SANTE- MALADIE
– POLLINOSE
Cette
maladie se développe notamment dans les régions où le palmier est fortement
cultivé.
Au-delà de ses aspects positifs
innombrables, le potentiel phœnicicole dont regorge
Biskra, entre autres, se présente parfois comme étant source
d’ennuis dont souffre une partie considérable de la population autochtone. Le
palmier est en effet source d’une pathologie peu connue pour beaucoup
d’Algériens. C’est l’allergie au pollen du palmier dattier, une pathologie dont
on ne parle que peu, alors qu’elle est toujours présente dans la région. La rhinite et la conjonctivite sont parmi les principaux
symptômes.
Le Dr Nabil Cheriet,
pneumo-allergologue ,
l’explique en détail : “La pollinose, ou l’allergie au pollen, se
manifeste par des réactions allergiques caractérisées par un écoulement et un
picotement du nez, une toux sèche, des démangeaisons, des maux de tête, des
éternuements à répétition, de l’eczéma, et bien d’autres symptômes. Les sujets
atteints de cette maladie, qui touche notamment les régions où le palmier est
fortement cultivé, peuvent développer ces symptômes toute l’année.” “Les
pollens du palmier contiennent une protéine végétale appelée «profiline», principalement impliquée dans cette réaction
allergique, et elle est responsable des manifestations cliniques respiratoires.
Ce sont les grains de pollen qui
provoquent des difficultés respiratoires, oculaires et des allergies cutanées,
constatées chez beaucoup de personnes de tous âges”,.
Interrogé sur le diagnostic de la pollinose, le
Dr Cheriet souligne que “cela
exige entre autres une certaine connaissance palynologique. Le diagnostic
s’appuie essentiellement sur des tests cutanés allergologiques
qui se font au niveau de la face antérieure de l’avant-bras, en mettant des
gouttes de l’allergène.
Le dosage sanguin peut évoquer le
diagnostic par la mise en évidence des immunoglobulines E (IGE) spécifiques des
pollens du palmier dattier dans le sang des malades, puis on pique doucement à
l’aide d’un stellar-point (petit bâtonnet en
plastique conçu à cet effet), et la lecture se fait après 15 minutes, en
mesurant le diamètre de la réaction cutanée qui se manifeste par une rougeur
localisée au point de l’injection”. Pour ce qui est du traitement de cette maladie,
l’allergologue fait savoir que
“généralement les médecins prescrivent à leurs malades des médicaments contre
l’allergie dès que les premiers symptômes commencent à apparaître, et parfois
ce sont de simples médicaments préventifs.
Et si le patient développe un asthme ou
présente d’autres formes sévères, on recourt à la prescription des corticoïdes.
On a, à titre d’exemple, traité des centaines de cas sous corticoïdes et anti-histaminiques, et la majorité des patients vient
pratiquement de toutes les régions de la wilaya. La plupart ont des rhinites
allergiques améliorées, alors que d’autres ont présenté des maladies associées,
l’asthme bronchique, une allergie alimentaire par phénomène d’allergie
croisée”. À la question sur les mesures à
prendre pour se prémunir contre la maladie, le spécialiste en pneumologie
recommande surtout d’éviter de se promener dans les palmeraies en période de
pollinisation.
À propos de la prévalence de la maladie,
l’interlocuteur indique : “Selon une étude clinique réalisée par le
service de pneumologie du CHU de Beni Messous il y a quelques années, quasiment 16% de la
population de Biskra sont atteints de pollinose, et la plupart des patients
présentent d’autres maladies associées, telles que la bronchite, l’allergie
alimentaire ou la rhinite allergique.” Concernant les actions de
sensibilisation aux dangers de l’allergie au pollen, le Dr Cheriet rapporte
que : “L’année
dernière, nous avons mené, à titre bénévole, une campagne de sensibilisation de
grande envergure touchant les habitants des régions de Doucen,
Djemorah et Zeribet
El-Oued, où des consultations gratuites ont été effectuées dans les structures
sanitaires locales. Nous prévoyons également de lancer une autre campagne de
même nature qui serait éventuellement programmée après la disparition de
l’épidémie de coronavirus. Lors de notre sortie, nous avons découvert de
nombreux cas de pollinose.” L’interlocuteur réitère, en conclusion, son appel à
l’évitement, qui est, selon lui, le seul moyen de se protéger contre cette pathologie
qui peut évoluer vers un asthme bronchique sévère en l’absence de mesures de
protection.