune s’est dit
prêt à emprunter à des pays «amis» sous forme d’aide, ou à financer des
co-entreprises dans des secteurs comme l’exploitation minière, le développement
des infrastructures et l’agriculture.
Ainsi,
pour l’agence américaine, une aide éventuelle «pourrait provenir de la Chine, qui est
la plus grande source d’importations de l’Algérie, et a déjà d’importants
investissements dans le pays.»