VIE POLITIQUE- DOCUMENTS
POLITIQUES- PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A.TEBBOUNE- RENCONTRE AVEC LA PRESSE
JEUDI 11/6/2020 (SYNTHESE EL MOUDJAHID 1/2)
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé vendredi
12/6 (rencontre enregistrée le jeudi 11) sur la mouture de révision de la
Constitution, lors d’une entrevue avec des médias. Le chef de l’État a indiqué
que «le débat va se poursuivre jusqu’à la fin du mois de juin», soulignant que
la présidence de la République a reçu 1.500 propositions
d’enrichissement.
Le président de la République a réitéré son engagement pour
l’enrichissement de la mouture, réaffirmant qu’elle est soumise à l’amendement,
à la révision ou à la suppression de certains passages.
À propos de la proposition d’instaurer un poste de vice-président, ayant
suscité une polémique,
M. Tebboune a assuré qu’elle est motivée par l’analyse de la situation
vécue auparavant qui était porteuse de menaces.
«Ce poste existe dans les pays démocratiques. Cela a été proposé pour
assurer, notamment la continuité de l’État», dit-il, évoquant des pays comme les
États-Unis. Le Président a tenu à préciser que «cette proposition est soumise
au débat » et a assuré que la présidence de la République va trancher les
propositions concernant l’enrichissement de la nouvelle Constitution» dans
l’intérêt de la démocratie.
«Il y a une orientation dans le monde vers
un régime semi-présidentiel.»
Le président de la République a soutenu que «tout régime politique est basé
sur l’histoire des nations. Il y a une orientation dans le monde vers un régime
semi-présidentiel et qu’il est difficile d’aller vers un régime parlementaire».
«On doit sortir du régime présidentiel», a précisé M. Tebboune, qui a tenu
à préciser que la limitation des prérogatives du président de la République est
un fait.
Il déclare que plusieurs de ses prérogatives sont transférées au Premier
ministre qui établit des décrets. S’agissant de la création du poste du chef du
gouvernement, comme stipulé dans la mouture, le président de la République a
soutenu que «ce poste est constitutionnalisé pour assurer une cohabitation»,
tout en précisant que le dernier mot revient au citoyen.
À une question sur la polémique autour du comité d’experts chargé de
l’élaboration de la mouture de la Constitution, le président de la République a
indiqué qu’il y a des niveaux de débat. «Certains ont une culture juridique, et
d’autres sont des politiciens qui n’ont pas de formation juridique. Il n’est
pas facile de lancer un débat sur la Constitution, mais j’ai pris cette
décision pour qu’il soit ouvert au public. Je m’attendais à ce genre de débats
qui reflètent la composante de la société et qui contribuent à l’édification de
l’Algérie nouvelle», a estimé le Président.
Il note que M. Ahmed Laraba est un expert international en qui il a
confiance, rappelant que c’est un fils de chahid auquel il ne peut pas adresser
de reproches.
Quant à M. Argougne, rapporteur, il est également un fils de chafid tombé
au champ d’honneur. «J’ai confiance en le comité. Ses membres sont des
nationalistes et des patriotes. Dès le début, j’ai assuré que les constantes
nationales sont intouchables et ne font l’objet d’aucun débat», a précisé le
Président.
Le chef de l’État a indiqué que la présentation de la mouture de la
Constitution a été retardée en raison de la situation sanitaire marquée par la
pandémie de Coronavirus. «Je ne pouvais pas présenter la mouture» dans ce
contexte, dit-il, ajoutant qu’il a hésité à propos du respect de l’agenda des
réformes, mais qu’«aujourd’hui, je constate l’intérêt pour le débat sur la
mouture».
Une autre proposition a fait l’objet de polémique, celle de l’intervention
de l’ANP, en dehors des frontières. À ce sujet, le président de la République a
rappelé que l’ANP avait déjà participé à six ou sept opérations de maintien de
la paix. «Aujourd’hui, on veut travailler en toute transparence dans le cadre
de la Constitution. Notre armée a le droit de participer à des opérations de
maintien de la paix, car c’est une armée de paix. Il est désolant que certaines
parties aient donné cette tournure», mentionne-t-il.
Il a tenu à souligner que cette proposition «est une avancée pour la
démocratie et le respect de la volonté populaire». Car, dit-il, «c’est le
peuple, à travers ses représentants, qui donnera son aval sur la question».
L’Algérie est membre de l’ONU est doit de ce fait revenir aux normes. «C’est
notre philosophie. Il n’y a pas de contradiction avec la Charte des Nations
unies. Au contraire, c’est un retour à la normale en conformité avec la
Constitution», a-t-il indiqué.
Il rappelle que lors de l’attaque terroriste ayant ciblé le site gazier de
Tiguentourine, il n’y a pas eu d’intervention avant que les terroristes ne
franchissent les frontières. «Ceux qui ont peur de l’Algérie, sèment le doute,
mais je pense que les Algériens sont conscients et très attachés à leur armée»,
a affirmé le Président Tebboune.
«La lutte contre la pandémie se fait sur
des bases scientifiques, et non politiques.»
Évoquant le volet de la situation sanitaire, le Président Tebboune a
soutenu que la lutte contre la pandémie se fait sur des bases «scientifiques,
et non politiques».
Il a annoncé, lors de cette entrevue, qu’il va présider aujourd’hui une
réunion avec la commission scientifique de suivi de la COVID-19, «afin de
trancher la question de la deuxième phase du déconfinement sanitaire». «Le
déconfinement total exige l’ouverture du trafic aérien, nous ne sommes pas
arrivés à ce stade. Il faut prendre des dispositions, ce n’est pas une décision
locale selon des statiques des wilayas. La cellule épidémiologie a été créée et
installée par le Premier ministre afin de détailler les statistiques et de
prendre des décisions adéquates», a-t-il souligné. Le chef de l’État a aussi
évoqué les mesures prises dans le cadre de la lutte et la prévention contre la
pandémie, notamment celles qui visent à «couper la chaîne de transmission».
M. Tebboune a rappelé qu’il a été procédé à un déconfinement partiel durant
le mois de Ramadhan. «Nous ne nous alignons sur aucun pays. Nous agissons en
fonction de l’évolution de la pandémie dans notre pays afin d’éviter que le
scénario du déconfinement partiel durant le mois de Ramadhan ne se reproduise»,
a-t-il assuré.
Sur le plan financier post-confinement, il a indiqué qu’il n’y a pas de
problèmes. «S’il faut dégager un milliard de dollars, nous sommes prêts, car la
santé du citoyen n’a pas de prix», a relevé le chef de l’État qui a insisté sur
la nécessité du respect des mesures de prévention, notamment le port du
masque.
À une question sur la généralisation des tests de dépistage, le chef de
l’État a indiqué que «nous avons 26 centres de dépistage, y compris à
Tamanrasset, alors qu’au début, il n’y avait que l’Institut Pasteur d’Alger. On
en disposera davantage et on a pris des dispositions dans ce sens».
La culture de prévention est ancrée chez le citoyen, a-t-il souligné. «Tant
qu’il n’y a pas encore de traitement contre le coronavirus, nous nous adaptons
en fonction de ce que nous apprenons tous les jours. L’objectif majeur est de
couper la chaîne de transmission et de juguler la pandémie. La solution
définitive, c’est le vaccin. Le conseil scientifique décidera du confinement ou
du déconfinement», a-t-il insisté.
M. Tebboune est revenu longuement sur le système sanitaire, tout en
assurant le maintien de la gratuité des soins sans exclure une réflexion sur
une nouvelle formule pour promouvoir le secteur privé ou sur le renforcement de
la prévention des maladies, à l’instar du cancer.
«Tous le villages sont dotés d’une salle de soins qui ont un rôle dans la
prévention et les campagnes de vaccination.
Le système sanitaire repose sur la gestion des établissements hospitaliers
et la production des médicaments», a-t-il relevé, plaidant pour un système de
santé moderne adapté aux besoins d’un pays moderne et développé.
«Nous sommes le seul pays arabe, en
Afrique et au Maghreb qui pratique des autopsies sur les personnes décédées
suite au coronavirus.»
La mise en place d’une cellule d’investigation et de suivi des enquêtes
épidémiologiques va passer du global au détail, et la commission scientifique
du suivi reçoit des statistiques de toutes les wilayas. Des précisions ne sont
pas disponibles sur tous les cas, d’où la nécessité d’enquêtes
épidémiologiques», a précisé M. Tebboune
«Nous sommes le seul pays arabe, en Afrique et au Maghreb qui pratique des
autopsies sur les personnes décédées suite au coronavirus, et cela a limité la
propagation de la pandémie», a-t-il assuré.
Le Président n’a pas manqué, lors de cette entrevue, de mettre en avant
«les mesures prises par l’Algérie avant certains autres pays. Des mesures efficaces,
à l’instar de la fermeture des crèches, des universités, des mosquées des
stades, et le contrôle au niveau des aéroports. Nous avons procédé au premier
confinement sanitaire des étudiants rapatriés de Chine et la première enquête
épidémiologique a été menée avec un ressortissant italien. Nous dispensons une
communication scientifique et transparente».
Il indique que l’Agence nationale de la sécurité sanitaire n’est pas liée à
la pandémie de la COVID-19. «Elle est composée d’experts reconnus mondialement,
parmi eux les professeurs Mesbah, Belhocine et Zerhouni, qui peuvent apporter
leur contribution en coordination avec des experts nationaux ayant des données
sur la situation locale. C’est à eux de décider l’organisation et de la
structuration», a-t-il fait savoir, tout en ajoutant que cette agence sera le
centre névralgique du système sanitaire.
À une question sur l’impact de la pandémie sur le secteur économique, le
président de la République a évoqué les conséquences vécues par certains
citoyens, notamment dans les quartiers populaires. Certains artisans, comme les
coiffeurs, les chauffeurs de taxi et les plombiers, ont été touchés, d’où la
décision de leur accorder une aide de 10.000 DA qui continuera à être versée
jusqu’à la levée du confinement. Pour les entreprises économiques, «cela exige
un contrôle effectué par les commissions du ministère des Finances, en
coordination avec les syndicats. Une entreprise économique de production ne
peut pas être en difficulté majeure en deux mois», a indiqué le Président. Il a
écarté l’amnistie fiscale, mais il s’est prononcé en faveur de l’allègement des
impôts et l’octroi de crédits avec des intérêts allégés. Le Président a
expliqué que «plusieurs entreprises économiques n’ont pas été à l’arrêt total,
d’où la nécessité du contrôle pour que l’économie nationale ne soit affectée».
«Nous disposons de mécanismes pour la prise en charge des jeunes mis au chômage
en cette période. Il y a une solidarité nationale, et nous avons les moyens
pour y faire face», a-t-il dit.
Le développement économique est accompagné par les assurances. «Il faut
gérer cette situation. Il n’y a pas eu de fermeture de toutes les entreprises,
mais plutôt une fermeture partielle. Le secteur privé n’a pas appliqué les
directives et les instructions. Le secteur privé doit prouver la libération de
50% de l’effectif. Il faut un débat transparent, pas celui qui vise la
déstabilisation et la discorde», a-t-il recommandé.
Il assure que «tous les droits citoyens sont garantis. Il ne faut pas
tomber dans le piège des ennemis de l’Algérie. L’économie nationale est
toujours debout. Pourquoi cet alarmisme ? Toutes les tentatives de
déstabilisation ont échoué et ceux à venir échoueront». Il souligne que les
plans visant l’Algérie sont voués à l’échec.
À travers ces plans, des parties ont des arrière-pensées.Elles visent la
déstabilisation du pays, en incitant à la protestation dans différents secteurs
via les réseaux sociaux, «mais, fort heureusement, les citoyens sont
conscients», dit-il.
Selon le Président, «le pays est ciblé par des forces étrangères qui
tentent de déstabiliser le pays en exploitant la conjoncture actuelle», citant,
en ce sens, la réalisation d’un reportage par une chaîne de télévision
étrangère sur l’augmentation des prix du carburant. Dans la loi de
finances complémentaires de 2020, le Président a précisé qu’il a été question
uniquement d’augmenter les prix des produits énergétiques.
Et de s’interroger : «Pourquoi ne pas évoquer les décisions positives ?
Nous avons augmenté le pouvoir d’achat du citoyen et les salaires pour la
première fois depuis 10 ans. L’étude élaborée par le ministère des Finances a
relevé que l’augmentation des prix du carburant est insignifiante.»
En réponse à une question sur les protestations sociales, M. Tebboune a
souligné que le gouvernement n’est installé que depuis cinq mois, et qu’il faut
lui accorder le temps nécessaire pour faire ses preuves, tout en ajoutant que
«le développement économique est basé sur des réformes structurelles profondes
et non conjoncturelles».
Le Président a rappelé ses engagements, lors de la campagne électorale et
lors de son discours d’investiture. «Je suis le premier à parler des zones
d’ombre. La présidence a diffusé pour la première fois un documentaire sur ces
zones. 15.000 régions d’ombre ont été recensées, et le développement est
graduel et progressif», a-t-il dit.
«Le pays veut sortir de la crise. On construit notre économie», a-t-il
affirmé, ajoutant que durant cette crise sanitaire, beaucoup de décisions ont
été prises en attendant que l’économie se libère définitivement de la
dépendance des hydrocarbures.
Le Président a salué les agriculteurs ayant réalisé une production de 25
milliards de dollars. Pendant une certaine période, «on n’a rien importé et on
a maîtrise les prix», a-t-il expliqué.
«L’Algérie est le seul pays qui peut
réunir toutes les parties libyennes.»
Concernant la crise libyenne, le président de la République a réitéré la
position de l’Algérie en faveur d’une solution pacifique, à travers un dialogue
interlibyen inclusif et le rejet de toute ingérence militaire étrangère. «Nous
sommes à équidistance avec les parties en conflits. Notre message au peuple
libyen est le suivant : Soyez Libyens et pas des gens qui mènent une guerre par
procuration. Il faut aller aux négociations et au dialogue. L’Algérie est le
pays le mieux placé pour aider à instaurer la paix en Libye. Nous veillons à la
protection de nos frontières et à mettre terme à l’effusion du sang libyen»,
a-t-il dit.
M. Tebboune a rappelé qu’il avait déjà mis en garde contre le scénario
syrien en Libye. «Si la crise persiste, on risque d’aller vers le
scénario soudanais», a-t-il averti. Le chef de l’État a affirmé en outre que
l’Algérie ne va jamais s’impliquer militairement en Libye. «Toutes les parties
ont exprimé leur confiance en l’initiative algérienne. Notre souci majeur est
de mettre un terme à l’effusion du sang. Tous les participants à la rencontre
de Berlin ont signé l’accord, mais après un mois, un pays a envoyé des armes.
Nous sommes pour la paix et la stabilité de ce pays quelle que soit l’origine
de l’initiative, et la médiation de l’Algérie est saluée par les grandes
puissances», a-t-il ajouté.
«L’Algérie est le seul pays qui peut réunir toutes les parties libyennes.
Serraj et Haftar ont exprimé leur volonté d’adhérer à la médiation algérienne.
Tout ce que nous voulons, c’est arrêter les combats», a-t-il souligné.
À une question sur les entretiens récents avec le Président français,
Emmanuel Macron, et les ambassadeurs des États-Unis et d’Allemagne, M. Tebboune
a répondu qu’il existe des dénominateurs communs avec ces pays. «Avec le
Président Macron, il y a une entente presque parfaite, je n’ai aucun problème
avec lui. Il avait dénoncé le colonialisme français, et cela est tout à son honneur.
Nous enregistrons 34 vols quotidiens vers la France, on doit protéger notre
communauté établie en France», mentionne-t-il.
Néanmoins, le chef de l’État fait remarquer que «des lobbies cherchent à
attiser les tensions entre les deux pays». Il indique, par ailleurs, que «nous
avons des relations denses et historiques avec l’Allemagne et les États-Unis».
En s’adressant aux journalistes, le président de la République a lancé : «Vous
êtes des vecteurs nécessaires de l’information. Lorsque le vecteur est honnête,
le message est bien véhiculé. Nous sommes un État transparent. Je n’ai pas de
préjugés. Mon souci de tout temps, c’est le peuple, et notamment la classe
moyenne et les couches défavorisées.»