HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
MEMOIRES SAAD DAHLAB- « POUR L’INDEPENDANCE DE L’ALGERIE…. »
Pour l’indépendance de l’Algérie. Mission
accomplie. Mémoires de
Saad Dahlab. Editions Dahlab,
Alger 2010 (4ème édition/ 1ère édition en 1989) ,
347 pages, ???? dinars.
Toujours bon et grand diplomate que notre auteur. Il se disait
, en préface, conscient qu’il n’allait rien apporté de nouveau sur
le Fln et la guerre d’Algérie tant il y
avait de livres déjà écrits sur le sujet ....Mais, il lui semblait que
beaucoup de choses n’ont pas été dites ou écrites sur le rôle du Gouvernemeent provisoire
. Il avait même remarqué que bien des jeunes ne savaient même pas ce
qu’a été le Gpra. Il ne se trompait pas , hélas, puisqu’aujourd’hui encore, malgré
les centaines d’autres érits (livres et presse) ,
c’est un pan encore quasi-totalement ignoré, tout comme, d’ailleurs, l’Exécutif
provisoire......la large opinion ayant été
déformée (par les discours et à l’école) par l’ « Histoire-propagande »
qui a fait des siennes quand ce ne sont pas des ravages,et cultivant , parallèlement à l’histoire
apologétique habituelle, l’évitement, l’oubli ou la déformation.
L’auteur s’attache donc à présenter le Gpra (dont
il fit partie en tant que haut-fonctionnaire avec M’hamed
Yazid lors du « 1er Gpra », puis avec Krim Belkacem lors du « 2è Gpra », mais
aussi en tant que ministre des AE lors du « 3è Gpra » ) depuis sa naissance .....jusqu’au 3 juillet 1962
(date réelle de la proclamation de l’indépendance et de l’ « abandon
du terrain » à ....Ben Bella et Boumediène...qui
avaient d’autres « armes » ). Il assure
qu’il ne risque pas de « commettre trop d’erreurs ».
Trois grandes parties :
L’organisation de la lutte popur l’indépendance (Congrès
de la Soummam, premier Cce, deuxième Cce) / La formation du Gouvernement provisoire de la
République algérienne / La crise du Fln et les responsabilités (juillet 1962)
...et , en plus, des textes de référence.... et des
photos .
Quelques révélations : « Nous apprendrons seulement
après le cessez-le-feu que le Mna en question (celui
proposé par les négociateurs français en mars 1961 à Evian) n’était autre que
le Front de l’action pour l’Algérie démocratique, le Faad,
c’est-à-dire l’organisation créée par le Sdece, et
qui se déclarait d’obédience messaliste » (p 139) / Lors de la réunion du
Cnra en date du 22 février 1962, « ne s’étaient
opposés aux Accords d’Evian (cessez-le –feu) que Boumediène,
Kaid Ahmed et Mendjli,
membres de l’Etat-major et un certain commandant Nacer
de la wilaya V qui s’était joint à eux et qui ne cessait de sourire sans
raisons en s’excusant presque de prendre position » (pp 168 - 169) /
Mohamed Laghzaoui , alors directeur genéral de la
Sûreté marocaine était nommé « ambassadeur de Sa Majesté auprès de Ben
Bella (emprisonné à Aunoy) ». Le roi Hassan II
ne s’en cachait pas. Il reconnaisait toujours le Gpra et ne lui faisait aucune difficulté mais le Gpra ne savait rien de ce qui se passait entre Ben Bella et
Mohamed Laghzaoui » (pp190 - 191)
L’Auteur : Né en avril 1918,
décédé en décembre 2000. Militant de l’Etoile Nord-africaine.... études
secondaires à Blida....emprisonné à Bossuet et à Barberousse après les
manifestations d’avril 1945 à Ksar Chellala ,
membre du CC du PPA/MTLD, puis du FLN dès novembre 54. Membre du CNRA et du
CCE, plusieurs fonctions au sein du GPRA (dont ministre des AE) . Participe aux négociations d’Evian ....
Extraits : « Notre
seul ennemi était le colonialisme français, nous ne l’attaquâmes que chez nous,
là où il n’avait aucun droit d’y être » (p35), « Abane
était plus coléreux que nous tous. Krim plus sensible
aux bienséances . Ben M’hidi
parfois très chatouilleux sur son amour propre. Ben Khedda
et moi décidés à faire oublier que nous avons été grands responsables du Mtld.
Tous, nous avions , je crois, le sens de l’intérêt
supérieur de la Révolution et de l’Algérie » (p 57),
Avis : Ouvrage de
base pour qui veut (tout) savoir sur le Gpra et
surtout comprendre les relations
humaines entre dirigeants de la guerre de libération nationale. Très (trop ?) consensuel ?Après tout, Saad Dahlab a été un
grand diplomate.
Citations : « Il est évident
que si nous n’avions pas bougé, si nous n’avions pas pris les armes, si nous
n’avions pas consenti d’immenses sacrifices, l’Algérie serait encore
aujourd’hui française » (p 29), « Seul le démon du pouvoir personnel
en retint à l’écart celui qui aurait dû être le premier, Messali
Hadj . Le même démon allait ronger
, pendant six ans, Ben Bella...» (p 46) ,
« Les hommes ont la mémoire courte. Les mythes sont difficiles à détruire
et les légendes indéracinables. Ceux de Ben Bella seront encore plus dures à
supprimer parce que nous avons été les premiers à les nourrir autant par notre
propagande pendant la guerre de libération pour les besoins de la cause, que
par notre silence et notre indiférence durant la
crise du Fln, en 1962 » (p 180) , « Les pouvoirs publics ont beau
multiplier les promesses, garantir l’avenir, les gens manquent de foi. Ils ne
croient plus en rien. Ils semblent toujours être à la veille d’un
changement » (p 219), « Les causes de notre situation actuelle
doivent être cherchées au départ même de notre indépendance. L’indépendance
acquise, nous avons continué sur notre lancée, ou plutôt nous n’avons rien imaginé
de neuf » (p 221).