CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
NADJIB STAMBOULI – « LE COMÉDIEN »
Le comédien. Roman de Nadjib Stambouli. Casbah Editions , Alger 2016, 181
pages, 800 dinars
On nous dit qu’au départ, le roman
avait un autre titre, « Monsieur pluriel ». Pas attrcatif
pour un soutien bien qu’il allait « comme un gant » à l’histoire.
L’histoire ? Quelle histoire ! Simple en apparence mais
, au fond, bien compliquée. L’auteur, journaliste confirmé et
observateur initié de la scène culturelle .....algéroise
en général et théâtrale en particulier mais aussi, passé par d’autres
rubriques, de la scène sociale nationale. Il raconte la vie d’un comédien , Hamid Maroufa mais
Farid Foussi pour la scène, pris dans une
valse-hésitation douce-amère entre réalité et fiction. Côté cour, la vraie vie quotidienne- pas très difficile
- de Hamid ,
entre scène,tournées , copains (des « intellectrifiés ») ..et Rosa, une journaliste critique
culturelle ,
son aimante bien-aimée.Côté
jardin, Farid qui , peu à peu , réussit, en douceur mais en profondeur, à
imprimer sa force à l’autre, le citoyen, l’écartelant entre mensonges, délires
et chimères. Une double vie dans laquelle « il se sent très à l’aise ». Il passe son
temps à (se) mentir , tout en pensant sincèrement
qu’il dit la vérité. C’est ce qu’il ressent qui est le plus important pour lui.
Heureusement que Rosa est là qui, fine mouche ou psychologue s’ignorant,
découvre les failles de plus en plus béantes et diagnostique le mal. Avec une
couple d’amis (encore des journalistes !), elle va tout faire pour arracher son amis au vertige
affolant de sa paranoïa. Il sera sacré meilleur acteur de l’année.....Il sera
guéri. Mais, mais quel parcours du combattant, fait de bureaucratie et , aussi (on n’y
coupe pas !), de harcèlement sexuel....administratif. On aura tout
vu !
Certes , c’est l’histoire d’un comédien en proie au syndrome de la
« bouffée délirante »....mais c’est, tout aussi bien, l’histoire
d’une bonne partie du pays , partagé, écartelé, consciemment ou non, entre une vie fantasmée faite de héros (qui
ont vaincu une puissance mondiale)et une vie réelle banale (liée au prix du baril
de pétrole) .
L’Auteur : Né en 1953.
Nadjib Stambouli est parti
faire du journalisme ...après des études en sciences économiques. Editorialiste
–Chroniqueur , Directeur de rédaction dans des hebdomadaires
et des quotidiens (Algérie Actualités, Ruptures, l’Hebdo Libéré, Les Débats et
le Jour d’Algérie ) . Déjà deux ouvrages dont un recueil de chroniques en 2004
(Marsa Editions), « Impacts » et un
second présenté dans Médiatic
(3 décembre 2015) , « Ma piste aux
étoiles », Casbah Editions .
Extraits : « Un
artiste qui n’est pas inventif ferait mieux de changer de vocation » (p
86), « Il ya de grands comédiens , avec un
immense talent, qui se suffisent de leur rôle , qui est de composer des rôles.
Ils s’y consacrent pleinement et se concentrent sur leur métier dont ils
maîtrisent tous les volets.....Moi, j’appartiens à l’autre catégorie, pour
laquelle le théâtre est un tout, donc on se mêle de tout et on s’implique dans
tout, y compris dans l’écriture » (p 90)
Avis : Peut se lire
d’un seul trait. Comédiens Algériens, attention, ne vous immergez pas trop.
Risque de contagion.
Citations : « La
vraie beauté n’a d’autre gloriole à titrer d’une splendeur , quand le regard de
l’être aimé suffit comme complément » (p 13), « Une femme est
toujours plus intéressée par l’ex, par l’amoureuse d’hier que par l’éventuelle
maîtresse d’aujourd’hui » (p 20) , « Le baiser est le seul élément
dans la vie qu’on reçoit lorsqu’on le donne » (p 72), « Le vrai luxe
n’est pas synonyme d’avoir beaucoup d’argent, mais de ne pas éprouver le besoin
d’en parler » (p 85), « On a beau être excellent copieur dans les
examens, on n’en est pas moins piètre plagiaire en matière de sentiments »
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