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Ecrits de presse Belhimer Ammar- 'Les Printemps du désert"

Date de création: 15-06-2020 16:49
Dernière mise à jour: 15-06-2020 16:49
Lu: 987 fois


VIE POLITIQUE-BIBLIOTHEQUE AL MANACH-ECRITS DE PRESSE  BELHIMER AMMAR- « LES PRINTEMPS DU DÉSERT »

 

Date de première  création: 14-06-2018 10:03
Avant-dernière mise à jour: 14-06-2018 10:03
déjà lue : 466 fois


Les printemps du désert. Ecrits de presse  de Ammar Belhimer. Editions Anep , Alger 2016 , 258 pages, 650 dinars

Avec M. Hamouche (Liberté) , après M. Hemici (El Khabar) , après K. Benkara (Sawt El Ahrar) , après (feu) K. Ameyar (La Tribune) , après A. Belkhodja (El Moudjahid)...... il était temps que les écrits de presse , en tout cas les études , les commentaires et les analyses,en attendant les reportages et les enquêtes signés de journalistes (ayant ou non la carte de professionnel) fassent l’objet de publications sous forme d’ouvrages mis à la disposition des publics qui ont « raté » la lecture lors de la parution dans le journal habituel. D’autant qu’un ouvrage permet de structurer les écrits leur donnant une homogénéité , dégagée des contraines de l’actualité.
C’est au tour de Ammar Belhimer de nous livrer un recueil de cinquante –huit ( 58) chroniques parues dans « Le Soir d’Algérie » mais ordonnées sous huit (8) grands sujets , tous sous le thème du « Printemps arabe » ou « Révolution » .... « le plus grand tsunami qui ait frappé le monde arabo-musulman » . Pour lui (en Avant-propos) une appellation élogieuse et les peuples attendent toujours les changements promis. D’accord avec lui sur ce point !Pour lui, que pouvait-on attendre de scenarii (sic !) élaborés et mis en œuvre pour redessiner la carte politique d’une région marquée par la nostalgie d’une décolonisation victorieuse, d’un nationalisme triomphant et d’équipes socialisantes parfois animées par la volonté sincère de progrès et de justice sociale . Pas totalement d’accord avec lui, car il a (volontairement ?) oublié les tentations (et les actions) totalitaires et dictatoriales de gouvernants arabes....qui ( candides ou machiavéliques ou mauvais calculateurs ou incompétents ?ou.....) ont largement facilité l’ouverture de brèches béantes aux interventions étrangères et aux extrêmismes locaux
L’Occident qui cherche de nouveaux relais (avec des libéraux qui déçoivent et une censure qui nourrit la violence) / L’impérialisme (qui) se rabat sur les monarchies (dont la force de frappe wahabite , l’argent des arabes et le culot qatari) / La mise en œuvre du GMO (et les ONG qui s’en mêlent) / Le nouveau « deal » (avec les néo-libéraux qui n’aiment pas l’Islam et la fatalité de la terreur) / Et après...(avec le marasme économique et les puanteurs conservatrices) / Les brumes du mythe et de l’idéologie (avec la revanche des monarques, l’esclavage au temps des Emirats et....... des illusions meurtrières) / Les « révolutions arabes » deux ans après (avec l’enigme Sissi, Manama entre deux feux, les Frères qui déçoivent..., et manifester jusqu’à quand ?/ Enfin, les désillusions (avec une recolonisation en vue, l’arrogance impérialiste, ce qui nous attend en 2015, les menaces sur l’Etat-nation......et nous ? Doutes et scepticisme)


L’Auteur : Docteur en droit , professeur de l’enseignement supérieur à l’Université d’Alger I, ancien journaliste (il a été un des grands animateurs du Mja) , actuellement chroniqueur au quotidien Le Soir d’Algérie. Auteur de nombreuses études de droit et d’économie et de droit de la communication. A déjà publié un ouvrage (Chez Casbah Editions) , en 1998, sur « La dette extérieure de l’Algérie : analyse critique des politiques d’emprunts et d’ajustement »


Extraits : « La recherche démontre que la décision de réprimer ou de censurer les médias sociaux dans une situation de troubles civils - au-delà des conséquences culturelles déplorables qu’elle génère, tenant à une répression condamnable de la liberté d’expression – est également , et surtout, contre-productive (suboptimal) quant à son impact attendu sur la violence civile » (p 20), « Le wahhabisme est au terrorisme ce que le sein maternel est au nouveau-né : une source irremplaçable de vie » (p 51), « Autre secret de la résilience des royaumes arabes, moins médiatisé : le recours systématisé à la matraque. Leurs armées n’ont gagné aucune guerre conventionnelle mais elles sont venues à bout de tous les soulèvements » (p 63) , « Les monarchies du Golfe sont de toutes les ouvertures et tolérances dès lors qu’elles ne touchent pas au sempiternel statut inférieur des femmes indigènes » (p 68), « Sissi semble être à Nasser ce qu’Eltsine était à Staline » (p 155) , « Tout dollar qatari investi dans une économie est socialement maudit parce qu’il est porteur des pires valeurs que la perversion humaine puisse enfanter » (p 170), « Le salafisme (...) est la matrice de toutes nos défaites annoncées....C’est sur cette époque (celle de la pensée obscurantiste incarnée par Ibn Taymiya : 1263-1328) que sont encore fixés les rétroviseurs qui orientent nos questionnements contemporains. Dans l’autre camp, les yeux sont fixés sur un pare-brise d’une étonnante visiblité » (p 221)


Avis : C’est « tout bon » ! Pour le chercheur, pour le curieux ....et pour le lecteur du Soir d’Algérie qui a « raté » la chronique « À Fonds perdus ». Ecrits et commentaires basés sur une documentation toujours sourcée et des travaux de recherche solides.....même s’ ils ne sont pas tous crédibles. Un seul manque : la datation des chroniques afin de contextualiser

 .
Citations : « Tout le destin d’une grande Révélation est réduit à ce que le vulgaire marché veut bien en faire » (p 7), « Ferveur révolutionnaire et sagesse démocratique ne se conjuguent malheureusement pas à tous les âges » (p 86), « Comme la liberté économique et la liberté politique ont été dissociées pour que les politiciens puissent s’en servir de leviers de commande pour se maintenir au pouvoir, forcément, alors une liberté n’en entraîne pas automatiquement une autre » (p 126), « Au-delà de l’effervescence de l’espace public, ce sont les injustices qui constituent le terreau immuable de la rage et de la haine sociales dans nos sociétés » (p 201)