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Fmi/Algérie 2020

Date de création: 17-06-2020 17:51
Dernière mise à jour: 17-06-2020 17:51
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FINANCES- ETUDES ET ANALYSES- FMI/ALGERIE 2020

Alors que les pays africains, malmenés par les répercussions économiques de la pandémie sanitaire, abandonnent les tabous de longue date pour solliciter l’aide du Fonds monétaire international (FMI), «l’Algérie constitue un obstacle rare», estime l’agence de presse américaine Bloomberg (mi- juin 2020).

Même si au sein du continent africain l’expérience a été plutôt mouvementée avec le FMI, engendrant une appréhension envers le prêteur, assimilé à une courroie d’ingérence étrangère, les ravages économiques causés par le coronavirus provoquent des revirements soudains, selon Bloomberg. Le FMI a ainsi approuvé plus de 13 milliards de dollars de fonds d’urgence pour les pays africains.

Les deux pays les plus peuplés, le Nigeria et l’Ethiopie, acceptent désormais l’aide du FMI, et même l’Afrique du Sud – où le Congrès national africain au pouvoir prêche l’autosuffisance depuis la chute de l’apartheid – négocie un prêt de 4,2 milliards de dollars. Globalement, en Afrique, plus de 35 des 54 pays africains ont demandé une aide d’urgence du FMI depuis le début de la pandémie.

En Afrique du Nord, l’Egypte et la Tunisie ont convenu de sommes importantes, tandis que 28 pays subsahariens reçoivent un financement de 10 milliards de dollars, soit environ 10 fois la moyenne d’une année normale. Dans ce contexte, l’Algérie, «un pays, meurtri par sa rencontre avec le FMI pendant la guerre civile des années 1990», refuse d’accepter une aide du Fonds.

«Le président Abdelmadjid Tebboune a exclu d’aller à l’agence basée à Washington, affirmant que cela compromettrait la souveraineté du pays», écrit Bloomberg. «Le FMI est le symbole de la crise des années 80 et 90’ et c’est un souvenir douloureux pour de nombreux Algériens», souligne Dalia Ghanem, chercheuse résidente au Carnegie Middle East Center à Beyrouth. Citée par l’agence américaine, elle souligne que «les réserves de change de l’Algérie donnent environ deux ans de répit».

Malgré une situation plutôt difficile, l’Algérie n’est pas encore dans une situation aussi désespérée qu’elle ne l’était à la fin des années 1980, lorsqu’une crise de la dette l’a amenée à demander l’aide du FMI et que le gouvernement a eu du mal à réduire ses dépenses et ses emplois alors qu’il était plongé dans un conflit dévastateur, estime Bloomberg.

«Bien que les réserves de change soient à leur plus bas niveau depuis plus de quatorze ans(…), le pays n’a pratiquement pas de dettes internationales», souligne l’agence de presse.

Celle-ci cite le président Abdelmadjid Tebboune qui affirme que l’Algérie traverse une crise «temporaire». «Ce n’est pas catastrophique», a-t-il déclaré aux journalistes en avril, prévoyant un rebond du prix du pétrole, rappelle Bloomberg.

L’agence indique qu’une mission du FMI s’est déplacée pour la dernière fois en Algérie en 2018, bien que le pays entretienne des contacts réguliers. «Le FMI pourrait potentiellement fournir un soutien à la balance des paiements si un choc majeur frappait son solde extérieur, ou si l’économie avait du mal à se rétablir suffisamment rapidement.

Cela s’accompagnerait de conditions avec les quelles il est difficile de savoir si les autorités algériennes seraient d’accord», écrit l’agence qui souligne que le FMI a refusé de commenter l’éventualité d’une discussion pour une assistance à l’Algérie.

Au lieu de recourir au FMI, l’Algérie semble opter pour d’autres options qui pourraient épargner des milliards de dollars en devises fortes, souligne Bloomberg.

«Le gouvernement réduit de moitié les dépenses de fonctionnement (…) et a annoncé des réformes fiscales et des contrôles plus stricts sur les sorties de devises. Le pays a également pris, rappelle Bloomberg, des décisions pour encourager les investissements internationaux.

Pour finir, l’agence américaine spécule sur une possible aide chinoise à l’Algérie, arguant le fait que le président Tebboune s’est dit prêt à emprunter à des pays «amis» sous forme d’aide, ou à financer des co-entreprises dans des secteurs comme l’exploitation minière, le développement des infrastructures et l’agriculture.

Ainsi, pour l’agence américaine, une aide éventuelle «pourrait provenir de la Chine, qui est la plus grande source d’importations de l’Algérie, et a déjà d’importants investissements dans le pays.»