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Bande dessinée- M'quidech

Date de création: 10-06-2020 11:14
Dernière mise à jour: 10-06-2020 11:14
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CULTURE- EDITION- BANDE DESSINEE- M’QUIDECH

 

© El Watan/Lazhari Labter, samedi 6 juin 2020

Dans cet entretien accordé à El Watan (Nadir Iddir) , Lazhari Labter, journaliste, éditeur et auteur prolifique (essais, poésie, etc.) revient sur l’histoire magnifique d’une revue pionnière de bande dessinée M’Quidèch.

« Réunie à l’initiative de feu Abderrahmane Madoui, éditeur à la SNED, l’équipe «qui comptait une vingtaine de dessinateurs qui a réalisé numéro après numéro, et porté à bout de bras et à coups de cœur, bon an mal an la première revue de bande dessinée algérienne de fin 1969 à 1974». Il explique que les raisons de la cessation de la publication «sont multiples mais on peut dire que c’est parce qu’elle commençait à déranger les tenants de la pensée unique»…………………………………………………………….Avec M’Quidèch, une revue, sune équipe, une école, je voulais revenir avec plus de développements que dans le «Panorama» sur cette histoire, en focalisant sur cette revue mythique et historique sans équivalent à ce jour, qui a été d’un apport considérable dans le développement de la bande dessinée algérienne et qui marque pour moi la naissance du 9e art dans notre pays. `
-Le premier numéro de M’Quidèch parait en février 1969. Qui sont-ils ces quelques «adultes restés enfants et des adolescents qui en voulaient» dont vous parlez et qui sont à l’origine de cette revue ?

Ils étaient cinq réunis à l’initiative de feu Abderrahmane Madoui, le directeur du département édition de l’ex-Société nationale d’édition et de diffusion : feu Mohamed Aram, feu Mohamed Bouslah, Ahmed Haroun, Menouar Merabtène plus connu sous le nom de Slim et Mohamed Mazari dit Maz. Un noyau de vétérans autour duquel se sont agrégés peu à peu les «jeunes loups», comme je les appelle, Mahfoud Aïder, Bachir Aït Hamoudi, feu Mansour Amouri, Redouane Assari, Fawzi Baghdadli, Saïd Ferhat, feu Brahim Guerroui, Ahmed Hebrih, Mohamed Karaoui, feu Sid Ali Melouah, Djamel Oulmane, Ali Rahmoune, Abdelhalim Riad, Rachid Taïbi, Mustapha Tenani, Mohamed Tidadini et Slimane Zeghidour. C’est cette équipe qui comptait une vingtaine de dessinateurs qui a réalisé, numérso après numéro, et porté à bout de bras et à coups de cœur, bon an mal an, la première revue de bande dessinée algérienne de fin 1969 à 1974.
Sans oublier les scénaristes et notamment Lamine Merbah, Amazit Boukhalfa et Henrique Abranches.

-Qui était M’Quidèch ? Et qui l’a croqué en premier parmi les bédéistes regroupés autour de Abderrahmane Madoui ?

M’Quidèch, dont la revue porte le nom, est un personnage de contes du patrimoine populaire algérien sur lequel Mouloud Feraoun avait écrit et qui apparaît dans les années quarante sous forme de personnage de bande dessinée pour la première fois dans Le Coin des enfants du quotidien Liberté (organe central du Parti communiste algérien), dans Aventures de Quico et M’Qidech dessinées par un certain Sam. Avec Quico, présenté comme Algérien mais dont le nom sonne «pied-noir», M’Qidech s’oppose aux menées des gros colons en les ridiculisant. Il faut attendre 1969 pour le voir réapparaître dans la première revue de bande dessinée algérienne qui porte son nom sous la plume du dessinateur Ahmed Haroun. Après le départ de Haroun, le personnage de M’Quidèch sera repris en 1970 par Slimane Zeghidour et à sa suite par Ali Rahmoune. Le nom de la revue a été donné par feu Abderrahmane Madoui.

-La revue a cessé de paraître en 1974 au 31e numéro. Pourquoi ? La censure a-t-elle freiné l’élan de ceux qui ont rendu possible cette belle aventure ?

Les raisons sont multiples mais on peut dire que c’est parce qu’elle commençait à déranger les tenants de la pensée unique et les promoteurs de la politique d’arabisation, une arabisation démagogique, irréfléchie et très mal conduite qui a eu des effets négatifs sur plusieurs secteurs, notamment de l’éducation nationale, de la culture et des médias, ……………………….

-Pourquoi n’avons-nous pas pu relancer usne revue d’une telle facture ?

Depuis la disparition de la revue M’Quidèch, il y a eu plusieurs tentatives de lancement de revues à commencer par la reparution de M’Quidèch entièrement arabisée en 1978, qui a cessé de paraître au début des années quatre-vingts fautes de lecteurs et de mésentente entre les dessinateurs et ses responsables, et beaucoup d’autres, mais aucune n’a abouti. Les raisons sont diverses. Le traumatisme subi par l’équipe suite à l’arrêt brutal de la revue y est certainement pour quelque chose. Le cœur n’y était plus, puis il y a eu la crise économique du milieu des années quatre-vingts aggravées par les événements d’Octobre 88 et la décennie noire…..