CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
YASMINA KHADRA- « L’ÉCRIVAIN….. »
L’Écrivain. Une enfance algérienne. Roman (-
Mémoires) de Yasmina Khadra. Editions Julliard
(Pocket), Paris 2001, 2010 et 2016 , 286 pages, 550 dinars.
On ne connaît (très) bien un écrivain (rommancier,
essayiste, poète...) et son œuvre qu’après avoir (très) bien connu son
parcours, et tout particulièrement tout ce qui lui a permis de grandir, de se
développer puis de « créer ». Ou tout ce qui a contecarré
son évolution . La période de l’enfance et
celle de la prime jeunesse sont ,
peut-être, les plus riches....en
informations.
Donc, on ne peut saisir le style et le caractère de Yasmina Khadra qu’en connaissant ce que fut l’enfant et le jeune Moulessehoul Mohammed.
Adoré de son père (un officier de l’Anp) et l’adorant, ayant un eenfance
presque heureuse à Oran,au
sein d’une famille heureuse bien que pas très unie (le père est un coureur de
jupons) , il est « jeté » dans une des premières écioles
des Cadets de la révolution, celle de Tlemcen (avec pour commandant de lécole le capitaine Abbas Gheziael).
Une école où les gamins (fils de chouhada, fils de
militaires ou de très proches de militaires)
sont, au nom de la Révolution, élevés « à la dure » au rythme
d’une véritable caserne, au départ avec des moyens comptés (« Une vie
insipide, plus proche de l’élevage que de l’éducation ;l’apprentissage
par excellence du renoncement » ) .Les rapports avec le père se
distendent, d’autant qu’il ne cache plus ses (re-)mariages.
Après Tlemcen, et après la réussite à l’examen de sixième, c’est le départ
pour l’école de Koléa (« Matricule 129 »)
...qui prépare au bac et à la carrière d’officier. Ce qui restait de bons rapports avec le père s’envolent (tout en
préservant le minimum de respect dû au géniteur....et à la hiérarchie) avec un
autre (re-) mariage et le divorce avec la mère et pis
encore l’expulsion (par le père) de la villa alors occupée par la famille. Une
vie difficile s’annonce pour la famille abandonnée.
Heureusement, il y a les copains des écoles (il y a ,
d’ailleurs, aujourd’hui encore chez les anciens , un véritable esprit « cadets de la
Révolution » , à l’image des Enarques à un autre niveau) . Heureusement ,
il y des enseignants (Algériens et/ou étrangers) compréhensifs et formateurs, sachant
découvrir les intelligences et éveiller les esprits....à autre chose que la
discipline militaire.Grâce à eux (amis , comme Ghalmi, et enseignants, comme Mme Jarosz),
et à la lecture des classiques de la littérature universelle et nationale (ce
qui était disponible !) le sens littéraire du jeune Mohammed,
« l’émotif, l’écorché vif , immédiatement interpellé par les sujets
tristes ») va exploser
(« premier texte en prose récompensé en 1966 »)...ce qui ne plaît pas
tant à certains « supérieurs » trouvant toujours « anguille sous
roche » chez celui qui pense, allant parfois jusqu’à réprimer sévèrement
et injustement .
Heureusement, il a rencontré (quel hasard ?) ....à la caserne,
Slimane Benaïssa qui montrait une pièce avec et pour
les militaires......et , devinez, Houari Bouymediène (quel hasard ?) , en visite anonyme à Koléa . Il l’avait encouragé à continuer à écrire
(« Un poète parmi nous, n’est-ce pas merveilleux ? »)
...Et, il a croisé...Said Makhloufi
(du Fis-dissous) . Après la réussite au
bac....Mais c’est ,ici,
une toute autre histoire
L’Auteur : Né en
janvier 1955 à Kenadsa, élève de l’Ecole des
cadets de la Révolution, ancien officier
de l’Armée nationale populaire, Yasmina Khadra , de
son vrai nom Moulessehoul Mohammed, est , aujourd’hui
, un écrivain très connu . Lu dans de dizaines de pays ,
il est traduit en plusieurs langues. Il a , à son
actif plus d’une trentaine d’œuvres dont deux sont autobiographiques
(« L’Ecrivain » en 2001 , « L’imposture des mots » en
2002) . La plupart sont des romans dont certains ont été adaptés au cinéma
comme « Morituri »,
« L’Attentat », « Ce que
le jour doit à la nuit » et
« Les hirondelles de Kaboul » et au théâtre et même en bandes dessinées.........ceci sans
parler des ouvrages (dont des romans policiers) publiés sous pseudonyme au
milieu des années 80 et au tout début des années 90, inventant même un personnage fameux, celui du du Commissaire Llob (« Le
Dingue au bistouri » et « La foire aux Enfoirés ») . A noter
qu’il a co-signé, aussi, des scénarii de
films.....qu’il a été un certain temps directeur du Centre culturel algérien à
Paris......et qu’il a même tenté une courte « aventure »
politique lors des dernières présidentielles!
Extrait : « Aucune
force ne peut retenir un enfant qui court retrouver sa famille. Surtout
lorsqu’il sait que les retrouvailles ne durent que l’espace d’une
accolade » (p 45)
Avis :Présenté à titre exceptionnel....Avant de lire Yasmina Khadra , lisez cet ouvrage....pour mieux comprendre sa
« mégalomanie » , son caractère difficiel
(il assume) mais aussi son humanité et
son humanisme et .....ses « déchirements » internes
, tous expliqués. Vous allez, aussi ,
enrichir votre français....et pour les
apprentis écrivains, trouver , peut-être, la formule
Citations : « Croire
en quelque chose, c’est d’abord et surtout ne jamais renocver »
(p 128), « Si la cupidité durcit le cœur, la famine le fossilise » (p
2016) , « Dansl’institution
militaire, ce qui n’est pas à l’ordre du jour est désordre, donc à réprimer
impérativement « (p 234), « L’armée, chez nous ou ailleurs, est le
cimetière des arts et des lettres. On ne peut pas écrire avec l’épée de
Damoclès suspendue sur la nuque » (p 272)