HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN H ‘MIDA AYACHI- « DÉDALES….. »
Dédales. La nuit de la grande discorde. Roman de H’mida Ayachi(traduit de l’arabe par Lotfi Nia. Editions en arabe en 2000) . Editions Barzakh, Alger 2016, 270 pages, 950 dinars.
Une livre qui commence fort, très fort avec la description –plus que réaliste
, l’horreur dégoulinant des pages, chaque ligne étant une arme de destruction
individuelle - d’un massacre de plusieurs dizaines de
villageois par une horde de terroristes islamistes sanguinaires , menée par une
affreux bonhomme boîteux de la région (du village
voisin) monté sur un bel alezan : Abou Yazid, 25
ans à peine.....comme l’Abou Yazid al-Nikari décrit par Ibn al-Athir,
dit « l’homme à l’âne alezan » qui, à 25 ans à peine, en l’an de
grâce 333 de l’Hégire, massacra les Kutama, puis les
Fatimides........jusqu’à sa défaite et sa capture par Al –Mansour.
C’est donc dans les dédales de la mort brutale que nous entraîne l’auteur.
Plusieurs dédales : Le dédale du malheur (les massacres « à la
chaîne »/ Le dédale de la blessure (Vies et mort de journalistes) /Le
dédale de la poussière (Discours démocratique et réalités du
« pouvoir »/ Le dédale du dédale (Vie et masacres
maquisards) / Le dédale des cauchemars (Le cauchemar continue) .....chacun d’entre-eux partant d’une haine
des « autres » et finissant dans des carnages inexplicables.
« La, mort dans ce qu’elle a de plus nue, dépouillée, frappant à toutes
les portes.....rugissant, écumant, grognant, aboyant, montrant les crocs.
L’apocalypse, de chair et de sang, gueule béante.....d’où se déversent toutes
les foudres du ciel »
L’Auteur : Journaliste,
auteur et acteur de théâtre, admirateur de Kateb Yacine, né en 1958 à Sidi Bel Abbès, diplômé en
sciences politiques. A fondé et dirigé le quotidien (en arabe puis aussi en francças,
Djazair News, qui ne paraît plus) , actuellement, entre autres, éditorialiste-chroniqueur
dans El Hayate, un quotidien arabophone
Pour sa part, Lotfi Nia , né à Alger en 1978, est
traducteur de l’arabe vers le français et il déjà traduit plusieurs auteurs.La traduction- a .d.m.i.r.a.b.l.e
- de cet ouvrage lui apris
près de derux années .
Extraits : « La fitna est un
incendie auquel personne n’échappe, nulle part dans ce pays on ne saurait se
mettre à l’abri. Le chaos est un danger mortel qui avance comme une troupe de
goules déchaînées » (p15), « Quand le travail de la mort relève
d’actions préméditées violemment imposées à autrui et à la nature, alors on
peut dire qu’on force la mort à aller au-delà d’elle-même, et elle devient un
monstre, la sur-mort est une offense envers la mort elle-même » (p 54)
Avis : Prose, poésie,
écriture de théâtre, références littéraires, références religieuses, références
historiques, analyses politiques....un mélange prenant ,
poignant, qui fait voyager dans le temps et l’espace , et.......cultive. De
plus une maquette superbement arrangée (la « patte » de Ammar
Bouras) et une impression maitrîsée.A lire absolument .Sang et violence
garantie !
Citations : « On
arrivera à dépasser la civilisation du sang quand on arrêtera de la refouler
dans l’oubli.....c’est de l’oubli que se nourrit la cilisation
du sang » (p 24), « Le rai féminin est cri, crudité, condamnation,
aveu, apreté, déballage, démence, ascension au-delà
d’en deçà » (Bekhti Benaouda,
cité p 94), « (Pour les islamistes fondamentalistes), le premier champ de
bataille , c’est le discours « (p 147),
« Dans ce pays (l’Algérie), le journaliste est devenu une sorte de
victime plurielle. Il est victime de lui-même, victime de calculs erronés,
victime d’illusions et de contre-vérités, victime des dérives de l’histoire,
victime du pouvoir et de la société « (p 163), « Nous les Arabes, on
est les champions de la corruption. On est aussi doués dans la pratique de la
corruption que dans sa condamnation » (p 206)