CULTURE- ETUDES
ET ANALYSES- LIBERTES RELIGIEUSES- RAPPORT ANNUEL DEPARTEMENT D’ETAT US 2020
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Synthèse Liberté/Ali Boukhlef, samedi 13/6/2020
Pour les
Américains, les dépassements enregistrés ne se limitent pas à la fermeture
d’églises ou de lieux de culte. Le rapport cite des cas de poursuites
pénales ou de condamnations pour
“prosélytisme non religieux”.
Dans son rapport annuel portant sur les
libertés religieuses dans le monde, le Département d’Étataméricain
dresse un tableau en demi-teinte concernant l’Algérie. Il souligne des atteintes
à la liberté du culte et reconnaît, en même temps, une certaine tolérance
envers les partisans des autres religions ou rites. Dans un rapport portant sur
la situation des libertés religieuses en Algérie durant l’année 2019, le
Département d’État américain rappelle en effet des informations souvent
véhiculées par les médias.
On apprendra ainsi que “la police a
fermé l'église protestante du Plein évangile à Tizi Ouzou” et que, suivant des médias que l’institution
américaine ne cite pas, “la police a frappé le pasteur Salah Chalah”, le chef de l’Église protestante d’Algérie
(EPA). “Selon des ONG, le 17 octobre, la police a
arrêté 17 chrétiens devant le gouvernorat de Tizi
Ouzou, où ils avaient organisé un sit-in pacifique
pour protester contre la fermeture de l'église”, note encore le document.
En plus de ce cas précis, le rapport du
Département d’État a énuméré d’autres atteintes aux libertés religieuses.
Ainsi, on y lit que le gouvernement algérien “a fermé neuf églises” en 2019,
contre “huit entre novembre 2017 et décembre 2018”. Cela s’ajoute à la
fermeture d’une bibliothèque chrétienne durant la même période. “Les médias ont
signalé que huit fermetures d'églises affiliées à l'EPA ont eu lieu en
septembre et octobre.
À la fin de l’année, 14 églises
affiliées à l’EPA (…) étaient toujours fermées”, ajoute le texte qui ne porte
aucun jugement sur ces décisions du gouvernement. Il donne par contre la
version des autorités algériennes qui ont justifié ces fermetures par le
non-respect de la réglementation. Pour les Américains, les dépassements
enregistrés ne se limitaient pas à la fermeture d’églises ou de lieux de culte.
Le rapport cite des cas de poursuites
pénales ou des condamnations pour “prosélytisme non religieux”. “Les autorités
ont continué à arrêter, emprisonner et infliger des amendes à plusieurs
chrétiens accusés de prosélytisme par des non-musulmans (…)”, note le rapport
qui cite l’histoire d’un “chrétien anonyme” à qui le tribunal d’Akbou (Béjaïa) a infligé une
amende de 50 000 DA pour “prosélytisme”.
Il soulève également
des contraintes administratives que rencontrent
certaines associations non musulmanes. Les informations rapportées par le
document américain ne se limitent cependant pas à des atteintes touchant les
chrétiens. D’autres tendances, rites religieux ou doctrines sont
également concernées.
Ainsi, le document relie, par exemple,
la mort en mai 2019 à la prison de Blida de Kamel-Eddine Fekhar
à sa défense des Ibadites. “Le 28 mai, Kamel Eddine Fekhar,
éminent militant mozabite des musulmans ibadites, est décédé des suites d'une
grève de la faim de près de 60 jours.
Il était en détention provisoire depuis
son arrestation le 31 mars pour ‘incitation à la haine raciale’ pour une
publication sur Facebook dans laquelle il accusait
des responsables locaux de Ghardaïa de pratiques discriminatoires, telles que
des arrestations fréquentes, des interrogatoires et des peines sévères à
l'encontre des musulmans ibadites”, note le texte.
Il est rapporté également que des médias
“ont parfois critiqué l'islam ahmadi et l'islam
chiite comme des ‘sectes’ ou des ‘déviations’ de l'islam ou comme
‘étrangères’”. “Des journaux privés, (…) ont qualifié les Ahmadis
de ‘sectes’ de l'islam dans leurs reportages en juin et juillet,
respectivement”, écrit le document. Le rapport américain, qui énumère les
principales dispositions légales qui régissent l’exercice des cultes, note par
ailleurs des points positifs.
Ainsi, on apprend que le
gouvernement algérien a “accordé des permis pour l'importation de textes
religieux catholiques au cours de l'année, y compris de la
littérature catholique et des bibles”.
L'EPA a également “reçu une autorisation
d'importation pour une commande de bibles
et de littérature religieuse passée en 2017.
Sur 10 000 livres, l'EPA a reçu 2 000
bibles et 2 600 exemplaires du Nouveau Testament. Les deux comprenaient des
versions en français, arabe, anglais et tamazight. Selon l'EPA, elle n'avait
pas reçu de détails sur les autres livres commandés”, note le document qui
précise également que dans “beaucoup de cas”, des officiers de
l’état civil ne demandent “plus la reconversion à l’Islam” pour les
conjoints non-musulmans de femmes algériennes.