ADMINISTRTATION- CONSEIL DES MINISTRES- CM D 14/6/2020
Le Conseil des ministres a
tenu dimanche , par visioconférence, sa réunion
périodique, présidée par M. Abdelmadjid Tebboune,
Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la
Défense nationale. En voici la traduction :
"Le Conseil des ministres a tenu ce dimanche 14
juin 2020, par visioconférence, sa réunion périodique, présidée par M.
Abdelmadjid Tebboune, Président de la République,
Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale.
Le Conseil des ministres a entamé ses travaux par un
exposé donné par le Premier ministre sur l’action gouvernementale durant les
deux dernières semaines.
Le Conseil a, par la suite, débattu et approuvé les exposés successifs, dont le
premier a été celui du ministre de la Pêche et des Productions halieutiques qui
a présenté le plan d’action de son secteur et les perspectives de son
développement pour la période 2020-2024, partant d’une stratégie qui s’appuie
essentiellement sur une transformation progressive et durable, consacrant
la rupture avec le passé en matière de structure organisationnelle et
institutionnelle et de méthode de gestion du secteur, et contribuant au
renforcement de la sécurité alimentaire nationale.
La nouvelle approche repose sur la remobilisation des
moyens existants intra et extra sectoriel, en associant les partenaires publics
et privés, sur la recherche des modes de diffusion et d’amplification des
actions à partir des pôles d’excellence des filières des productions
halieutiques, en impliquant l’ensemble des acteurs concernés, et enfin sur
l’amélioration de la formation pour répondre aux besoins du secteur.
Ce programme permettra de porter le niveau des
productions halieutiques à 166.000 tonnes, de créer 30.000 nouveaux emplois, de
mettre au point un système productif halieutique construit avec des moyens et
intrants produits localement et de lancer un vaste programme de développement
de l’aquaculture marine et continentale.
Il s’agit également de renforcer la formation
qualifiante, de faciliter l’accès des investisseurs au foncier, d’assurer un
environnement économique débureaucratisé à travers la mise en place
d’écosystèmes entrepreneurials permettant un accompagnement total pour la
création de micro-entreprises et de PME et la prise en charge sociale des
marins, ainsi que le développement d’une capacité nationale de pêche au grand
large.
Intervenant au terme de cet exposé, le Président a
rappelé que la satisfaction des besoins du citoyen dans tous les domaines était
au cœur du programme du Gouvernement, d'où l'idée de créer un ministère dédié
spécialement à la pêche et aux produits halieutiques, étant un
département tout autant important que celui de l'agriculture auquel il
était rattaché auparavant.
Ainsi, le secteur de la pêche pourra véritablement
contribuer à la diversification des sources de revenu nationales en
garantissant l'autosuffisance en matière de pêche et de s'orienter vers
l'exportation, d'autant que l'Algérie possède une importante façade maritime,
qui la qualifie à l'édification d'une industrie de la pêche en sortant des
méthodes classiques suivis actuellement pour augmenter la consommation de
protéines par habitant , réduire l'importation des poissons voire même des
viandes rouges, ce qui profitera au trésor public.
A ce propos, le Président a appelé à s'affranchir des pratiques bureaucratiques
qui limitent l'ambition du secteur, à la nécessité pour les pêcheurs de
s'organiser en coopératives avec la contribution de la société civile et à
l'exploitation de la haute mer par le recours à une flotte
nationale dirigée par des cadres algériens formés par des pays leaders dans le
domaine.
De même qu'il a appelé à développer la formation
professionnelle de la main d'œuvre de façon à préserver sa continuité et son
transfert intergénérationnel.
Dans le même cadre, le Président a donné des
instructions pour la réalisation, selon le besoin, de bassins secs pour la
maintenance et pour la réduction de l'importation des pièces de rechange, avant
de charger le ministère concerné d'élaborer un programme d'action annuel dans
le cadre du
plan quinquennal proposé.
Ce plan sera vulgarisé à travers les médias pour permettre à l'opinion publique
d’être informée des efforts consentis dans ce secteur et dans l'ensemble des
départements ministériels en général.
De son côté le ministre des Finances a présenté un
exposé
sur la maîtrise des importations de services et la problématique des ports secs
dans lequel il a évoqué les raisons de l’augmentation rapide de la facture des
services, proposant une batterie de mesures pour la maîtrise
des importations de services.
L'exposé a également porté sur le traitement de la
problématique des ports secs en proposant une révision globale du système en
vigueur.
Intervenant à cet égard, le président de la République a ordonné de développer
notre flotte maritime pour être en mesure, d'ici la fin de l’année en cours, de
prendre en charge totalement le transport des marchandises, ce qui permettra de
réaliser des économies en devises, d’éviter la surfacturation et de consolider
l’économie nationale.
En matière de maintenance, le Président a ordonné que
la priorité absolue dans l’octroi des contrats de maintenance soit accordée aux
enfants de la patrie, d’autant plus que certains contrats signés avec des
parties étrangères pour de longues durées sans prévoir de transfert
technologique alors que le niveau des diplômés de nos universités s’est
amélioré.
De même qu’il a mis l’accent sur l’importance
d’intégrer l’intelligence nationale dans ce secteur et de réduire graduellement
la dépendance vis-à-vis des prestations étrangères.
Même si certains bureaux d’études locaux n'atteignent
pas le niveau international, il faudrait les soutenir et les encourager à
diversifier leurs spécialités et à s’organiser en coopératives, a-t-il ajouté.
Evoquant la question des ports secs, le président de
la République a pointé du doigt les risques que représentent certaines, dans
leur état actuel, pour la sécurité et la souveraineté nationales ainsi que pour
le Trésor public.
A cet effet, il enjoint au Gouvernement de procéder à
la fermeture immédiate des ports secs non autorisés, et de faire obligation à
ceux autorisés de se doter de scanners pour faciliter le contrôle par les
douanes.
Le président a également chargé le Gouvernement de
réorganiser ce secteur et de l’annexer aux ports nationaux en vue de garantir
le service de maintenance après-vente, la sécurité et la
souveraineté nationales, et de mettre un terme au gaspillage de la
devise.
Par la suite, le Ministre de l’Industrie et des Mines
a présenté un exposé sur l’importation des intrants et des équipements
industriels, laquelle a enregistré une augmentation record durant ces dernières
années, sans un quelconque impact positif sur la croissance du Produit national
brut.
Les importations du pays en produits industrialisés,
destinés à
l’investissement et à la consommation ont atteint, selon l’exposé, Douze (12)
milliards USD, avec une exonération permanentes et injustifiée de taxes
douanières, d'où l’impératif de réformes structurelles urgentes, dont
l’annulation de l’exonération de certaines taxes pour corriger les
dysfonctionnements, et réaliser, ainsi, une économie de quatre (4) milliards de
USD de montants transférés, en plus de 250 milliards de DA au titre des droits
du Trésor public.
Afin de réduire la facture d’importation des
carburants, du fer et de l’acier, et des matières plastiques, le ministère
s’attelle à examiner les moyens d’élaborer une base de données des matières
brutes et produits semi-industrialisés sur le marché international, d’accélérer
la relance de l’activité minière, et de dégager des espaces prêts pour
l’exploitation et l’exploration, à travers notamment des projets conjoints avec
financements étrangers.
Il a été décidé, en outre, de se passer des bureaux
d’études étrangers lorsque l’expérience locale peut répondre aux besoins, de
renforcer la coordination avec les secteurs concernés par le dossier du fret
maritime de et vers l’Algérie, et d’évacuer les opérateurs étrangers des ports
secs algériens.
Ces mesures permettront de réduire la facture d’importation à hauteur de six
(6) milliards USD.
Commentant cet exposé, M. Tebboune
a souligné la nécessité d'accélérer la mise en œuvre du plan industriel proposé
dans le cadre d'un développement national équilibré, afin que le citoyen puisse
ressentir sur le terrain un véritable début de changement en adéquation avec
ses ambitions et aspirations.
Il a en outre ordonné de prendre un certain nombre de
mesures, dont le recours à des compétences qualifiées en matière de gestion,
tout en évitant les intermédiaires dans l'importation des matières brutes, et
le parachèvement dans les plus brefs délais de l'élaboration des cahiers
de charges pour l'importation de tous les véhicules neufs, tous types
confondus, et leur publication successive.
A ce titre, le président de la République a exigé que
l'importation de ces véhicules soit en provenance du pays d'origine, avec
lequel l'Algérie partage des intérêts communs clairs et que l'importateur soit spécialisé en la matière et apporte toutes les garanties de
protection de l'économie nationale des pratiques négatives du passé.
Le Ministre de l’Agriculture et du Développement rural
a, quant à lui, présenté un exposé relatif à l’organisation juridique de
l’Office de Développement de l’Agriculture industrielle en Terres sahariennes,
conformément aux décisions du Conseil des ministres du 03 mai 2020. Il a, dans
ce cadre, mis en exergue le rôle stratégique de l’Office qui aura pour mission
de développer et promouvoir les cultures industrielles stratégiques sur les
terres sahariennes, notamment les céréales dont le mais, et les industries
sucrière et oléagineuse.
Cette démarche intervient en
exécution des engagements de Monsieur le Président de la République de réduire
la facture d’importation, et de rendre disponible les matières premières brutes
nécessaires à la production des denrées de large consommation, à travers
l’exploitation des potentialités qu’offre l’agriculture saharienne, pour
augmenter les capacités agricoles du pays et assurer la sécurité
alimentaire.
L’Office, dont le siège sera
établi au sud du pays, aura à simplifier les procédures et accompagner les
investisseurs et porteurs de projets structurants et intégrés. Il se chargera
également d’accompagner les porteurs de grands projets d’investissements
agricoles qui permettent de développer les cultures industrielles stratégiques,
destinées à remplacer les matières premières importées massivement par les
opérateurs économiques.
Au terme de cet exposé, le
président de la République a rappelé la nécessité de garder en vue l’objectif
économique national de la création de cet Office, à savoir s’affranchir le plus
tôt possible de l’importation des cultures sucrières, des oléagineuses et du
maïs pour économiser la devise, insistant sur l’impératif de déterminer les
droits et obligations des parties opérant avec l’Office de Développement de
l’Agriculture industrielle en Terres sahariennes, suivant un cahier des charges
précis.
Par la suite, le ministre
du Commerce a donné un exposé sur la situation des importations des produits
agricoles et es mesures prises par son Département pour protéger la production
agricole nationale. Il a ainsi passé en revue la structure des importations
agricoles, notamment les viandes, les fruits et légumes, le lait, le blé,
l’orge et le mais.
Le ministre a, dans ce cadre,
énuméré les mesures proposées pour protéger la production agricole, comme celle
d’élargir la liste des produits soumis au Droit Additionnel Provisoire de
Sauvegarde (DAPS), de soumettre l’activité d’importation au principe de
spécialisation et de souscription au cahier des charges, de numériser le
commerce extérieur et le fichier national des industries agricoles, et enfin de
bien analyser la structure des importations pour définir la nomenclature des
produits dont l’importation peut être réduite avec un renforcement de la lutte
contre la surfacturation, et la mise en place d'une stratégie nationale
d'exportation.
Intervenant au terme de cet
exposé, le Président a ordonné l’interdiction totale de l’importation des
produits agricoles pendant la saison de cueillette, et ce, afin de protéger la
production nationale, ainsi que le durcissement du contrôle sur les fruits
importés en vue d’éviter la surfacturation et s’assurer de la qualité pour la
préservation de la santé du citoyen.
Le Président a, en outre, insisté
sur davantage de réduction de la facture d’importation sans toutefois créer de
pénurie sur le marché et ordonné un recensement exhaustive des cheptels en
recourant à l’imagerie aérienne, afin de créer une base de données qui nous
permettra de maîtriser ces cheptels et d’assurer, ainsi, l’approvisionnement du
marché en quantités indispensables de viandes.
Pour sa part, le ministre de la
Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a présenté un exposé sur
l’évolution de la situation sanitaire nationale liées au Covid-19,
ainsi que sur les dispositions prises par la juguler.
Grâce à ces dispositions, des
indicateurs positifs ont pu être enregistrés, comme la baisse du niveau
d’occupation des lits réservés aux malades du Covid-19
en réanimation, la baisse sensible et constante du nombre de décès, et
l’augmentation des cas de rétablissement qui se situent à hauteur de 98,02
%.
Toutefois, le Comité scientifique
de suivi de l’évolution de la pandémie a recommandé la poursuite de l’application
stricte des gestes barrières afin de contenir les cas isolés, a souligné le
ministre.
Dans son intervention, le
président de la République a enjoint le ministre concerné de durcir le contrôle
sanitaire à travers le territoire national et de se déplacer, si nécessaire, en
vue de s’enquérir de la situation sur place dans le but de pallier les besoins
qui pourraient être provoqués par un manque inadmissible d’un hôpital donné, en
équipements médicaux disponibles, en quantités suffisantes au niveau de la
Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), afin de faire face à toutes les
demandes.
Le Président a également ordonné
le durcissement du contrôle dans certains hôpitaux qui seraient, selon les
médias, en surcharge et où des cas de patients non pris en charge seraient
enregistrés.
A ce propos, le Président a
instruit de mettre un avion à la disposition du ministère en vue de son
déplacement, à tout moment sur les lieux, afin de s’assurer des informations
relayées ici et là.
Avant la levée de la séance
et l’approbation de décisions individuelles relatives à la nomination dans des
postes supérieurs, le président de la République a donné des instructions pour
davantage de coordination dans l’action du Gouvernement et le contact direct
avec les citoyens, car les bonnes intentions, a-t-il souligné, ne suffisent pas
pour maintenir la confiance du citoyen, si elles ne sont pas concrètes sur le
terrain.
Réaffirmant sa position de refus
de l’endettement extérieur par souci de préserver la dignité et la souveraineté
nationale, le Président a exhorté le Gouvernement à plus de persévérance et de
rigueur dans la gestion, à réduire les importations pour préserver les réserves
de change et de tirer profit de la récession économique par laquelle passent
certains pays développées pour acquérir des usines d'occasion en bon état, à
des prix accessibles et rentables dans l’immédiat.
A noter que l’examen du dossier
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a été reporté
jusqu’à l’étude du dossier de la prochaine rentrée universitaire.